S. d. [1696, date de l’édition]
Burin ; traits échappés, b. dr. en ht., et b. g. ; à g. et à dr. du bord ht.
H. 0,365, L. 0,305 au tr. c. ; H. 0,417, L. 0,324 à la cuvette
Dans l’image, sur la feuille de papier posée sur la table : Mihi // autē // adhæ // rere // Deo // bonū // est . Sous le tr. c. à g. : Champagne jun. Pinx. ; à dr. : P. Drevet Sculp. ; au c. : M re . Antoine Arnauld // Prestre Docteur en Theologie de la Maison et Société de Sorbonne, Né le // 5. fevrier 1612. Mort le 8. Aoust 1694. ;
Assis devant une table, tourné de trois quarts vers la droite, le regard de face, le personnage tient une plume d’oie de la main droite et le feuillet sur lequel il a écrit de la main gauche. Il porte un manteau bordé de fourrure. La tête est couverte d’un calot d’où partent des mêches de cheveux.
I : avant toute lettre et avant l’inscription sur le feuillet ; (BNF, Est., Ed 99a rés., in-fol. -Londres, BM - Londres, V&A - Vienne, Albertina)
II : état ci-après, non décrit à ce jour : avant l’inscription sur le feuillet ; avec les noms de Champagne et de Drevet et la lettre suivante : Messire Antoine Arnaud // Prestre Docteur en Theologie de la Maison et Societe de Sorbonne, Né le // 3 e fevrier 1612. et mort le 8 Aoust 1694. ; (BNF, Est., N2, in-fol., vol. 64 bis, Mf D077517)
III : l’état décrit, avec l’inscription sur le feuillet et la date du 5 février. Le nom est orthographié Arnauld ; la disposition de la lettre est différente ;
(BnF., Est. : Ed 99a rés., in-fol. ; N2, in-fol., vol. 64 bis, D077516 -Paris, Bibl. Ste Geneviève - BML, fds ancien - Versailles, Est., LP 33/72 -Amsterdam, Rijks. - Bruxelles, BR, Estampes ; Genève, MAH, Estampes - Londres, BM - Londres, V&A - Philadelphie, MA - Stockholm, Nm) ; correspond à l’état 2 décrit par Firmin-Didot et par l’IFF.
Contre-épreuve de cet état ; ( BnF., Est. : Ed 99a rés., in-fol.)
Épreuves non consultées : Clermont-Ferrand, ms de la ville - Strasbourg, Musées, Estampes.
Fils d’Antoine Arnauld, avocat, né à Paris le 6 février 1612, le père Antoine Arnauld est le vingtième enfant issu du mariage de son père avec Catherine Marion. Il fait ses « Humanités » au collège de Calvi [emplacement actuel de la Sorbonne], puis commence des études juridiques avant de s’orienter définitivement vers la théologie. Il est ordonné prêtre en septembre 1641 et soutient sa thèse en décembre 1641 1 . M. de Saint-Cyran le choisit, pour remplacer Jansénius 2 , directeur spirituel de la communauté de Port-Royal, emprisonné à Vincennes par Richelieu. Théologien confirmé et reconnu, Antoine Arnauld s’engage dans la lutte contre la morale des Jésuites qu’il juge relâchée et contre les mœurs de la Cour qu’il considère légères. Ses ouvrages intitulés la Théologie morale des Jésuites et en 1643 et le Traité de la Fréquente Communion attirent sur lui la haine des Jésuites et de leurs alliés, non seulement parce-qu’il se présente comme le doctrinaire de Port-Royal mais parce-qu’il appartient à la nombreuse famille des Arnauld, membres de cette institution 3 . Devant les réactions violentes de ses adversaires, il continue le combat avec plus de discrétion 4 . En 1668, la paix du Jansénisme étant intervenue, « il alla faire la révérence au roi et au nonce, et parut autant qu’il voulut en public, jusques à ce qu’en 1679, il se retira volontairement hors du Roiaume, parce qu’il sut que ses ennemis le rendoient suspect au roi… 1 » La lettre qu’il écrit à l’archevêque de Paris illustre le climat dans lequel œuvrait Antoine Arnauld avant de s’expatrier à Bruxelles, ville d’origine des Champaigne 2 . Le marquis de Dangeau signale dans son journal à la date du 16 août 1694 : « On a nouvelles que M. Arnauld est mort… 3 ». Outre les sujets théologiques, Antoine Arnauld traita de nombreux thèmes éloignés de ce domaine, tels que : Objections sur les méditations métaphysiques de M. Descartes ; en 1660, Grammaire générale et raisonnée puis Elémens de Géiométrie, l’Art de penser, Lettres à M. Perrault touchant les Satyres de M. Despréaux, etc. 4
Jean-Baptiste de Champaigne (Bruxelles 1631-Paris 1681), neveu de Philippe de Champaigne, arrive à Paris en 1643, à la demande de son oncle, à la suite du décès de Claude de Champaigne, le fils du peintre. Nous savons par Félibien qu’« étant d’une humeur douce et facile, [il] n’eût pas de peine à se rendre complaisant & soumis aux volontez de son oncle… 5 » Philippe de Champaigne et son neveu, entretiennent des relations d’amitié avec ces Messieurs et ces Dames de Port-Royal. Les commandes de tableaux affluent. Plus d’une fois, Philippe, pressé par le temps, donne ses oeuvres à terminer à Jean-Baptiste 6 . Celui-ci fait le voyage d’Italie, mais n’y reste que quinze mois « sans prendre d’autre goût que celuy que les ouvrages de son oncle luy avoient inspiré 7 ». Il avait été reçu Académicien en 1663.
