62. lillienstedt (Jean-Paul de), d’après Schild

1710

Burin ; traits échappés en ht, b. g. et b. dr.

H. 0,413/4, L. 0,293 au tr. c. ; H. 0,430, L. 0,300 à la cuvette

Sur le pourtour de l’ovale, de part et d’autre d’un cartouche armorié : joannes[fleuron] pau - linus a [fleuron] lilliensted; sur face du socle, dans un cartouche décoré supportant les armoiries : j.p. à lillienstedt, Supr. Reg. Tribunalis Wismar. V. Præses et // Director, nec non ad Tractatus Holsat. et negotia Circuli Inf. Saxon. // Ablegatus Extr. et Plenipot ; Hæredit et Dominus in Divitz Fravendorff // Zatel, Lensœ, Cumblencés et Johannesberg. ; au-dessous, au c., quatre vers : Esse sed apparere minus qui semper amavit, // Apparet tabulâ, Schildie belle tuâ ; // Attamen ingenium mirandaque dona Minervæ, // Quæ fovet haud ulli pandere posse datum. ; sur la face du socle : à g., Schild pinx. Hamb. ; à dr., P. Drevet Sculp. Paris 1710. ;

Traduction des quatre vers en latin : Lui qui toujours a préféré l’être au paraître,

Schild, il apparaît gracieux sur ton tableau.

Mais son génie et les dons étonnants de Minerve,

Qu’il cultive, il ne lui fut donné de les manifester à personne.

En buste, sans mains, tourné de trois quarts à gauche, le regard de face, la tête couverte d’une longue perruque, le personnage porte sur l’épaule gauche un manteau à larges plis. Un cartouche circulaire et orné présente les armoiries surmontées d’une couronne de marquis et soutenues par un tigre.

I : avec la verrue sous l’œil dr. et sans la fossette, avant les travaux dans le visage, avec une ombre portée à g. ; (Philadelphie, MA - Vienne, Albertina)

II : l’état décrit ; sans la verrue mais avec une fossette au menton ; avec les travaux dans le visage et l’absence d’ombre portée à g. ; (BNF, Est. : Ed 99b rés., in-fol. ; N2, in-fol., vol. 1061, Mf D192001 - Francfort, Städel - Londres, V&A - Rome InG, Farnesina, 53828 - Stockholm, Nm)

Épreuves non consultées : Amsterdam, Rijks - Dresde, SK.

La Suède ayant servi d’intermédiaire pour les traités de la paix de Ryswick en 1697, la France avait gardé de bonnes relations avec ce pays. Lillienstedt a été nommé envoyé extraordinaire et plénipotentiaire du roi de Suède au traité de Holstein ainsi que pour les affaires du Cercle de la Basse Saxe.

Il n’existe pas de renseignements sur un peintre nommé Schild en activité à Hambourg en 1710. On ne connaît qu’un Johann-Mathias Schild, né en 1701 à Düsseldorf et mort à Bonn en 1775. Bien qu’il soit peintre de gibiers et portraitiste et qu’il ait travaillé pour la cour des princes allemands Clemens-August et Max-Friedriche, il ne peut avoir peint le portrait de Lillienstedt en 1710.

Mariette mentionne cette planche dans l’œuvre de Drevet le père. Le Blanc dit que Pierre-Imbert en est l’auteur, bien qu’elle soit datée de 1710. A cette date, Pierre-Imbert n’a que treize ans. Le bruit avait couru, à l’époque, qu’il avait gravé une planche « à l’âge de treize ans, et qui, dans bien des parties, peut faire le désespoir des graveurs consommés 1  ». Nombreux sont les auteurs de dictionnaires et de catalogues qui ont souscrit à ces propos, compte-tenu des talents très précoces de Pierre-Imbert. Sans l’admettre, Firmin-Didot pense qu’il s’agit peut-être du Portrait de Lillienstedt. Mais Pierre-Imbert, bien que très doué, n’a, à ma connaissance, pas encore gravé de portrait à treize ans. Il suivait son apprentissage en copiant des estampes religieuses qui, certes, étaient déjà d’une grande qualité. La gravure dont il s’agit pourrait être la Présentation de la Vierge au Temple, d’après Charles Le Brun. Cependant la réalisation de ce portrait est d’une telle finesse et d’un tel velouté qu’il fait penser au travail de Pierre-Imbert dès 1716 et 1719, ce qui a pu tromper Firmin-Didot.

Pierre Drevet le père étant en pleine possession de ses moyens à cette époque et au faîte de son talent et de sa notoriété, l’attribution de ce portrait doit lui être dévolue sans conteste.

(Voir volume I : pp. 77, 174, 258).

bibliographie

Mariette 1740-1770, III, f°, 47 v°, n°68 ; Wattelet et Levesque 1792, II, pp. 593-594 ; Paignon-Dijonval 1810, p. 85, n° 2284  ; Nagler 1836, III, p. 478 ; Le Blanc 1856, II, P.-I. Dr, n° 32 ; Firmin-Didot 1876, P. Dr., n° 89 ; Firmin-Didot 1875-1877, P. Dr., n° 464 ; Portalis et Beraldi 1881, II, p. 19, n° 30 ; Mireur 1910, II, p. 539 ; Audin et Vial 1919, p. 287 ; IFF XVIII e 1951, VII, P. Dr., n° 75 ; Thieme et Becker-Saur 2001, XXIX, p. 409.

Notes
1.

Watelet et Levesque 1792,II, pp. 593-594.