52. rohan (Armand-Gaston-Maximilien, prince et cardinal de) , d’après Hyacinthe Rigaud

S. d. [1713-1716]

Burin

H. 0,447, L. 0,334 au tr. c. ; H. 0,454, L. 0,344 à la cuvette

Sur le pourtour de l’ovale, de part et d’autre d’un cartouche armorié : ser. pr. arm. gasto. de rohan. s.r.e. card. ep. et pr. arg. alsa landg. s.r.i. pr. ætat. 37 . ; au bas de la bordure du cadre : Offerebat humillimus - servus Carolus Pigné. ; sur le dessus de la corniche : à g., Hyac. 9 Rigaud pinxit. ; à dr., P. Drevet sculpsit ; sur la face du socle : serenissimo principi, armando gastoni de rohan, // s.e.r . Cardinali, Episcopo et Principi Argentoratensi, Alsatiae Landgravio, // Sacri Romani Imperii Principi ;

Traduction du texte en latin :

Au Prince Sérénissime, Armand Gaston de Rohan, son excellence révérendissime Cardinal, Evêque et Prince de Strasbourg, landgrave d’Alsace, Prince du Saint Empire romain.

État III, sur deux lignes : Par le caractère, la vertu, le sang rien de plus grand que lui.

D’où la pourpre romaine : quel titre d’honneur !

En buste, sans mains, de trois quarts tourné à gauche, le cardinal vêtu de la chape herminée dont un pan revient sur l’épaule gauche, la tête légèrement inclinée, regarde vers la gauche. Armoiries disposée sur un manteau d’hermine, surmontées d’une couronne et d’un chapeau de cardinal : Ecartelé : aux 1 et 4, de gueules à la bande d’argent, chargée d’une cotice de sinople, qui est de l’évêché de Strasbourg ; aux 2 et 3, de gueules à la bande d’argent, fleuronnée d’or, chargée d’une cotice de sinople, qui est du Landgraviat d’Alsace ; sur le tout : parti de Rohan et de Bretagne.

I : avec la lettre sur le pourtour de l’ovale, avec la dédicace et les noms des artistes, mais avant la première inscription sur le socle ; (Francfort, Städel - Genève, MAH, Estampes - Londres, BM - Londres, V&A, E 349-1965/PP 75 – coll. Firmin-Didot)

II : l’état décrit, avec la première inscription sur le socle : Serenissimo… ; (BNF, Est., Ed 99b rés., in-fol. - Philadelphie, MA)

III : avec l’adjonction des mots Subd. Ambiam à la suite du nom de Pigné et le remplacement de la première inscription sur le socle par Quo nihil ingenio, virtute, et sanguine majus // Hinc Romana tibi purpura quantus honos !  ; (BNF, Est., Ed 99b rés., in-fol. ; Da 62, in-fol.,p. 57, Mf E066778 -Paris, ENSBA, fol. 1439 rés., p. 38 - Genève, MAH., Estampes - Londres, BM - Londres, V&A - Philadelphie, MA - Rome InG, Farnesina, 53803). Firmin-Didot indique un troisième état avec le mot saguine au lieu de sanguine.

IV : avec les mots Subd. Ambiam, mais l’inscription sur la face du socle a été supprimée ; (BNF, Est., Ed 99b rés., in-fol., Bruxelles, BR, Estampes)

V : la croix de l’ordre du Saint-Esprit est gravée sur la poitrine et au bas des armoiries; sur le socle, les deux vers justifiés à gauche, ont été réinscrits en caractères plus gros et centrés : Quo nihil ingenio… ; le point-virgule de la première ligne a été effacé et le point d’exclamation de la seconde ligne a été remplacé par un point ; (BNF, Est. : Ed 99b rés., in-fol. ; Da 62, in-fol.,p. 59, Mf E066779; N3, in-fol. vol. 82, Mf D291894 ; s.n.r., à Drevet - Paris, ENSBA, fol. 1439 rés., p. 37 - Madrid, RB, Patrimoine National - Versailles, LP 65/47)

Épreuves non consultées : Rouen, BM - Amsterdam, Rijks - Bologne, PN, GDS - Dresdre, SK.

Cinquième fils de François de Rohan, prince de Soubise et d’Anne Chabot de Rohan, Armand-Gaston-Maximilien voit le jour le 14 juin 1674. Cardinal, évêque et prince de Strasbourg, il est promu par le roi le 10 juin 1713, commandeur de l’ordre du Saint-Esprit, en sa qualité de grand Aumônier de France. Il avait été élu à l’Académie Française en 1704. Il meurt à Paris le 19 juillet 1749 1 . Il habitait l’hôtel de Soubise à Paris, où se trouvent aujourd’hui les Archives nationales 2 .

