56. cotte ( Robert de ), d’après Hyacinthe Rigaud

S. d. [1717-1722]

Burin ; traits échappés le long des b. g. et dr. de l’image

H. 0,387, L. 0,299 au tr. c. ext.; H. 0,425, L. 0,303 à la cuvette

Sous le tr. c., en bas : à g., Peint par Hyacinthe Rigaud ; à dr., Gravé par Pi. re Drevet pour l’Académie ; au-dessous, au c. de la marge, de part et d’autre des armoiries : robert - de cotte // Chevalier de l’Ordre de S t Michel, Con. er du - Roy en ses Conseils, premier Intendant // des Bâtimens, Jardins, Arts, et Manufactu res . - de sa Majesté, Directeur de l’Académie // Royale d’Architecture, Et viceprotecteur de - celle de Peinture et Sculpture ;

Le personnage se tient debout, à mis-corps, entre une table située au premier plan et un fauteuil. Il est présenté de trois quarts tourné à gauche, la tête et le regard de trois quarts à droite. La main droite est appuyée sur un livre entr’ouvert tenu verticalement tandis que l’index gauche désigne des feuillets ainsi qu’un compas et une équerre posés sur l’angle de la table. Armoiries entourées du collier de l’ordre de Saint-Michel, surmontées d’une couronne comtale  : D’argent à deux faces de gueules chargées, la première de trois trèfles d’or, la seconde de deux trèfles aussi d’or; au chef d’azur, chargé d’une aigle d’or ; supports : deux aigles.

I : avant la lettre ; (cité par Le Blanc qui attribue la planche à Pierre-Imbert).

II : l’état décrit ; (BNF, Est., Ed 99a rés., in-fol. - Francfort, Städel - Londres, V&A New York, M.M Philadelphie, MA - Stockholm, Nm - Vienne, Albertina).

III : changements dans la lettre : remplacement de en  ses Conseils, premier Intendant // des Bâtimens...  par : en ses Con. s prem. r Architecte, Intendant // des Bâtimens ; (BNF, Est. : Ed 99a rés. in-fol. ; Da 64, in-fol.,p. 113, Mf E67037 ; N2, in-fol., Mf D120332 ; N3, in-fol., Mf D287299 ; s.n.r., à Drevet – Nantes, Dobrée, 896-1-2246 - Paris, ENSBA, fol. 1439 rés., p. 62 - Bruxelles, BR, Estampes - Genève, MAH, Estampes - Londres, V&A - Madrid, MN - New York, MM - Philadelphie, MA - Rome, InG, Farnesina, 53836 et Calcografia, 3175/2709 - Stockholm, Nm - Vienne, ABK, Kupferstichkabinett)

Épreuves non consultées : Caen, MBA - Strasbourg, Estampes - Amsterdam, Rijks.

Depuis Firmin de Cotte né en 1591, les de Cotte sont architectes du roi de père en fils. Son fils, Charles de Cotte, né en 1622, architecte du roi, épouse en 1655 Anne Du Fay dont il a Robert de Cotte (1657-1735) 1 . Robert de Cotte succède à Hardouin-Mansart comme premier architecte du roi. Il est nommé contrôleur et directeur des bâtiments, manufactures et médailles en 1707. Architecte prolifique de l’architecture civile et religieuse de la fin du XVIIe siècle et du début du XVIIIe, il dessine, entre autres édifices, la chapelle du palais de Versailles, le portail de l’église Saint Roch à Paris, le palais épiscopal de Strasbourg, la place Royale de Bordeaux, la place Bellecour de Lyon. Il élève palais et châteaux en Allemagne et en Italie et donne les plans du palais royal de Madrid en Espagne 2 . Jules-Robert de Cotte, son fils né en 1683, devient Intendant des Bâtiments du roi et membre de l’Académie d’Architecture en 1711.

Rigaud mentionne ce portrait à la date de 1713 ; il en demande mille livres. Le tableau est conservé aujourd’hui au musée du Louvre 3 .

Le 6 octobre 1703, Coyzevox, alors directeur de l’Académie, impose à Pierre Drevet pour sa réception, le portrait de Robert de Cotte 1 . Le 30 juillet 1707, le graveur, n’ayant pu remettre son morceau dans le temps imparti, propose à l’Académie d’accepter le cuivre du Portrait de Le Brun gravé par Edelinck d’après de Largillierre 2 , puis en 1710, il offre l’estampe encadrée représentant le Portrait de la duchess de Nemours 3 (cat. P. Dr., n° 31), gravé par lui-même d’après Rigaud. Il ne remettra son morceau de réception qu’en 1722.

