53. villars (Claude-Louis-Hector, maréchal de France, duc de), d’après Hyacinthe Rigaud

S. d. [1714-1715 ; 1733 : 4e état]

Burin

H. 0,516, L. 0,350 au tr. c.; H. 0,526, L. 0,360 à la cuvette

Dans le trophée, en haut, à g. : De bellatis // ad Fredelingam // caesarianis ger - mania gallis // patefacta. // MDCCII // Germanis // ad Hocstetum // deletis ister gal - lis adsertus // MDCCIII ; dans le trophée, en haut, à dr. : Perrupto // dononiensi vallo Landreci // um liberatum dua // cum querectum [sic] Bu // chemium cum trigen // ta millia hostium in // fidem victoris deditis // MDCCXII. // Landavia & // Friburgo expu // gnatis hostes ad // pacem adacti pax // que victricibus // d’extris obsignata. MCCXIII.; sous le cadre, de part et d’autre d’un cartouche armorié : l ouis h ector- d uc de v illars // Pair et Marechal de France, Prince de Martigues, Vicomte de Melun, Comman - // deur des ordres du Roy, chevalier de la Toyson d’or, Gouverneur des ville, // fort et château de Fribourg, et du - Briskau, Gouverneur gene - ral des Eves - chés et pays Messin, Gouverneur generat [sic] de Provence, Marseille, Arles, et // terres adjacentes, Generalissime des - armées du Roy, son plenipotentiaire // et ambassadeur extraordinaire pour - les traitez de Paix a Rastatt, et chef // de l’ambassade pour la Signature - de la paix generalle a Baden en // Suisses, President du Conseil de guerre du conseil de Regence.; au dessous, dans la gravure : à g., Peint par Hya e . Rigaud; à dr., gravé par P. Drevet ;

Traduction du texte en latin : L’Allemagne ouverte aux Français par la défaite des Impériaux à Friedlingem, 1702 ; les Allemands battus à Hochstädt le Danube libéré par les Français, 1703 ; après qu’eurent été forcés les retranchements de Denain, Landracies et Bouchain près de Douai libérées avec trente mille ennemis qui se livrèrent au vainqueur, 1712. Landau et Fribourg pris d’assaut, les ennemis obligés à la paix et la paix signée grâce à ses troupes victorieuses 1713.

Sur un fond de bataille, le maréchal est présenté debout jusqu’aux genoux, le corps légèrement tourné de trois quarts à gauche, la tête de trois quarts à droite, le regard à droite. Il est vêtu d’une armure et un lourd manteau doublé d’hermine l’enveloppe, retenu par son bras gauche dont la main est posée sur sa hanche. De la main droite, il tient son bâton de commandement posé verticalement sur un mur. Une longue perruque retombe en boucles sur son épaule droite. Il porte le grand cordon, la croix de l’ordre du Saint-Esprit et le collier de l’ordre de la Toison d’or. Armoiries surmontées d’une couronne princière et entourées des colliers des ordres de Saint Michel, du Saint-Esprit et de celui à demi caché de la Toison d’or : D’azur à trois molettes d’or au chef d’argent chargé d’un lion passant de gueules.

  • E tats

I : avant toute lettre, non terminé, avant les trophées, (Vienne, Albertina). Ventes Salmon 1831, Jecker 1851, Marshall 1864, cf. Mireur. Coll. Morrisson cf. Firmin-Didot.

II : terminé, mais avant toute lettre et avant les trophées ; avant les nombreux travaux décrits à l’état 3, ; (BNF, Est., Ed 99b rés., in-fol.)

III : l’état décrit, avec des travaux : dans la fourrure à hauteur du bras droit, dans la perruque à g. et à dr., dans l’ombre du rocher, dans le contour ombré de la tablette, dans le cintre et dans le cadre ; avec les trophées et le texte de neuf lignes ; (BNF, Est., Ed 99b rés., in-fol. - Paris, ENSBA, fol. 1439 rés., p. 46 - Bruxelles, BR, Estampes - Francfort, Städel - Genève, MAH, Estampes - Londres, V&A - Philadelphie, MA - Rome InG, Farnesina, 53784 - Stockholm, Nm)

IV : conforme au précédent mais avec un texte de six lignes et les modifications suivantes : louis hector - duc de Villars // Pair et Marechal Geneneral [sic] de France - Prince de Martigues grand d’Espagne // Marquis de la Nocle, comte de la Rochemillay, Viccomte [sic] de Melun & // Chevallier [sic] des ordres du Roy, et de // la Toison d’Or Gouverneur General // de Provence, Ministre d’Etat Embassadeur [sic] - Extraordinaire, et General des Armées de // France - en Italie. ; (BNF, Est. : Ed 99b rés., in-fol. ; AA3, in-fol. - New York, MM)

