38. BERWICK (Jacques Fitz-James, duc de) , d’après Benedetto Gennari le jeune

S. d. [1693]

Burin ; travail à l’eau-forte visible pour les médaillons situés dans les écoinçons

H. 0,490, L. 0,413 au tr.du dessin ; H. 0,495, L. 0,429 à la cuvette

Dans l’image, à dr., dans l’étoile de l’ordre de la Jarretière : Honysoit qvi mal y pense ; sur le pourtour de l’ovale, de part et d’autre d’un cartouche armorié : serenissimus princeps iacobus dux de berwick, &c ; à g., sur le b. ext. de l’ovale : Offerebat Humillimus Servus - Joannes Farely Presbiter Kilmoriensis 1693 ; dans le philactère du médaillon en ht., à g. : Angues arcebit ab hortis. ; dans celui du médaillon en ht., à dr. : Nec proderit astus. ; dans philactère du médaillon, en bas à g. : Componit et excitat iras ; dans celui de dr. : Metum pænamque rebellibus infert ; au-dessus du tr. c., à g. : Genaro pinxit ; à dr. : Drevet Sculp. ;

En buste, de face, la tête tournée de trois quarts à droite, le regard de face, le prince porte une longue perruque descendant le long de son épaule droite jusqu’au bas de l’ovale et s’étalant en larges boucles sur l’épaule gauche. Une lavallière de dentelle orne le plastron. Un pan du manteau enveloppe entièrement le bras gauche. Armoires surmontées d’une couronne princière, entourées du collier de l’ordre de la Jarretière avec la devise Honi soit qui // mal y pense et d’un philactère avec cette autre devise Ortu et Honore  : Ecartelé : aux 1 et 4, contre-écartelé : de France et d’Angleterre ; au 2, d’Ecosse ; au 3 d’Irlande ; à la bordure renfermant tout l’écu, componée de 16 pièces d’azur et de gueules, chaque compon d’azur chargé d’une fleur de lys d’or, et chaque compon de gueules d’un léopard d’or.

  • E tats

I : avant toute lettre ; avec la devise Honisoyt qvi mal y pense brodée sur le manteau ; avant les devises inscrites sur les philactères des quatre médaillons ;

(BNF, Est., Ed 99a rés., in-fol. - Londres, BM) ; non décrit par Firmin-Didot.

II : l’état décrit ; avec la dédicace et l’ajout d’une boucle de cheveux au-dessus de l’arcade sourcillière g. ; modifications visibles dans la perruque, autour du visage et le long de la manche g. ; atténuation de l’ombre formée par le manteau à dr. ; (BNF, Est., Ed 99a rés., in-fol.  - Londres, BM - Londres, V&A - Philadelphie, MA). Correspond au 1er état de Firmin-Didot.

III :conforme au précédent, mais le nom du peintre est écrit Ienary. Date manuscrite après la dédicace : « 1693 » ; (BNF, Est. : Ed 99a rés., in-fol.  ; N3, in-fol.,vol. 11, Mf D286394 - Philadelphie, MA - Londres, V&A - Vienne, Albertina). Correspond au 2e état de Firmin-Didot.

IV : l’état ci-après, non décrit à ce jour : conforme au précédent mais le nom du peintre est écrit Genary ; (Londres, V&A, 21966 PP A4)

Berwick était le fils naturel du duc d’York, futur Jacques II d’Angleterre et d’Arrabelle Churchill, demoiselle de la cour d’Angleterre, sœur de Jean Churchill anobli sous le nom de duc de Marlboroug. Le prince de Galles, Jacques-Edouard (cf. cat. P. Dr., n°11) était, par conséquent, le demi frère de Berwick. Ce prince est né à Moulins en Bourbonnais en 1671 où sa mère s’était expatriée jusqu’à sa naissance. On lui donna au baptême le nom de Jacques Fitz de James, c’est-à-dire Jacques fils de Jacques 1 . Ses titres étaient : duc de Berwick, pair de France et d’Angleterre, duc de Fitz-James, de Liria et de Xerica, capitaine des gardes du corps de Jacques II, grand d’Espagne de la première classe, maréchal de France, conseiller au Conseil de Régence, chevalier des ordres du Roy et des ordres de la Jarretière (en 1689) 2 et de la Toison d’or, gouverneur du haut et bas Limousin et de la ville de Strasbourg, Généralissime de l’armée de sa Majesté en Allemagne 1 . Courageux et doué pour les arts de la guerre, il s’illustra sur tous les champs de batailles où il fut envoyé. Aimé des soldats, il est mort tué par un obus en 1734 2 .

Benedetto Gennari, dit le jeune (Cento 1633-Bologne 1715), fils du peintre Hercules Gennari (1597-1658), entre dans l’atelier de Guerchin à Bologne en 1649. En 1666, il travaille avec son frère César pour le comte de Novellara. Son admiration pour Louis XIV est telle qu’il se rend à Paris en 1672 où il séjourne seize mois, peignant de nombreux portraits à la cour de Louis XIV. De 1674 à 1688, il réside en Angleterre et travaille pour les rois Charles II puis Jacques II.

Entre 1690 et 1692 Benedetto Gennari suit le roi Jacques II dans son exil au château de Saint-Germain-en-Laye. C’est probablement dans ces années là qu’il brosse le portrait du duc de Berwick puis il retourne à Bologne. La jeunesse du duc paraît évidente sur la gravure. Pierre a, sans doute, exécuté le portrait peu de temps après 1692 et la date de 1693 proposée par l’abbé Lelong est plausible.

Pierre confirme, une fois encore à cette époque qui appartient au début de sa carrière, la dextérité, la vigueur et la finesse de son burin, particulièrement dans le traitement du visage et de la dentelle de la cravate.

Le commanditaire est un prêtre anglais dont on ne sait rien.

Mariette ne cite pas ce portrait qui a certainement circulé.

(Voir volume I : p. 59, 69, 174).

bibliographie

Margon 1737,pp. 1-4, 335-340 ; Moreri 1759, V, pp. 170-171 ; Lelong 1775,p. 148 ; Soulié, Dussieux 1854, Dangeau 1684-1720, II, p. 309 ; Le Blanc 1856, II P. Dr., n° 21 ; Firmin-Didot 1876, P.Dr. n° 20 ; Firmin-Didot 1875-1877, P.Dr n°406 ; Potier de Courcy 1884-1890, repr. Anselme 1726, IX, p. 279 ; Bryan 1893, I, p. 425 ; Mireur 1910, II, p. 538 ; Audin et Vial 1919, p. 287 ; Thieme et Becker 1920, XIII, p. 391-392 ; IFF XVIII e 1951, VII, P. Dr., n° 16 ; Bolaffi 1974, V, pp. 322-323 ; Coirault 1983, Saint-Simon, Mémoires, III, p. 937-938 ; Turner et Macmillan 1996, XII, pp. 279-280 ; Thieme et Becker-Saur 2001, XXIX, p. 409.

Notes
1.

Coirault 1983, Saint-Simon, Mémoires, III, p. 937-938.

2.

Soulié, Dussieux & coll. 1854, Dangeau 1684-1720, II, p. 309.

1.

Margon 1737, pp. 1-4.

2.

Margon 1737, pp. 335-340.