83. ranc É (Armand-Jean le bouthillier de), d’après Hyacinthe Rigaud

S. d. [1700-1702]

Burin

H. 0,124, L. 0,080 au tr. c. ; H. 0,134, L. 0,088 à la cuvette

Sur la face du socle : monsieur de rancÉ abbÉ et // reformateur de la trappe // Quem mirare Senem christi patientis imago est : // Moribus et Scriptis Spirat et ore crucem // F. B. ; sous le tr. c. : à g., H. Rigaud pinx. ; à dr., P. Drevet Sculp. ;

En buste, sans mains, la tête et le corps tournés de trois quarts vers la gauche, l’abbé regarde vers la gauche, la tête couverte d’une capuche.

Un seul état connu : l’état décrit  ; (BNF, Est. : Ed 99b rés., in-fol. ; Da 63, in-fol., p. 128, Mf E066878 ; N2, in-fol., vol. 1590, Mf D244956 ; s.n.r., à Drevet - Paris, ENSBA, fol. 1439 rés., p. 32 - Paris, Biblioth. Ste Geneviève, inv. 3832/H-948, rés. - BML, fds ancien, 323636 - Dresdre, SK - Londres, BM - Londres, V&A - Philadelphie, MA - Vienne, Albertina)

L’abbé Armand-Jean Le Bouthillier de Rancé (Paris 1626-1700), réformateur de la Trappe, est le fils de Denys Le Bouthillier, seigneur de Rancé, secrétaire des Commandements de la reine Marie de Médicis, et de Charlotte Joly de Fleury. Il est également le neveu de Claude Le Bouthillier de Chavigny, Secrétaire d’État et surintendant des finances. Il reçoit la tonsure en 1635 et, dès dix ans, est nommé chanoine de Notre-Dame de Paris. Passionné très tôt par les « belles lettres », il publie à l’âge de douze ans une nouvelle édition des Poésies d’Anacréon avec les notes. Pourvu de plusieurs prieurés et de trois abbayes, dont celle de la Trappe, il est encore nommé chanoine de l’église de Tours. Il étudie la théologie à la Sorbonne, est ordonné prêtre en 1651 et reçoit le bonnet de docteur en février 1654. Son esprit et sa vivacité, sa délicatesse et son bon goût, sa probité et sa franchise lui attirent l’estime de la cour. Outre ces qualités, l’ambition et l’amour de la gloire sont à cette époque ses principales faiblesses. Il aime les plaisirs de la cour et particulièrement celui de la chasse. Il se convertit en 1663, à l’âge de trente-sept ans pour entrer dans la vie monastique 1 . Jean-Armand de Rancé se retire à la Trappe, vend ses biens et donne sa bibliothèque à l’abbaye de la Trappe. Avec l’aide des pères de l’Etroite Observance de Cîteaux, il entreprend la réforme de la congrégation. Ses principales occupations ont été la prière et l’écriture dans un cadre très simple et dans une extrême pauvreté 2 . Parmi les œuvres écrites on note en 1702 les Maximes Chrétiennes et Morales, les Méditations sur la règle de Saint Benoît, en 1703 Conduite chrétienne adressée à son Altesse Royale Madame de Guise 3 .

En 1695, le duc de Saint-Simon insiste auprès de Rigaud pour obtenir un portrait du saint homme. Le déplacement de Rigaud à la Trappe, accompagné par le duc, s’effectue la même année. Le peintre ne reste que quatre jours à la Trappe, pendant lesquels il ne voit l’abbé que trois fois. Le portrait a été réalisé de mémoire, le saint homme ne consentant pas à se faire portraiturer 4 . Saint-Simon et Van Hulst parlent tous deux d’une ressemblance parfaite.

Rigaud note ce portrait à l’année 1697. Il demande neuf cents livres à Saint-Simon. Après avoir appartenu au duc, le tableau original se trouve actuellement au scriptorium de la Trappe à Soligny-la-Trappe (Orne) 1 .

La gravure de Drevet représente l’abbé de Rancé tourné vers la gauche à l’inverse du tableau de Rigaud. Van Hulst fait une erreur en déclarant « Petit buste tourné à droite et ainsi en contre-épreuve du tableau ». La date avancée par Van Hulst pour la réalisation de la gravure est celle de la mort de l’abbé en 1700 2 . Le portrait gravé par Drevet figure dans le premier tome de l’ouvrage de l’abbé Pierre de Maupéou paru in-octavo en 1702 : La Vie du très révérend père Dom Armand Jean le Bouthillier de Rancé, abbé réformateur de la Trappe, dédié au roy, A Paris, chez Laurent d’Houry 3 .

Malgré le petit format du cuivre, Pierre Drevet a su mettre en valeur le visage et le regard de l’Abbé de Rancé sans trahir le très beau portrait de Rigaud.

De nombreuses interprétations gravées du portrait de Rancé par Rigaud ont été exécutées. Parmi elles, sont à dénombrer celle de J. Crespy, in-quarto, pour la Vie de Armand-Jean Le Boutillier… par l’abbé de Marsollier en 1703, celles de Giffart, Bazin, Fillœul, Thomassin, Desplaces, Desrochers (voir BNF, Est., œ uvre de Rigaud).

(Voir volume I : pp. 108, 136, 207).

bibliographie

Mariette 1740-1770, III, f° 46 r°, n° 25, VII, f° 8 ; Moreri 1759,IX, pp. 46-48 ; Lelong 1775, p. 157, n° 9 ; Paignon-Dijonval 1810, 7443 ; Nagler 1836, III, p. 479 et 1843, XIII, p. 184 ; Soulié, Dussieux & coll. 1854,III, Saint-Simon, pp. 253-264 ; Dussieux & coll. 1854, II, pp. 118, 165 ; Le Blanc 1856, II, P. Dr., n° 77 ; Firmin-Didot 1876, P. Dr., n° 109 ; Firmin-Didot 1875-1877, P. Dr., n° 475; Portalis et Beraldi 1881, II, p. 20, n° 43 ; Mireur 1910, II, pp. 538-539, 544 ; Soulange-Bodin 1914, pp. 6-49 ; Roman 1919, p. 56 ; Audin et Vial 1919, p. 287 ; Tchémerzine 1933, p. 336 ; Thieme et Becker 1934, XXVIII, p. 350 ; IFF XVIII e 1951, VII, P. Dr., n° 106 ; Aubry 1972, fasc. II ; Coirault 1983, Saint-Simon, Mémoires, I, pp. 521-522, 754-755.

Notes
1.

Coirault, Saint-Simon, Mémoires, I, pp. 521-522. Saint-Simon retrace les événements qui ont motivé la conversion de Rancé.

2.

Moreri 1759, pp 46-48.

3.

Voir Dubois 1866, tomes I et II.

4.

Soulié, Dussieux & coll. 1854,III, pp. 253-264.

1.

Aubry 1972, fascicule II.

2.

Dussieux & coll. 1854, II, pp. 118, 165.

3.

Tchémerzine 1933, p. 336.