57. cromwelL (Lord Olivier) , d’après Adriaen Van der Werff

[1697 : 1èreédition ; de 1707 à 1713 : 2e édition]

Burin

H. 0,297, L. 0,174 au tr. c. ; H. 0,314, L. 0,187 à la cuvette

Sous le tr. c. : à g., Vander Werff pinxit ; à dr., Petr. Drevet Sculpsit ; sur la tablette du socle, au c. : Olivier cromwel // Protecteur ;

Présenté en buste sans mains, enchâssé dans un ovale, tourné de trois quarts vers la droite et portant une armure. On discerne, dans le fond à droite, une charge de cavalerie. Sur le socle, sont gravés les attributs de ce tyran : de droite à gauche, une épée, un bâton de commandement, une peau de renard, deux masques, un serpent la gueule ouverte et une balance.

Un seul état connu : l’état décrit ; (BNF, Est. : Ed 99a rés., in-fol. ; N2, in-fol., vol. 386, Mf D121593 - Paris, Biblioth. Ste Geneviève - Amsterdam, Rijks - Amsterdam, Universiteitsbibl. Baltimore, MA - Bruxelles, BR. - Dresde, SK - Londres, BM - Londres, V&A - Philadelphie, MA - Stockholm, Nm – Turin, BnU - Vienne, Albertina - Vienne, ABK, Kupferstichkabinett)

Élu à la Chambre des communes en 1640, Cromwell (1599-1658), prend la tête de l’opposition au pouvoir royal. Il est nommé lieutenant de Fairfax (cat. P. Dr. n° 59) au parlement, et prend rapidement le dessus levant une puissante armée contre le roi Charles Ier qu’il bat et fait exécuter en 1649. En 1650, la République est proclamée ; en 1653, après avoir dissout le parlement et établi une nouvelle constitution, il est nommé lord-protecteur de la République d’Angleterre. Il institue, en fait, un régime dictatorial qui devait durer jusqu’à sa mort le 13 septembre 1658 à l’âge de 59 ans. Isaac de Larrey précise : « …en 1649 on la vit [la République] en moins de deux ans subjuguer tout ce qui s’opposait à son établissement en Angleterre, en Ecosse & en Irlande […] rétablir son commerce et équiper une puissante flotte capable d’assurer ses côtes & de porter la terreur chez ses voisins […] Mais Cromwell y eut toujours [au Parlement] la principale place, soit par ses intrigues, soit par sa qualité de General, & dès lors il parut assez en être le chef jusqu’à ce qu’enfin il s’en fit le maître. C’est ce qu’il fit lors qu’il le cassa le 20 d’avril 1653 & c’est ce qu’il exécuta encore plus hautement le 16 décembre suivant, lors qu’il se fit donner le titre de Protecteur 1 »

Biographie et monographie de Van der Werff : voir cat. P. Dr., n° 14 et Barbara Gaehtgens 2 .

Van der Werff, (1659-1722) n’a pas connu Cromwell puisqu’il est né un an après la mort du tyran. Il ne s’agit donc pas d’un portrait brossé « ad vivum ». Le modèle est une grisaille 3 qui appartient à une série de soixante-six grisailles de mêmes dimensions, dont cinquante ont été réalisées par Adriaen van der Werff pour les gravures du recueil d’Isaac de Larrey. Pour ces raisons, l’estampe présente un manque de naturel du personnage, un manque de sensibilité du burin donc une certaine raideur que l’on retrouve dans les portraits de Charles II et de Fairfax (cat. P. Dr., nos 14, 59). Ces grisailles sont conservées à la Koninklijk Huisarchief (Archives Royales) à La Haye 4 .

Loin d’atténuer le rendu statique et certainement peu avenant du modèle, Pierre préfère interpréter l’armure et les attributs dont la peau de renard est le couronnement.

Faut-il ajouter qu’il n’était pas coutumier pour la société de ce siècle débitrice de Louis XIV, de flatter un « révolutionnaire » tombeur de tête royale ?

Ce portrait a été gravé par Drevet ainsi que ceux de Charles II et de Fairfax pour l’Histoire d’Angleterre d’Ecosse et d’Irlande écrite par Isaac de Larrey, dont les éditions ont paru à Rotterdam en 1697, chez Reinier Leers 1 , et en 1707 et 1713 (4 vol. in-fol. Bibliothèque Sainte-Geneviève, O, 37). Cromwell y figure au tome IV. Toutes les gravures de cet ouvrage ont été réalisées d’après Adriaen Van der Werff. Drevet a gravé pour ce recueil, uniquement ces trois portraits. La Bibliothèque universitaire d’Amsterdam signale une troisième édition en 1728-1730 à Amsterdam.

L’épreuve du même état, conservée à l’Albertina, est très belle.

(Voir volume I : p. 69, 110, 174, 208).

bibliographie

Larrey 1707-13, IV, p. 327 ; Mariette 1740-1770, III,f° 47 r°, n° 58 ; Moreri 1759, IV/1, pp. 286-288 ; Huber 1787, I, p. 256 ; Huber et Rost 1797, VIII, p. 3 ; Nagler 1836, III, p. 476 ; Le Blanc 1856, II, P. Dr., n° 43 ; Firmin-Didot 1876, P. Dr., n° 35 ; Portalis et Beraldi 1881, II, p. 17, n° 11 ; Bryan 1893, I, p. 425 ; Dauze 1895, I, p. 525 ; Mireur 1910, II p. 537 ; Audin et Vial 1919, p. 287 ; Thieme & Becker 1942, XXXV, pp. 393-394  ; IFF XVIII e 1951, VII, P. Dr., , n° 38 ; Gaehtgens 1987,n° 130.14, ill. p. 394 ; Thieme et Becker-Saur 2001, XXIX , pp. 408-410.

Notes
1.

Larrey 1713,IV, pp. 273 et 327.

2.

Gaehtgens 1987, cat.n° 130.14, ill. p. 394.

3.

Huile sur toile marouflée, dimensions : H. 0,340, L. 0,230.

4.

Ce renseignement m’a été transmis par Taio Dihhils, conservateur au Rijks Museum, que je remercie.

1.

Dauze 1895, p. 525.