31. Nemours (M arie d’ orléans de longueville, duchesse de) , d’après Hyacinthe Rigaud

1707

Burin

H. 0,421, L. 0,335/6 au tr. c. ext. ; H. 0,475/7, L. 0,342 à la cuvette

Sous le tr. c. ext. : à g., Hyacin 9 Rigaud pinxit ; à dr. , Pet. Drevet sculpsit 1707. ; au-dessous, en marge, de part et d’autre d’un cartouche armorié : Marie par la grace de - Dieu, Souveraine de // Neufchâtel et Vallangin, - Duchesse de Nemours 

À mi-jambes, assise, tournée de trois quarts à gauche, le regard de face, la princesse dont le bras gauche est replié sur la poitrine, tient de la main droite sa couronne posée sur la table. Elle est vêtue d’un habit de cour sombre, la tête couverte d’une coiffe dont les pans sont noués sur la poitrine. Un rideau et la base d’une colonne constituent le second plan. Les armoiries accolées de Savoie et d’Orléans-Longueville sont surmontées d’une couronne de prince du sang. Écu de gauche : Ecartelé au 1 : de Jérusalem, Lusignan, Arménie, Luxembourg pour le royaume de Chipre ;au 2, haute Saxe, basse Saxe, Hongrie ; au 3, Chablais, Aoust ; au 4, Genève, Monferrat ; sur le tout de gueules à la croix d’argent qui est Savoye. Ecu de droite : De France au lambel d’argent à trois pendans en chef.

  • E tats

Un seul état connu : l’état décrit ; (BNF, Est. : Ed 99b rés., in-fol. ; Da 62, in-fol., p. 42, Mf E066763 ; N3, in-fol., vol, 70, Mf D290968 - Paris, ENSBA, fol. 1439 rés., p. 16 - Versailles, LP29/23 - Amsterdam, Rijks - Baltimore, MA - Bruxelles, BR, Est. - Bologne, PN, G.D.S. - Dresdre, SK - Francfort, Städel - Genève, MAH, Estampes - Londres, BM - Londres, V&A - Milan, Bertarelli - New York, MM - Philadelphie, MA - Rome, InG, Farnesina - Stockholm, Nm - Vienne, Albertina - Vienne, ABK, Kupferstichkabinett - Washington, NGA, B - 2478)

Marie d’Orléans(1625-1707), fille unique du duc de Bourbon et de Longueville, épouse en 1657 Henri II de Savoie, dernier duc de Nemours. La cour s’étonne que la plus riche héritière de France accepte d’épouser ce duc sans biens et sans considération, laid et ennuyeux. Le duc de Nemours tombe subitement malade et meurt le 2 janvier 1659. La duchesse de Nemours lui survécut longtemps. En 1694, elle est reconnue souveraine de la principauté de Neuchâtel et de Vallangin (Suisse), par les états du pays, à l’exclusion du prince de Conti et meurt à Paris le 16 juin 1707, à l’âge de 82 ans. Cinq mois après, malgré les réclamations d’une foule de prétendants, le tribunal de ces mêmes états adjuge cette petite souveraineté au roi de Prusse. La duchesse de Nemours passait pour être avare et cachait avec soin son rang sous des vêtements bon marché. Elle était dévote mais méfiante et changeait souvent de confesseur 1 . Sa succession dans ses derniers jours avait élevé des contestations entre le France, la Savoie et la Prusse. Elle a laissé des Mémoires, dont elle confia le manuscrit à mademoiselle l’Héritier de Villandon. Ils sont reconnus pour être remarquables par l’exactitude, la fidelité et le charme du style 2 .

Biographie de Rigaud : voir catalogue P. Dr., n° 117.

Rigaud mentionne ce portrait à l’année 1705 ; il en reçoit sept cents livres 3 . Van Hulst précise : « En 1705 Mme la duchesse de Nemours de Longueville, souveraine de Neufchâtel et Valengin, quoiqu’elle eût près de quatre-vingts ans, âge où l’amour-propre évite la fidélité d’un pinceau sans fard, voulut néanmoins être peinte aussi par Rigaud, et pour multiplier son portrait, cette princesse le fit graver par le sieur Drevet ; c’est un des plus parfaits morceaux que ce graveur ait faits 1  » Pierre a eu vraisemblablement le tableau original devant les yeux pour interpréter cette oeuvre de Rigaud.