En dépit des procès-verbaux de l’Académie attestant l’attribution de la gravure à Pierre Drevet le père et la mention de Mariette : « gravé par Drevet le pere pour son morceau de reception à l’Académie de peinture, d’après Hiacinthe Rigaud », Huber et Rost, Le Blanc, Defer (Catalogue Général), Bellier et Auvray persistent à attribuer le portrait de Robert de Cotte à Pierre-Imbert, sans doute en raison de la date tardive de son achèvement. Pierre-Imbert n’a été agréé à l’Académie qu’à partir de 1724, et n’a pas eu le temps d’exécuter le travail requis pour sa réception. Pourquoi aurait-il terminé le morceau de réception de son père en 1722 ? Firmin-Didot se référant à Van Hulst, mentionne que Pierre Drevet a gravé le portrait en 1713, la même année que l’exécution du portrait peint par Rigaud. Après vérification, Van Hulst ne mentionne pas 1713 mais 1717. D’autre part, Portalis et Beraldi s’interrogent sur une éventuelle collaboration de Pierre-Imbert au travail de cette planche, sans donner d’explications. Quant à Mireur, il classe le portrait soit au nom de Pierre, soit au nom de Pierre-Imbert. En définitive, entre 1717 et 1724, soit entre cinquante-quatre et cinquante-neuf ans, Pierre Drevet était tout à fait capable de terminer seul son morceau de réception.

L’estampe se présente en contrepartie du tableau. Ce portrait constitue l’un des chefs-d’œuvre de Pierre Drevet. Le cuivre est conservé à la chalcographie du Louvre 4 . Il existe une épreuve en contrepartie de l’estampe de Pierre Drevet, inscrite dans un ovale, sans le nom du graveur (BNF, Est., N3, in-fol., Mf D 287300).

(Voir volume I, pp. 70-73, 164).

bibliographie

Mariette 1740-1770, III, f° 48 v°, n° 98, VII, f ° 17 ; Lelong 1775, p. 175 ; Huber 1787, P.-I. Dr., p. 256 ; Huber et Rost1797, VIII, p. 8 ; Joubert 1821, I, P-I. Dr, p. 437 ; Paignon-Dijonval 1810, 7592  ; Nagler 1836, III, p. 478 et 1843, XIII, p. 186 ; Van Hulst, cf., Dussieux et coll. 1854, p. 191 ; Le Blanc 1856, P-I. Dr. n° 23 ; Villot 1860, p. 119 n° 1876 ; Firmin-Didot 1876, P. Dr., n° 34 ; Firmin-Didot 1875-1877, P. Dr., n° 418 ; Portalis et Beraldi 1881, II, p. 17, n° 14 ; Bellier et Auvray 1882, I, pp. 446-447 ; Bryan 1893, I, p. 425 ; Rondot 1896, p.109 ; Mireur 1910, II, pp. 534, 538, 540, 542-546 ; Fontaine 1910, p. 246, 2399-2 ; Thieme et Becker 1913, IX, p. 560 ; Soulange-Bodin 1914, pp. 6-49 ; Roman 1919, p. 168 ; Brière 1924, p. 224, n° 790 ; Duportal 1926, p. 34, pl. IX ; Audin et Vial 1919, p. 287 ; Angoulevent 1933, n° 2145 ; IFF XVIII e 1951, VII, P. Dr., n° 36 ; Rosenberg, Reynaud, Compin 1974, II p. 84 n° 725, pp. 188, 215 ; Jougla de Morenas 1975, III, p. 68 ; Allister Johnson 1982, pp. 95-97,n° 37 ; Préaud 1982, 23 pp. 22-23 ; Turner et Macmillan 1996, IX, p. 296 ; Fossier 1997, pp. 47-94 ; Brême 2000, pp. 46-47 ; Thieme et Becker-Saur 2001, XXIX, p. 409.

catalogues de ventes (complément au Dictionnaire Mireur)

Vente par Musier et Knapen 1753, p. 16, n° 134 ; Mariette par Basan 1775, p. 368, n° 1092 ; Hallé 1781, n° 138.

catalogues d’expositions

Catalogue de l’Exposition au musée Dobrée, automne 1979, « Le portrait gravé au XVIIe siècle en France » Nantes, 1979, n° 141 ; Catalogue de l’Exposition au Musée-Galerie de la Seita, du 12 mai au 12 juin 1982, « Les morceaux de réception des graveurs de l’Académie Royale des Beaux-Arts (1655-1789) », Paris, 1982, n° 23, pp. 22-23 5 .

Notes
1.

Jougla de Morenas

2.

Voir Fossier 1997, pp. 47-94.

3.

Inv. n° 232, dimensions : H. 1,20, L. 0,92 m . Voir Rosenberg, Reynaud, Compin 1974, II, p.84, n° 725,

p. 188, 215.

1.

P-V, III, pp. 374-375, annexes p. 62.

2.

P-V, IV, p. 48. Voir annexes, III, p. 64.

3.

Voir Allister Johnson 1982, pp. 95-97, N° 37 et Préaud 1982, 23, pp. 22-23.

4.

Villot 1860, n° 1876, Angoulevent 1933, n° 2145.

5.

Voir Préaud 1982, n° 23, pp. 22-23.