Arrière-petit-fils du Grand Condé (Paris 1621-Fontainebleau 1686), fils aîné de Louis-Henri de Bourbon, prince de Condé et de Louise-Françoise, fille de Louis XIV légitimée de France, Louis-Henri, prince de Condé, duc de Bourbon, d’Enghien, de Guise, dit Monsieur le Duc, voit le jour à Versailles le 18 août 1692. Reçu chevalier dans l’ordre du Saint-Esprit le 1er janvier 1709, il participe à la campagne des Flandres en 1710 puis, sert sous le commandement du maréchal de Villars en 1711 (cf. cat. n° 57). Participant au siège de Landau, il occupe les fonctions de Maréchal de camp à la bataille de Fribourg en 1713. Pair de France, grand maître des mines et minières du royaume, gouverneur de Bourgogne, il est nommé chef du Conseil de Régence à la mort de Louis XIV. En 1718, la surintendance de l’éducation de Louis XV lui est accordée et il est nommé lieutenant général des armées du roi ¹ . A la mort du Régent en 1723, il devient Premier ministre et le reste jusqu’en 1726. En effet, en juin de cette même année, il est remercié par le roi qui le remplace par le futur Cardinal de Fleury (cf. cat. n° 125/ IV ) et lui intime l’ordre de se retirer à Chantilly. Ses amis sont également exilés. Ces décisions ont réjoui toutes les classes de la société car la personnalité du prince ainsi que sa cour n’étaient guère appréciées et les pluies diluviennes de l’été 1725 ayant anéanti les récoltes, le pain s’était mis à manquer ce qui avait attisé le mécontentement des populations ² . Il avait épousé en premières noces Marie Anne de Bourbon fille de François-Louis de Conti (voir numéro suivant) et en secondes noces, en 1728, Charlotte de Hesse-Rinfels. De cette union, était né un fils Louis-Joseph ³ . Le Grand Condé puis son fils étaient communément appelés « Monsieur le Prince », puis Louis III et son fils Louis Henri furent nommés « Monsieur le Duc ⁴  ». Il meurt le 27 janvier 1740 au château de Chantilly, âgé de quarante-huit ans.

Le peintre de portrait Pierre Gobert naît le 1er janvier 1662 à Fontainebleau et meurt à Paris le 13 février 1744, à l’âge de quatre-vingt-deux ans ¹ . Fils de Jean Gobert, sculpteur du roi, et artiste précoce, Pierre Gobert est reçu à l’Académie en 1701, sur présentation des Portraits de Van Clève et de Boulogne le jeune. Il expose dix-sept portraits au Salon de 1704, dont un, celui du Duc de Bretagne, côtoie, sous un dais de velours vert, ceux du Roi, du Dauphin et du Duc de Bourgogne par Rigaud ² . Cependant, son talent n’égalant pas, dit-on, celui des portraitistes François de Troy, Pierre Mignard, Nicolas de Largillierre, Hyacinthe Rigaud… il séjourna peu à Paris, se spécialisant dans les portraits d’enfants ³ .

Le prince s’illustre militairement de 1710 à 1718, année pendant laquelle, à vintg-six ans, il devient lieutenant général des armées du roi. L’armure, l’écharpe de commandement et surtout le bâton de Maréchal suggèrent que le portrait a été peint pendant cette période ⁴ . Le tableau original se trouve au musée Condé à Chantilly, dans le Salon de Condé ⁵ . Trois répliques avec des différences existent à Versailles ⁶ .

L’estampe se présente dans le même sens que le tableau de Chantilly et les répliques de Versailles. Le visage gravé est identique au portrait peint mais des différences sont à remarquer dans la représentation du personnage : la gravure figure le prince tenant de la main droite son bâton de maréchal, sa main gauche étant posée sur la hanche ; dans le portrait peint, le prince pose la main droite sur sa hanche et la main gauche sur son bâton de commandement placé verticalement devant son casque. On est en droit de se demander s’il n’existait pas un original qui aurait servi de modèle à Drevet, le tableau de Chantilly n’étant qu’une réplique d’atelier et ce d’autant plus que Louis Jacob (1714-1741) a gravé en 1737 le portrait du prince par Gobert d’après le même modèle que Drevet ⁷ .

Le prince prends pour la première fois les fonctions de Maréchal de camp en 1713, à Fribourg, ce qui lui permet de porter le bâton de Maréchal avec lequel il est représenté et l’écharpe de commandement. Le tableau de Gobert a été réalisé sans doute peu après 1713, car le prince y est représenté jeune. Aucun état n’ayant été trouvé sans la dédicace de 1724, on peut considérer que la gravure a été réalisée à cette date pour la thèse de frère Hernault de Montiron, d’après un portrait peint après 1713. La confirmation de cette hypothèse vient de l’absence du cuivre de l’inventaire après décès de Pierre-Imbert et du catalogue de la vente de Claude Drevet : le cuivre a donc été été rendu à son commanditaire Hernault de Montiron après l’édition de sa thèse en 1724. Cependant, Firmin-Didot signale, sans indiquer ses sources, que Drevet a gravé ce portrait en 1710 ce qui est inexat pour les raisons énoncées plus haut.

L’abbé Lelong ne signale que deux portraits gravés du prince Louis Henri de Condé, duc de Bourbon : celui par Drevet d’après Gobert et un autre par un anonyme, où le prince est représenté à cheval, gravé dans la manière de Mellan.

(Voir volume I : pp. 31, 69, 125, 167, 173, 175, 177, 258).

bibliographie

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