Le portrait d’Antoine Arnauld a été peint avant le 28 octobre 1681, date de la mort de Jean-Baptiste de Champaigne 8 . Une copie dans un ovale du tableau le représentant assis, connu par la gravure de Simonneau, se trouve au musée de Versailles, École française de la 2e moitié du XVIIe siècle 9 . Le portrait a été commandé à Drevet pour l’édition de l’ouvrage de Charles Perrault Les hommes illustres qui ont paru en France pendant ce siècle, Paris chez Antoine Dezallier, 1696-1700, 2 tomes en un volume 1 0. Dans cet ouvrage, seul le portrait gravé d’Arnauld, d’après Jean-Baptiste de Champaigne, porte le nom du peintre. L’estampe est présentée dans le même sens que la copie de Versailles.
Le portrait d’Antoine Arnauld, d’après Jean-Baptiste de Champaigne, a été gravé également par Edelinck en 1696, puis en 1697 par Desrochers in-octavo.
Souvent, pour les portraits d’ecclésiastiques qui se sont illustrés par leur sainteté ou par leur courage, c’est ici le cas, Drevet met la dextérité de son burin au service de l’expression, interprétant l’environnement du personnage par des tailles et des contre-tailles simples, beaucoup moins riches qu’à l’ordinaire. (Voir volume I : p. 60).
bibliographie
Félibien, 1688, V, p. 253 ; De Piles 1699, p. 509 ; Bayle 1734, I, pp. 495-507 ; Mariette 1740-1770, III, f° 46 r°, n° 20 ; Moreri 1759, I, pp. 350-357 ; Lelong 1775, p. 138 ; Soulié, Dussieux 1854, Dangeau, III, p. 180, V, p. 59-60 ; Le Blanc 1856, II, P. Dr., n° 15 ; Firmin-Didot 1876, P. Dr., n° 14 ; Firmin-Didot 1875-1877, P. Dr., n° 401 ; Fidière 1883, p. 34, LXVII ; Dauze, 1895, I, p. 704 ; Mireur 1910, II, p. 534, 538 ; Audin et Vial 1919, p. 287 ; Calot et Michon 1927, pp. 14 et suivantes ; IFF XVIII e 1951, VII, P. Dr.,n° 11 ; Delassault1952, pp. 29-32 ; Orcibal1952, pp. 18-27 ; Coirault, Saint-Simon, Mémoires, II, 331, III, 629-630, IV, 41-50. ; Constans 1995, I, p.149, n° 840.
catalogues de ventes (complément au Dictionnaire Mireur )
Vente par Musier et Knapen 1753, n° 177 ;Mariette par Basan 1775, p. 368, n° 1091.
Bayle 1734, I, pp. 495-507.
Voir aussi Carrière 1936, III, pp. 513-635.
Voir Coirault, Saint-Simon, Mémoires, II, pp. 331, 629-630, IV, pp. 41-50 : renseignements complémentaires sur Antoine Arnauld, le jansénisme et le début de la persécution
Calot et Michon 1927, pp.14 et suivantes.
Bayle 1734, I, pp. 495-507.
Mss. fr. n.a., 4385, f°s 61 à 68. Voir annexes, vol. III, p. 71-72.
Soulié, Dussieux et coll. 1854, III, p.180 ; V, p. 60.
Moreri 1759, I, p. 350-357.
Félibien 1688, V, p. 253.
Delassault1952, pp. 29-32.
De Piles 1699, p. 509.
Fidière 1883, p. 34, LXVII.
Constans 1995, I, pp. 149, 840.
0 Orcibal 1952, pp. 18-27.