41. lÉopold I er de lorraine et de habsbourg-lorraine ( Joseph Charles Dominique Agapet Hyacinthe, duc de Lorraine) , d’après Nicolas Dupuy

S. d. [1700]

Burin

H. 0,487, L. 0,403/4 au tr. c.; H. 0,550, L. 0,419 à la cuvette

Sous le tr. c., au bas : à g., Nic. Dupuy pinx.; à dr., Pier. Drevet Sculp. ; au-dessous, mention manuscrite à l’encre brune : 1700. ; de part et d’autre d’un cartouche armorié : Léopold I er . Duc - de Lorraine // et de - Bar ;

En pied, en armure et à mi-cuisses, le prince se tient devant un paysage ; des cavaliers en armes situés à gauche et devant une tente occupent la partie droite de l’estampe. Le corps, tourné de trois quarts vers la droite, la tête de trois quarts vers la gauche, le regard de face, le prince porte une cape herminée, et brandit, de la main droite, son bâton de commandement. La main gauche repose sur son casque empanaché posé sur une table. Armoiries surmontées d’une couronne princière : Parti de 3 traits, coupé d’un, ce qui fait 8 quartiers. Au 1, de Hongrie : fascé d’argent et de gueules de 8 pièces; au 2, de Naples-Sicile : d’azur semé de fleurdelys d’or sans nombre au lambel de gueules en chef ; au 3, de Jérusalem : d’argent à la croix potencée d’or, cantonnée de 4 coisettes, du mesme; au 4, d’Aragon : d’or à 4 pals de gueules; au 5, d’Anjou : d’azur semé de fleurdelys d’or sans nombre à la bordure de gueule; au 6, de Gueldres : d’azur au lion contourné d’or, couronné, armé et lampassé de gueules; au 7, de Flandres : d’or au lion de sable, armé et lampassé de gueules; au 8, de Bar : d’azur, semé de Croix recroisées au pied fiché d’or et 2 bars adossés du mesme, brochant; sur le tout de Lorraine : d’or à la bande de gueules chargée de 3 alérions d’argent.

Un seul état connu : l’état décrit ; (BNF, Est. : Ed 99d rés., in-fol.; AA4 et N3, in-fol, vol. 53, Mf D289562 - Caen, MBA - Dresde, SK - Londres, V&A - Philadelphie, MA - Vienne, Albertina)

Fils de Charles-Léopold V, duc de Lorraine et de Bar, candidat au trône de Pologne et d’Eléonore d’Autriche, Léopold Ier de Lorraine (1679-1729),débute dans la carrière des armes en 1696, campagne pendant laquelle il se conduit avec une grande témérité. Pourtant, il acquiert sa célébrité plus par sa sagesse et sa bonté que par son courage. En 1697, la paix de Ryswyck entre la France et l’empire austro-allemand, lui rend ses états tels qu’ils se trouvaient sous Charles IV de Lorraine en 1670. Cependant Nancy et les autres forteresses de Lorraine sont démantelées et il n’obtient pas d’avoir d’autres troupes que ses gardes. La reine-duchesse, mère de Léopold, obtient de Louis XIV qu’il remonte sur le trône de ses pères et l’empereur lui accorde le titre d’Altesse royale comme fils d’une archiduchesse qui avait été reine. Il arrive en 1698 à Lunéville et attend que Louis XIV évacue ses troupes de Nancy. Il trouve une Lorraine complètement ravagée, en proie aux brigands et aux bêtes sauvages, aux voies de communications détruites, aux villages rasés. La population avait fui. Léopold s’est attaché à repeupler son pays en accordant des exemptions aux familles nombreuses et des privilèges aux étrangers. Il interdit le duel, la noblesse ayant été décimée par la guerre et rétablit l’ordre et les cours de justice en rédigeant un nouveau code de lois appelé le code Léopold. Il remet, de surcroît, de l’ordre dans les congrégations religieuses. Abolissant le servage encore en vigueur en Lorraine, il encourage le commerce et l’industrie, ouvrant des routes dans toute la contrée. Il favorise la science, la littérature et les arts, mais se montre intolérant envers les protestants et les juifs. Il épouse en 1698, Elisabeth-Charlotte d’Orléans, fille de Philippe, duc d’Orléans et nièce de Louis XIV. Léopold a rendu deux fois hommage pour le duché de Bar : la première fois, auprès de Louis XIV le 25 novembre 1699, la seconde fois auprès de Louis XV le 19 février 1718 1 . Il a eu pour petite-fille, Marie-Antoinette de Lorraine, archiduchesse d’Autriche, reine de France.

Le Nicolas Dupuy qui a brossé ce portait n’est pas Nicolas Dupuy (actif de 1744 à 1754) élu à l’Académie de Saint-Luc en 1744 1 , et reçu à l’Académie royale de peinture, de sculpture et de gravure en 1754. Il se pourrait que ce soit son père ou un peintre de sa famille de la génération précédente. La localisation du tableau n’a pas été trouvée.

Le duc semble avoir une vingtaine d’années. Le portrait peint a peut-être été réalisé soit, lors du mariage du prince en 1698 avec Elisabeth-Charlotte, petite-fille de France, soit lors du séjour du duc et de son épouse à la cour de Louis XIV en 1699 2 . Les dates de 1699 pour l’exécution du tableau et de 1700 pour la gravure par Drevet sont donc vraisemblables.

Ce portrait ne fait pas partie des meilleurs travaux de Pierre. Les tailles ne sont pas toujours inspirées et présentent quelques raideurs et lourdeurs, notamment dans les plis du manteau. De plus, le personnage manque d’expression. Sans doute, le portrait peint ne possédait-il pas les qualités nécessaires à l’inspiration d’un graveur d’interprétation tel que Pierre Drevet : coloris, nuances, expression… ?

bibliographie

Mariette 1740-1770, III, f° 47 r°, n° 56 ; Moreri 1759, VI, p. 404 ; Michaud 1843-1857, XXV p. 127-128 ; Le Blanc 1856, II, P. Dr., n° 83 ; Firmin-Didot 1876, P.Dr., n° 91 ;Firmin-Didot 1875-1877, P. Dr., n° 465 ; Mireur 1910, II, p. 539 ; Guiffrey, 1915, IX, p. 279 ; Audin et Vial 1919, p. 288 ; Jougla de Morenas 1975,IV, p. 477 ; IFF XVIII e 1951, VII, P. Dr., n° 77 ; Coirault 1983, Saint-Simon, Mémoires, pp. 665-672.

Notes
1.

Michaud 1843-1857, XXV p. 127-128.

1.

Guiffrey 1915/b, IX, p. 279.

2.

Coirault 1983, repr. Saint-Simon, Mémoires,pp. 665-670.