55. bignon (Jean-Paul) , d’après Hyacinthe Rigaud

1707 : 2e état  [1728 : 5e et 6e états]

Burin

H. 0,446, L. 0.345/9 au tr. c.; H. 0,447, L. 0,360 à la cuvette

Sur le pourtour de l’ovale : ioannes paulus bignon abbas s ti quintini comes consistorianus anno Æ tatis 45. Sur le dessus de la corniche : à g., Hycinthus [sic] Rigaud pinxit 1707 ; à dr., Petr 9 Drevet sculpsit 1707. ; au c. du socle, de part et d’autre d’un cartouche armorié : Offerebat humil - limus servus // gabriel - josephus // ganeau descra - melle tornacÆus. ;

En buste, sans mains, la tête tournée de trois quarts à gauche, le corps de trois quarts à droite, l’abbé porte une courte perruque. Il semble être vêtu de l’habit de conseiller d’état, mais il lui manque le cordon terminé par les deux pompons qui devraient se trouver sous le rabat. Armoiries des Bignon, surmontées d’une couronne comtale et des attributs d’abbé mitré : D’azur à la croix de calvaire d’argent, accolé d’un cep de vigne, terrassé de sinople fuité d’or, cantonné de 4 flammes du mesmes.

I : avant les prénoms du peintre et du graveur, avec la mention : ætatis 4 [sic], avec la dédicace,(Londres,V&A, E 266-1965 PP 75.). Vente Camberlyn 1865, cf. Mireur)

II : l’état décrit ; (BNF, Est. : Ed 99a rés., in-fol. ; Da 63, in-fol. Mf E066865 -Paris, ENSBA, fol. 1439 tournée rés., p. 47 - Versailles, Est., LP 65/56 - Londres BM - Londres, V&A - Philadelphie, MA - Rome, InG, Farnesina, 53777 - Vienne, Albertina)

III : état ci-après : non décrit à ce jour : avec les dates qui suivent les noms des artistes, avec les changements dans les inscriptions : dans la bordure de l’ovale les mots  anno ætatis 45  sont remplacés par decan. s. germ . ; sur le socle, la dédicace est remplacée par celle de F. Stephanus-Guillimin // Prædicator-Lugdunæus ;(vente Behague, 1877, cf. Mireur)

IV : identique à l’état précédent, mais les dates 1707 ont été grattées après les noms des artistes ; trois rides sont visibles dans le coin de l’œil gauche et des tailles verticales hachurent le rabat ; (BNF, Est. : Ed 99a rés. ; Da 63, in-fol., vol. 11, p. 122,Mf E066866 ; N3, in-fol., Mf D286410 -Bruxelles, BR, Est. - Londres, V&A - Stockholm, Nm) ; correspond au troisième état de Firmin-Didot.

V : la tête est vieillie : rides sur le front, sous les yeux, autour du nez et de la bouche, modelés aplatis ; la perruque est réduite, le rabat a été retouché en ht., à dr. ; nouvelle inscription sur le pourtour de l’ovale : Joan. Paul. Bignon abbas S ti Quintini com. consist. Biblioth. Reg. Præfect. Æ tat. An. 66  ; la dédicace des états III et IV a été remplacée par :   accademia - rum. prÆsidi // Offerebat joan - nes babt. durand // de montalet .- Clericus Parisinus. ; (Londres BM - Londres, V&A, E 268-1965 - Philadelphie, MA, 1985-052-04878) ;correspond à l’état IV de Firmin-Didot.

VI : semblable au Ve état, mais les mots Æ tat. An. 66  sont supprimés de la bordure ovale ; (BNF, Est. : Ed 99a rés. ; Da 63, in-fol.,p. 123, Mf E066867 ;N3, in-fol., Mf E286411 -Francfort, Städel - Londres, V&A – Washington, NGA, B, 27459) ; correspond à l’état V de Firmin-Didot.

Épreuves non consultées : Amsterdam, Rijks - Bologne, PN, G.D.S - Dresde, SK - Turin, BnU.

Firmin-Didot signale un état se trouvant à la Bibliothèque Impériale de Vienne et présentant les mentions suivantes : Peint par H’ Rigaud ; Gravé par P’ Drevet.

L’abbé Jean-Paul Bignon (Paris, 1662-1743), fils puîné de Jérôme Bignon, chevalier, conseiller d’État, avocat général au parlement de Paris, mort en 1697 et de Suzanne Phelyppeaux de Pontchartrain, entre très jeune dans la congrégation de l’Oratoire, étudie la théologie, la jurisprudence, les « langues savantes », la critique et la philosophie. Il prêche dans les principales églises de Paris et devant Louis XIV. En 1685 le roi lui donne l’abbaye de Saint-Quentin en l’Isle. Par lettres du 17 février 1693, il reçoit la charge de « prédicateur de sa Majesté » Le 15 juin de la même année, il est reçu à l’Académie française puis, nommé honoraire de l’Académie des Sciences et des Inscriptions et Belles Lettres. En 1701 il devient conseiller d’État ordinaire du roi ; par la suite il obtiendra les charges et fonctions de chef du bureau des affaires ecclésiastiques du royaume, doyen du conseil et bibliothécaire du roi. Après 1707 il reçoit le titre de doyen de l’église royale et collégiale de Saint-Germain-l’Auxerrois.

