43. ESTR é ES (César d’) , par Pierre Drevet et Pierre Giffart fils

[1713]

Eau-forte et burin

H. 0,323, L. 0,211 au tr. c. ; H. 0,365/8, L. 0,221 à la cuvette

Sous le tr. c. : à g., P.F. Giffart in. et Sculp. ; à dr., P. Drevet efigies. ; en marge, au c., six vers : Hic ille est latio Caesar decu additus ostro // Herôa de gente satus non degener Heros // Quem Tiberis Beatisque colunt, cui Sequana plaudit : // Consilijs reges doctus populosque juvare, // Immensaque omnem comptexus mente minervam, // Et calamo et lingua magnus sed pectore major. ; au dessous, à dr. : Bernardus Moneta Divionensis. ;

Traduction du poême :

Voilà le célèbre César, enrichi, pour ce qui regarde l’honneur, de la pourpre romaine.

Héros né d’une famille héroïque dont il n’est pas indigne,

Que le Tibre et le Guadalquivir honorent, que la Seine applaudit.

Habile à aider de ses conseils les rois et les peuples.

Ayant compris toute sagesse grâce à sa très grande intelligence,

Et grand par sa plume et sa parole mais plus grand encore par son cœur 860 . Bernard Moneta de Dijon.

En pied, assis dans un fauteuil, tourné de trois quarts à droite, la tête de trois quarts à gauche, le regard de face, le cardinal, la main gauche posée sur une table, tient un feuillet. Il est vêtu de la chape herminée sur laquelle est posée la croix de l’ordre du Saint-Esprit.

I : avant les noms des graveurs ; (BNF, Est. : Ed 99a rés., in-fol. ; Db 14 +, in-fol., p. 24 - Londres, V&A)

II : l’état décrit ; (BNF, Est., Ed 99a rés., in-fol. - Versailles, Est. LP 45/831 - Milan, Ambrosiana, 3793)

Épreuves non consultées : Chantilly, MC - Amsterdam, Rijks - Stockholm, Nm. - Madrid, BN.

Troisième et dernier fils de François-Annibal, duc d’Estrées, pair et maréchal de France et de Marie de Béthune, César d’Estrées naît le 5 février 1628. Docteur de Sorbonne, il est sacré évêque duc de Laon avec le titre de pair de France dès 1655. En 1657, âgé de trente ans à peine, il est élu à l’Académie française dont il deviendra le doyen. Ce prélat a tenu un rôle important dans les relations entre Louis XIV, l’Église de France et l’Église de Rome ainsi que dans diverses missions politiques. Il est, à la fois, Camerlingue du Sacré Collège à Rome, évêque d’Albano, abbé de Saint-Claude en Franche-Comté, de la Starfada en Piémont, de Saint-Germain des Prés. Il reçoit de Clément X le chapeau de cardinal en 1671 et le titre de la Trinité des monts en 1674. Louis XIV l’envoie en Bavière en 1677 pour traiter du mariage du Dauphin avec la princesse électorale. En 1680, il abandonne son évêché de Laon en faveur de son neveu. Lors des élections des papes Cléments XI et Alexandre VIII, il soutient l’Église française et Louis XIV en faisant suspendre les conclaves pour attendre l’arrivée des cardinaux français. En 1688, il est nommé Chevalier des ordres du roi et fait plusieurs fois le voyage à Rome jusqu’en 1700 où le roi le sollicite pour les négociations avec la République de Venise. Toujours à la demande du roi, il accompagne Philippe V en Espagne en vue de travailler avec ses premiers ministres aux affaires du royaume d’Espagne [et probablement aux intérêts de Louis XIV]. De retour en 1703, il reçoit l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés. De 1676 jusqu’à sa mort, il exerce à Rome la charge de protecteur des affaires du Portugal 2 . Il meurt le 19 décembre 1714 à quatre-vingt-sept ans, dans son abbaye de Saint-Germain-des-Prés où il a été inhumé.

Mariette imentionne : « Il est représenté assis dans une gallerie, la figure et tout ce qui l’environne a été gravé à l’eau-forte par Giffart le fils, la teste seule a été gravée au burin par P. Drevet. le pere. » En outre, l’’inscription dans la lettre des mots P. Drevet efigies confirme ce que dit Mariette. Cependant, des retouches au burin sont visibles dans le drapé de la cape. Ce travail exécuté d’une main ferme et délicate est, sans aucun doute, celui de Pierre Drevet. Il donne du relief au travail à l’eau-forte exécuté par Giffart. Pierre n’a retouché ni la dentelle du surplis, ni les mains.

On ne connaît pas le portrait dessiné, gravé ou peint d’après lequel Pierre a réalisé la tête.

Le portrait du Cardinal d’Estrées a été gravé avant Pierre, par Nanteuil en 1660, Gantrel en 1677 et Edelinck en 1698 (Cf. Lelong). La gravure figure en frontispice de l’ouvrage Hexapleum Originis quae supersunt, publié par Bernard de Montfaucon à Paris en 1713 (2 vol. in-fol.).

(Voir vol. I : pp. 208, 255)

bibliographie

Anselme 1726, II p. 131 ; Mariette 1740-1770, III, f° 45 v°, n° 1 ; Moreri 1759, IV, pp. 261-262 ; Lelong 1775, p. 182 n° 7 ; Paignon-Dijonval 1810, 7184 ; Le Blanc 1856, II, P. Dr., n° 52 ; Firmin-Didot 1876, P. Dr., n° 43 ; Pradel (Du) 1692-1878, II, p. 289 ; Portalis et Beraldi 1881, II, p. 18 n° 17 ; Potier de Courcy, Anselme 1726, repr. 1890, IX, p. 268 ; Mireur 1910, II, p. 537, 538 ; Audin et Vial 1919, p. 287  ; Jougla de Morenas 1975, III, p. 313 ; IFF XVIII e 1951, VII, P. Dr., n° 43 ; Lugt 1938, 971.

Notes
860.

Je dois cette traduction à madame Marie-Thérèse Berger que je remercie.

2.

Anselme 1726, II p. 131 et Potier de Courcy, Anselme 1726, repr. 1890, IX, p. 268.