Biographie de Rigaud : voir cat. P. Dr., n° 117.

Rigaud mentionne ce portrait dans son Livre de Raison à la date de 1710 au nom de « Mr le Cardinal de Rohan » bien que la nomination officielle ne soit intervenue qu’en 1712. Si le prélat a reçu officiellement le chapeau de cardinal le 18 mai 1712 des mains du légat du pape, le roi lui avait, sans doute, attribué cet honneur quelques années auparavant, ce qui expliquerait l’inscription de Rigaud dans son Livre de Raison. On retrouve le même phénomène pour le cardinal de Noailles (voir cat. nos 48 à 50). Le peintre reçoit mille livres.

Plusieurs répliques ou copies ont été faites par Rigaud ou par son atelier : en 1714, le neveu du pape, le cardinal Albano, choisit Rigaud pour exécuter un portrait du cardinal de Rohan 3 . Le comte de Sinzendorf (cat. Cl.Dr. n°12) aurait également souhaité acquérir un portrait du cardinal de Rohan 4 . Une copie se trouve aujourd’hui au musée National du Château de Versailles 5 .

Pierre a gravé ce portrait tel que Rigaud l’a représenté, alors que le sujet était dans sa trente-septième année. Comme la lettre l’indique sur le second état, la gravure a vraisemblablement été commandée à Pierre dès l’élévation de Gaston de Rohan au cardinalat et dès sa nomination d’évêque prince de Strasbourg, c’est-à-dire vers 1712. Jugeant que l’inscription sur le pourtour de l’ovale était assez claire sur les qualités du prince, le premier texte inscrit sur la face du socle est remplacé par deux vers sur le troisième état et les suivants. Sur le cinquième et dernier état, la croix de l’ordre du Saint-Esprit a été ajoutée, promotion intervenue le 10 juin 1713. Il n’existe, actuellement, aucun état sans la dédicace de Charles Pigné dont la thèse daterait de 1716, selon Van Hulst 6 .

Ces différents changements sont, sans doute, intervenus dans un laps de temps assez court en raison de la présence permanente de la dédicace de Charles Pigné. On peut raisonnablement dire que la gravure a été réalisée entre 1713 et 1716. L’estampe se présente dans le même sens que le tableau.

Le Blanc et après lui Portalis et Beraldi attribuent ce portrait à Pierre-Imbert tandis que Mariette et Van Hulst précisent qu’il a été gravé par Pierre Drevet le père. La participation de Pierre-Imbert n’étant pas manifeste, l’attribution de la gravure à Pierre Drevet s’impose.

Gravé d’après Rigaud par Laurent Cars fils, Marie Horthemels, François Chéreau, Dupin pour Odieuvre, Crépy, Petit en 1730, en pied par Jean-Martin Preisler en 1744 (Voir BNF, Est. portraits à Rohan ou Œuvre de Rigaud).

(Voir vol. I, p. 169, 201, 256).

bibliographie-

Anselme 1726, IV, p. 171 ; Mariette 1740-1770, III, f ° 45 v°, n° 5, VII, f ° 16 ; Paignon-Dijonval 1810, 7379 ; Nagler 1836, III, p. 478  et 1843, XIII, p. 182 ; Dussieux et coll. 1854, II, pp. 121, 189 ; Le Blanc 1856, P-I.Dr., n° 41 ; Firmin-Didot 1876, P.Dr., n° 113 ; Firmin-Didot 1875-1877, P. Dr., n° 479 ; Voir Pradel (Du) 1692, 1878, II, p. 300 ; Portalis et Beraldi 1881, II, P-I D p. 22 n° 58 ; Bellier et Auvray 1882, I, p. 446 ; Potier de Courcy 1890, Anselme, IX, p. 330 ; Mireur 1910, II, pp. 534, 540-541, 547 ; Soulange-Bodin 1914, pp. 6-49 ; Roman 1919, p. 150 ; Audin et Vial 1919, p. 288 ;IFF XVIII e 1951, VII, P. Dr., n° 110 ; Saur 2001, XXIX, p. 409.

catalogues de ventes (complément au Dictionnaire Mireur)

Mariette par Basan 1775, p. 368, n°1093 et p. 371, n° 1113.

Notes
1.

Potier de Courcy 1890, Anselme, IX p. 330.

2.

Voir Pradel (Du) 1692-1878, II, p. 300.

3.

Dussieux et coll., 1854, II, p. 121.

4.

Lossky 1946, p. 39.

5.

Inv. n° 7567, LP 4025, dimensions : H. 0,65, L. 0,52. Voir Constans 1995, II, n° 4321.

6.

Dussieux et coll. 1854, II,p. 189.