La contribution de l’abbé Bignon à l’accroissement de la bibliothèque royale est importante : il fait venir, en nombre, ouvrages imprimés et manuscrits. Sa charge de bibliothécaire du roi comprend celle « de Maître de la librairie, celle d’Intendant ou garde du Cabinet des livres manuscrits, médailles et raretés antiques et modernes, celle de garde de la bibliothèque du roi 1 ». Qualifié par Saint-Simon de « bel esprit et très savant » dont le prêche ne correspondait pas au mode de vie indécent qu’il affichait, l’abbé Bignon dût renoncer à se montrer en chaire et à tout espoir d’accéder à l’épiscopat. Cependant, soutenu par le Chancelier de Pontchartrain, son oncle, il est préféré aux évêques de Noyon, de Reims et de Meaux pour la charge de conseiller d’Église auprès du roi 2 . Sont à remarquer ses relations étroites avec le père de Sainte-Marthe (cat. P.-I. Dr. n° 33), érudit de la congrégation de l’Oratoire, ainsi que, généralement, avec les savants et lettrés de cette congrégation 3 . L’abbé Bignon est à l’origine de l’enregistrement, dans ses services, de chaque manuscrit dont l’impression était déterminée par l’avis d’un censeur 4 .

Biographie de Hyacinthe Rigaud : voir cat. P. Dr., n° 117.

Après avoir brossé trois portraits de l’abbé Jean-Paul Bignon en 1685, 1691 et 1694, Hyacinthe Rigaud demande en 1707, cent-cinquante livres pour un quatrième portrait 5 qui sera gravé la même année par Drevet. Après 1707, le commanditaire François Stephane Guillimin de Lyon fait tirer un nouveau portrait de Bignon nouvellement nommé au Doyenné de Saint-Germain l’Auxerrois : Drevet retouche le cuivre dans le visage et donne ainsi un troisième état à la gravure ; l’abbé a quarante–cinq ans. Van Hulst nous éclaire sur le cinquième état dont le commanditaire est le clerc parisien Jean-Baptiste Durand de Montalet, en décrivant le travail de Rigaud qui ne repeint que la tête de l’abbé alors âgé de soixante-six ans : « buste sans mains, le même rapporté ci-devant sous l’année 1707 et la même planche, où n’est changé que la tête repeinte pour faire cette estampe destinée pour la thèse de J.-B. Durand de Montalet. La tête repeinte d’après nature par M. Rigaud en 1728. Gravé en 1728. Drevet père 6 ». Mariette emploie les mêmes termes dans ses notes manuscrites

Gravé, également d’après Rigaud, par Ch. Simonneau en 1695, Duflos, Thomassin en 1709, et par Pitau, G.-F. Schmidt et chez Odieuvre.

(Voir vol. I : pp. 171, 178, 203, 256).

bibliographie

Mariette 1740-1770, III, f° 46 r°, n° 16, VII, fos 15, 22 ; Moreri 1759, II, p. 436 ; Lelong 1775, p. 149 ; Paignon-Dijonval 1810, 7429 ; Nagler 1836, III, p. 475 et 1843, XIII, p. 184  ; Dussieux & coll. 1854, II, pp. 186, 197 ; Le Blanc 1856, II, P. Dr., n° 23 ; Firmin-Didot 1876, P. Dr., n° 22 ; Firmin-Didot 1877, P. Dr., n° 408 ; Pradel (Du) 1692-1878, II, p. 296 ; Portalis et Beraldi 1881, II, p. 17 ; Rondot 1896, p. 109 ; Mireur 1910, II, pp. 533-535, 537, 538, 540 ; Soulange-Bodin 1914, pp. 6-49 ; Roman 1919, p. 131 ; Audin et Vial 1919, p. 287 ; Jougla de Morenas 1975, II, p. 123 ; IFF XVIII e 1951, VII, P. Dr., n° 18 ; Lugt 1938, 151, V-V ; Martin 1969, II, pp. 760-764 ; Coirault 1983, Saint-Simon, Mémoires, I, p. 817.

catalogues de ventes (complément au Dictionnaire Mireur)

Mariette par Basan 1775, p. 368, n° 1093.

Notes
1.

Moreri 1759, II p.436.

2.

Coirault 1983, Saint-Simon, Mémoires, I, p. 817.

3.

Martin 1969, II, p. 760.

4.

Martin 1969, II, p. 764.

5.

Roman 1919, p. 131.

6.

Dussieux & coll. 1854, II, p. 197.