En ce qui concerne la localisation aujourd’hui du tableau, il existait, selon Roman, en original chez M. le duc de Luynes au Château de Dampierre et en deux répétitions. Mon courrier adressé à cette famille est resté sans réponse et les répétitions ne me sont pas connues. D’autre part, est-ce l’original ou une copie qu’avait acquis l’ambassadeur Matvieff et dont parle Lossky 2 ?

Pierre Drevet a donné à l’Académie le 3 mai 1710 cette estampe, présentée sous verre et non le cuivre, en attendant la remise du portrait de Robert de Cotte qui était son véritable morceau de réception 3 . Cette gravure est l’un des morceaux les plus réussis de Pierre, pour l’interprétation du camailleu allant des gris les plus clairs au noir le plus foncé en alliant celle, magistrale, des différentes textures.

L’abbé Lelong donne pour date de la gravure celle de 1747 : il s’agit d’une erreur, la date de 1707 étant inscrite sur l’estampe.

L’estampe encadrée a été vendue six livres à la vente de Claude Drevet en 1782. Selon Firmin-Didot, le cuivre se trouve chez l’éditeur Bernard en 1876 et selon Duportal on le retrouve chez Alvin Beaumont en 1926 4 .

(Voir volume I : pp. 72-73, 76-77 , 161, 163, 220).

bibliographie

Mariette 1740-1770, III, f° 47 r°, n° 46, VII, f ° 14 ; Basan 1767, I, p. 174 ; Gori Gandinelli 1771, I, p. 364 ; Lelong 1775, p. 266 ; Fontenai 1776, I, p. 527 ; Huber et Rost 1797, VIII, p. 4 ; Paignon-Dijonval 1810, 7614 ; Joubert 1821, I, p. 435 ; Nagler 1836, III, p. 476 et 1843, XIII, p. 182  ; Michaud 1843-1857, XXX, p. 310-311 ; Dussieux 1854, II, pp. 119, 185 ; Le Blanc 1856, II, P. Dr., n° 91 ; Firmin-Didot 1876, P. Dr.,n° 115 ; Firmin-Didot 1875-1877, P. Dr., n° 481 ; Portalis et Beraldi 1881, II, p. 19 n° 37 ; Bellier et Auvray 1882, I, p. 446 ; Rondot 1896, p. 109 ; Bryan 1813, I, p. 425 ; Mireur 1910, II, pp. 534-541 ; Thieme et Becker 1913, IX, pp. 559-560 ; Soulange-Bodin 1914, pp. 6-49 ; Roman 1919,p. 116 ; Audin et Vial 1919, p. 288 ; Duportal 1926, n° 6 p. 33, pl. V ; Thieme et Becker 1934, XXVIII, pp. 349-351 ; Lossky 1946,p. 39 ; IFF XVIII e 1951, VII, P. Dr., n° 76 ;Allister Johnson 1982, p. 76, n° 23 ; Préaud 1982, pp. 16-18, n° 13 ; Coirault 1983, Saint-Simon, I, p. 687 ; Thieme et Becker-Saur 2001, XXIX, pp. 408-410.

catalogues de ventes (complément au Dictionnaire Mireur)

Vente par Musier et Knapen 1753, p. 16 n° 135 ; Mariette par Basan 1775, p. 369, n° 1094 et p. 371, n° 1120 ; Claude Drevet 1782, p. 8, n° 39 .

catalogues d’expositions

Catalogue de l’Exposition « Les morceaux de réception des graveurs de l’Académie Royale des Beaux-Arts (1655-1789) », Musée-Galerie de la Seita, du 12 mai au 12 juin 1982, Paris, 1982, pp. 16-18, n° 13 5 .

Notes
1.

Michaud, 1843-1857, XXX, p. 310, 311. Voir également Saint-Simon, I, p. 687.

2.

Voir aussi Coirault 1983, Saint-Simon, I, p. 687.

3.

Roman 1919, p. 116.

1.

Dussieux & coll. 1854, II, p. 185.

2.

Lossky 1946,p. 39.

3.

MacAllister Johnson, 1982, n° 23 p. 76.

4.

Duportal 1926, n° 6 p. 33, pl. V .

5.

Préaud 1982, pp. 16-18, n° 13.