Épreuves non consultées : Chantilly, MC - Rouen, BM - Amsterdam, Rijks - Dresdre, SK

Fils de Pierre, marquis de Villars et de Marie Gigaut de Bellefonds, Louis-Hector de Villars naît à Moulins en 1653 et fait ses études à Juilly 1 . Il entre ensuite chez les pages de la grande écurie. Sa noblesse d’action et son adresse le font remarquer de Louis XIV. A dix-neuf ans il sert comme volontaire dans le corps commandé personnellement par le roi, puis dans les corps d’armée de Condé et de Turenne. On le retrouve ainsi au passage du Rhin, aux sièges d’Orsoy, de Doesbourg et de Zutphen puis au siège de Maëstricht. Sa témérité à combattre pour le roi est telle que celui-ci le nomme, dès 1674, colonel d’un régiment de cavalerie. Il obtient du maréchal de Créqui d’assiéger Fribourg. En 1678, la paix de Nimègue intervenant, le roi l’envoie comme ambassadeur à Vienne. En 1689, il est nommé maréchal de camp et prend hardiment part au combat de Leuze en 1691, puis est nommé lieutenant général avant de repartir sur le Rhin. Lors des problèmes soulevés par la succession au trône d’Espagne, le roi le nomme, en 1699, ambassadeur extraordinaire en Autriche, un des pays d’Europe le plus opposé à l’avènement du duc d’Anjou sur le trône d’Espagne. Le 14 octobre 1702, son armée enthousiaste le proclame maréchal de France, ce que Louis XIV accepte. A la suite d’une grave blessure reçue en 1709 sur la frontière du Nord, il est fait pair de France. En 1712, il est nommé par le roi, gouverneur de Provence et le 16 novembre 1713, regagnant les champs de batailles, il obtient la capitulation de Fribourg occupée par les troupes du prince Eugène de Savoie pour enfin signer avec lui la paix de Rastadt le 7 mars 1714 2 . Le même mois, il est promu par le roi d’Espagne, dans l’ordre de la Toison d’Or et reçoit un fauteuil à l’Académie française. A la mort de Louis XIV, le maréchal est nommé au conseil de régence par le duc d’Orléans. Il y soutient les recommandations de Louis XIV et fait, dès lors, l’objet d’intrigues, particulièrement de la part du futur cardinal Dubois (cat. P.-I.Dr., n° 21) qui désire le faire arrêter. En 1722, le régent le nomme président de la commission chargée d’examiner les comptes du département de la guerre. Il est nommé à la même époque Grand d’Espagne de première classe par Philippe V (voir cat. P.Dr. nos 15, 16). Après la mort du régent en 1723, le prince de Condé, nommé premier ministre, (cat. P.Dr. n° 28), lui accorde la même confiance. Trois ans plus tard, il rencontre en la personne du cardinal de Fleury nommé premier ministre (cat. P.Dr. n° 124/IV), un ennemi qui s’oppose à son admission au conseil, mais très estimé de la majorité, il y est cependant accueilli. Le maréchal reçoit des marques de profond respect de la part des plus hauts personnages et particulièrement du roi de Pologne, lorsqu’il vient à Versailles après avoir été porté sur le trône en 1733 (cat. P.Dr. n°22). En 1732, alors qu’il est dans sa quatre-vingt-unième année, le roi l’élève au grade de maréchal général de France. Le 25 octobre de la même année il part pour la campagne d’Italie et meurt le 17 juin 1734 à quatre-vingt-deux ans 3 . En dehors de son courage, le maréchal de Villars était gai, facile et d’une brillante intelligence 4 . Il avait fait un riche mariage en épousant la belle mademoiselle de Warengeville 5 .

Biographie de Rigaud : se reporter au catalogue, P. Dr., n° 117.

Rigaud mentionne ce portrait à l’année 1704 pour une somme de cinq cent trente livres. Une copie en buste du tableau peint en 1704, connu par une réplique conservée à Marseille au musée des Beaux-Arts, se trouve au château de Versailles 1 .

Van Hulst indique que Drevet le père a gravé le portrait en 1714  « avec un encadrement cintré par le haut et chargé de trophées et d’inscriptions, ajouté par le graveur sur un dessin d’une main étrangère ». On trouve des commentaires semblables chez Mariette. Quant à Basan, il insiste en disant : «  ... il faut avoir cette Estampe avant le changement que l’on a fait à l’inscription qui se voit au bas, ce qui se distingue aisément 2  ». L’abbé Lelong précise « Beau et rare ». L’estampe se présente dans le même sens que le tableau.

