35. toulouse ( Louis Alexandre de BOURBON, comte de) , d’après François de Troy

S. d. [1695]

Burin ; la gravure atteint la limite du cuivre dans le sens de la largeur

H. 0,504, L. 0,388/9 au tr. c. ; H. 0,512, L. 0,390 à la cuvette

Sur le pourtour de l’ovale : ludovicus alex. borbonius tolosan 9 .comes, damvilleus dux, britan. Æ guber. franc. par marisq; prÆfectvs. ; dédicace inscrite dans les palmes, de part et d’autre d’un cartouche armorié : se suamque philosophiam d.v. consecrat ~ stephanus denis burdigalensis magister laureatus ; sur le fût du canon de g. : F. de // Troye // pinxit ; sur celui de dr. : P. Dreuet // Sculp. ;

Adolescent en buste, sans main et en armure, présenté dans un ovale, tourné de trois quarts à droite, la tête presque de face. Le prince porte une longue chevelure dont les boucles reviennent sur la poitrine et descendent loin dans le dos. Il porte le collier de la Toison d’Or. Armes des bâtards de Bourbon, surmontées de la couronne de la maison de France, entourées des colliers des ordres de Saint Michel et du Saint-Esprit ; deux ancres croisées soutiennent les armes.

I : l’état décrit ; (BNF, Est. : Ed 99a rés., in-fol. et Db 14+, in-fol.,p. 47- Londres, BM - Londres, V&A - Philadelphie, MA). Cet état a été placé en frontispice de la thèse de philosophie d’Étienne Denis, au collège des Jésuites de Bordeaux.

II : la dédicace est remplacée par la mention suivante inscrite sur chacune des deux palmes : Se vend à Paris chez Dreuet rue S Jacques - vis à vis les Mathurins a ljmage S t . Prosper. La planche présente des marques d’usure ; (BNF, Est.: Ed 99a rés., in-fol. ; N3, in-fol, vol. 90, Mf, D292568 :la date manuscrite 1695. est inscrite dans la palme de droite, après l’adresse- Francfort, Städel - Londres, BM - Rome InG, Farnesina, 53783 - Vienne, Albertina)

Épreuves non consultées : Caen, MBA. - Chantilly, MC - Dresde, SK

Fils légitimé de Louis XIV et de la marquise de Montespan, frère puîné du duc du Maine (cf. cat. numéros précédents), ce prince est né à Versailles le 6 juin 1673 ; il est nommé grand amiral de France en 1678 fonction à laquelle il joint les titres de comte de Toulouse, duc de Damville, de Penthièvre, de Rambouillet, marquis d’Albert. Pair et grand veneur de France, il est reçu chevalier de l’ordre du Saint-Esprit en 1693 1 . Il acquiert en 1694 la terre de Damville pour laquelle il obtient que les titres de Duché-Pairies y soient rétablis 2 . Il reçoit le cordon de la Toison d’or probablement au début du XVIIIe siècle, à l’occasion de l’accession de Philippe V au trône d’Espagne. Il est reconnu par Louis XIV en 1714, en même temps que son frère Louis-Auguste, apte à gouverner à défaut de princes légitimes, mais le testament du roi est cassé par le parlement en 1715 (cf. cat. n° 31). Il meurt à Rambouillet le premier décembre 1737.

Biographie de François de Troy : voir cat. P. Dr., n° 119.

François de Troy réalise en 1683 un portrait de Louis-Alexandre de Bourbon alors âgé de dix ans, vêtu en grand amiral de France 3 ; la même année, il en fait une répétition dans un format réduit (Paris, collection particulière). La variante en armure d’après laquelle Pierre Drevet a gravé le portrait laisserait supposer que le peintre a réalisé plusieurs originaux 1 . Le portrait en armure n’étant pas connu à l’heure actuelle et la ressemblance avec le portrait en tenue d’amiral étant réelle, il est vraisemblable que Drevet, capable d’interpréter le modèle en l’habillant d’une armure, a gravé la planche en 1695 d’après le portrait de 1683. Sans doute n’existait-il pas de modèle plus récent convenant à Drevet.

L’Image Saint Prosperest l’enseigne du libraire-imprimeur du roi Guillaume Després, (voir vol. I, p. 57), en même temps que l’appartement de Girard Audran pour la dernière décennie du XVIIe siècle jusqu’à 1703, année de sa mort. Pierre Drevet a donc effectué le tirage de cette estampe chez son ami Guillaume Després avant de s’installer rue du Foin entre 1696 et 1697.

La date de 1695 convient à la réalisation de ce portrait gravé, confirmée par les dates des nominations concernant le prince : en 1693 (chevalier de l’ordre du Saint-Esprit) et 1694 (acquisition de la terre de Damville). En outre, pour légitimer cette date, le Mercure Galant de septembre de la même année, relate la soutenance à Bordeaux par M. Denis, fils du Procureur Général du Parlement de Guyenne, d’une thèse dédiée au comte de Toulouse, Amiral de France, Gouverneur de Bretagne. Le même article évoque en termes élogieux le portrait gravé par Drevet 2 .

Le second état sans la dédicace, prouve que Pierre se servait, parfois, des cuivres des thèses pour effectuer des tirages qu’il vendait en feuilles dans sa boutique. Inversement, il pouvait tirer des portraits pour des frontispices de thèse à l’aide de cuivres gravés depuis longtemps.

(Voir volume I : pp. 56-57, 59, 176-177, 222).

bibliographie

Mercure Galant 09-1695, pp. 132-134 ; Mariette 1740-1770, III f° 47 r°, n° 43 ; Lelong 1775, p. 156, n° 3 ; Le Blanc 1856, II, P. Dr., n° 112 ; Firmin-Didot 1876, P. Dr., n° 63 ; Firmin-Didot 1875-1877, P. Dr., n° 442 ; Potier de Courcy 1884-90, repr. Anselme 1726, IV, p. 207, IX, p. 310 ; Mireur 1910, II, p. 536, 537, 539-540 ; Audin et Vial 1919, p. 287 ; IFF XVIIIe 1951, VII, P. Dr., n° 113 ; Brême 1997, pp. 40-43 ; Meyer 2002, p. 168.

Notes
1.

Potier de Courcy 1884-90, Anselme 1726, IX p. 310.

2.

Potier de Courcy 1884-90, Anselme 1726, IV, p. 207.

3.

Agen, musée des Beaux-Arts.

1.

Brême 1997, pp. 40-43.

2.

Voir vol. I, p. 222.