Promu dans l’Ordre du Saint-Esprit le 2 février 1705, élevé au rang de duc la même année, le Maréchal de Villars n’a reçu la Toison d’Or qu’en mars 1714. Ainsi Drevet a ajouté la croix du Saint-Esprit au portrait peint par Rigaud en 1704. L’inscription de l’état avec neuf lignes mentionne que le duc de Villars fait partie du Conseil de Régence, promotion que Villars a reçu en Septembre 1715 après la mort de Louis XIV. Pierre Drevet a donc commencé la gravure de ce portrait en 1714 et l’a éditée, revêtue de l’inscription à neuf lignes, après septembre 1715. Cet état avec neuf lignes est le troisième et doit être placé antérieurement à celui comportant six lignes pour les raisons suivantes : l’état comprenant six lignes mentionne que Villars est Ministre d’État, (qualité qu’il n’acquiert qu’en 1724, après la mort du Régent) ; qu’il est Général des armées de France en Italie (nomination qu’il n’a reçue qu’en 1733) ; qu’il est Maréchal général de France (titre qu’il n’a obtenu qu’en 1733). En conclusion, ce quatrième état est à placer entre 1733, date de la nomination de Villars de Général des Armées en Italie et 1734, date de sa mort.

Gravé également d’après Rigaud par Schmidt et Rochefort (Voir BNF, estampes).

L’estampe encadrée a été vendue quatorze livres quinze sols à la vente de Claude Drevet en 1782.

(Voir volume I : pp. 31, 78, 166).

bibliographie

Bayle 1734, V, pp. 529-532 ; Mariette 1740-1770, III, f° 47 v°, n° 60, VII, f° 13 ; Moreri 1759, X, pp. 621-623 ; Basan 1767, p. 174 ; Gori 1771, I, p. 364  ; Lelong 1775, p. 282, n° 3 ; Fontenai 1776, I, 527 ; Strutt 1785-1786, P. Dr, I, p. 262 ; Huber et Rost1797, VIII, p. 4 ; Regnault 1798, p. 138, n° 663 ; Paignon-Dijonval 1810, 7493 ; Joubert 1821, I, p. 435 ; Nagler 1836, III, p. 475  et 1843, XIII, p. 184 ; Michaud 1843-1857, XLIII-XLIV, pp. 417-434 ; Dussieux et coll. 1854, II, p. 185 ; Le Blanc 1856, II, P. Dr., n° 115 ; Firmin-Didot 1876, P.Dr., n° 123 ; Firmin-Didot 1875-1877, P. Dr., n° 485 ; Portalis et Beraldi 1881, II, p. 20 n° 49 ; Bellier et Auvray 1882, I, p. 446 ; Bryan 1893, I, p. 425  ; Rondot 1896, p. 109 ; Mireur 1910, II, p. 534- 537, 540-541 ; Thieme et Becker 1913, IX, p. 559, 1934, XXVIII, pp. 349-351 ; Soulange-Bodin 1914, pp. 6-49 ; Roman 1919, p. 107 ; Audin et Vial 1919, p. 288 ; IFF, XVIII e , 1951, VII, P. Dr., n° 119 ; Coirault, Saint-Simon, Mémoires, II, pp. 156, 251-252 ; Constans 1995, II, p. 767, n° 4223 ; Zeigler 1996, pp. 161-162.

catalogues de ventes ( complément au Dictionnaire Mireur )

Vente par Musier et Knapen 1753, p. 16, n° 133 ; Mariette par Basan 1775, p. 370, n° 1106 ; Claude Drevet 1782, p.8, n° 31, p. 15, n° 131 ; Saint-Céran 1790, p. 9, n° 91.

catalogues d’expositions

Catalogue de l’exposition « Le Portrait gravé au XVIIe siècle en France », musée Dobrée à Nantes, Automne 1979, Nantes, 1979, n° 114, épreuve du troisième état.

Notes
1.

Moreri 1759, X, pp. 621-623.

2.

Bayle 1734, V, pp. 529-532.

3.

Michaud 1843-1857,XLIII-XLIV, pp. 417-434.

4.

Zeigler 1996, pp. 161-162.

5.

Voir également Coirault, Saint-Simon, Mémoires, II, pp. 156, 251-252. L’auteur donne des détails sur le caractère du maréchal de Villars.

1.

Inv. 7555 ; LP 4033. Voir Constans 1995, II, p. 767, n° 4223.

2.

Basan 1775, Vente Mariette, p. 370 n° 1106.