92. lambert de thorigny (Nicolas), d’après Nicolas de Largillierre

S. d. [Entre 1696, date à laquelle Pierre Drevet s’établit rue du Foin et 1698, date proposée par l’abbé Lelong]

Burin ; traits échappés au bas du b. g.

H. 0,423, L. 0,340 au tr. c. ext. ; H. 0,470, L. 0,344 à la cuvette

Dans l’image, sur la lettre que Lambert tient de la main droite : A M....eur // Monsieu ...nbert // President en la 9 // Chambre des Comptes ; entre l’image et le cadre, en bas : à g., Nic. Largilliere pinxit ; à dr., Petr. Drevet Sculpsit ; au-dessous dans la marge, de part et d’autre des armoiries : Messire Nicolas - Lambert Seigneur // de Thorigny, Conseiller du Roy - en tous ses Conseils, et Président en // La Chambre - des Comptes. ; au-dessous : Se vend a Paris chez Drevet rüe du Foin - au coin du College de Maître Gervais. ;

Assis à mi-jambes, le corps et la tête de trois quarts tournés vers la gauche, le regard de face, vêtu de la robe et de la toge de magistrat, le personnage s’accoude du bras droit sur une table et présente une lettre. La main gauche est posée sur l’accoudoir du fauteuil. Le second plan est occupé entièrement par une draperie. Armoiries surmontées d’une couronne de marquis : D’azur à la licorne issante d’argent ; au chef d’or, chargé de trois merlettes de sable. Supports : deux licornes.

Un seul état connu : l’état décrit ; (BNF, Est. : Ed. 99b rés., in-fol. 2 épr. ; marques d’usures de la planche sur la 2e épr. et date manuscrite à l’encre brune « 1698 » ; Da 58, vol. III, in-fol. ; N3, in-fol., vol. 47, Mf D289177 - Caen, MBA - Paris, Biblioth. Ste Geneviève – Paris, Fondation Custodia - Versailles, Est., LP, 33/25 - Amsterdam, Rijks - Bologne, PN, G.D.S. - Bruxelles, BR., Estampes - Dresde, SK - Genève, MAH, Estampes - Londres, V&A – Philadelphie, MA - Rome, InG, Farnesina, 53786 - Stockholm, Nm. - Vienne, Albertina)

Le richissime Nicolas Lambert, grand-maître des Eaux et Forêts de Normandie, impliqué dans la disgrâce de Nicolas Fouquet, doit verser un million de livres au Trésor en 1655, ce qui ne l’empêche pas d’être nommé président de la chambre des Comptes en 1671. En 1644, à la mort de son frère Jean-Baptiste Lambert de Thorigny, conseiller et secrétaire du roi, il héritait de l’hôtel construit trois ans auparavant par Louis le Vau dans l’île Notre-Dame, actuelle île Saint-Louis. Il poursuivit la décoration de l’hôtel en s’adressant à Eustache Le Sueur pour le cabinet des Muses et le cabinet de l’Amour. Il requit également Charles Le Brun pour la décoration de la galerie d’Hercule « composée de six grands morceaux qui représentent quelques travaux d’Hercule, son mariage avec Hébé, son apothéose & un grand buffet au-dessus de la porte d’entrée préparé pour les noces de ce héros ». La galerie Lambert a été gravée par Surugue, Mathys Pool et Bernard Picart en treize pièces 1 . Le président Lambert est mort en 1692 2 .

Nicolas de Largillierre expose ce portrait en 1699, au premier Salon organisé par l’Académie au Louvre, aux côtés du portrait de son épouse (cat. P. Dr., n° 93), de ceux de son fils et de sa fille (cat. P. Dr., n° 99) 3 . La localisation du portrait peint est actuellement inconnue. Il n’est pas répertorié dans le catalogue de G. Pascal 4 .

Lorsque Pierre Drevet grave le portrait de Nicolas Lambert ainsi que celui de sa femme, entre 1697 ― date à laquelle il s’établit rue du Foin ― et 1698 millésime mentionné par l’abbé Lelong, ils sont morts tous les deux, elle, depuis 1679 et lui depuis 1692. Pierre s’est-il déplacé à l’Hôtel Lambert ou, plus probablement, a-t-il examiné les tableaux dans l’atelier du peintre où ils devaient se trouver encore puisque les comanditaires étaient morts et que le peintre pensait à les exposer ? Toujours est-il que Pierre Drevet n’a pu donner autant de qualité à ces deux portraits sans avoir vu les tableaux.

Le président Lambert n’étant plus en vie depuis cinq ou six ans, la liberté nous est donnée de penser que la commande venait de Nicolas de Largillierre avec qui Pierre Drevet était très lié. Dans tous les cas, la commande n’est pas due à Hélène Lambert de Motteville car les trois cuivres lui auraient été rendus après paiement, alors qu’ils se trouvaient en possession de Claude en 1781 1 . On peut donc penser que Pierre n’a jamais été payé de son travail qu’il a rentabilisé en vendant des tirages en feuilles, comme l’indique la mention présente dans la lettre : Se vend a Paris chez Drevet rüe du Foin - au coin du College de Maître Gervais. Il en est de même pour les portraits de son épouse Marie de Laubespine et de sa fille Hélène de Motteville qui présentent respectivement les adresses suivantes : A Paris chez P. Drevet rüe du Foin devant les Mathurins et A Paris chez P. Drevet rüe du Foin vis a vis la grande Porte des Mathurins.

(Voir volume I  : pp. 58, 75, 160).

bibliographie

Du Pradel 1692, I, pp. 65-66 ; Mariette 1740-1770, III, f° 48 r°, n° 79 ; Lelong 1775, p. 215 Huber 1787, II, p. 669 ; Huber et Rost1797, VIII, p. 3 ; Paignon-Dijonval 1810, 7328 ; Nagler 1836, III, p. 476 ; Le Blanc 1856, II, P. Dr., n° 74 ; Firmin-Didot 1876, P. Dr., n° 80 ; Firmin-Didot 1875-1877, P. Dr., n° 456 ; Audin et Vial 1919, p. 287 ; IFF XVIII e 1951, VII, P. Dr. n° 65 ; Mireur 1910, II, pp. 534, 537, 539-540  ; Thieme et Becker 1913, IX, p. 560 ; Bouvy 1929, pp. 72, LII, pl. 83 ;Jougla de Morenas 1975, IV, p. 397 ; Rosenfeld 1982, p. 101, n° II ; Thieme et Becker-Saur 2001, XXIX, p. 409.

catalogues de ventes ( complément au Dictionnaire Mireur)

Mariette par Basan 1775, p. 370, n° 1107 ; Claude Drevet 1782, p. 22, n° 233 ; Marron 1832, p. 21, n° 92.

catalogues d’expositions

Liste des tableaux et des ouvrages de sculpture, exposez dans la Grande Gallerie du Louvre, Coignard, 1704, p. 18 ;

Catalogue de l’Exposition, Paris, 1981, pp. 56-57, n° 84 ;

Catalogue de l’Exposition « Visages du Grand Siècle – Le Portrait français sous le règne de Louis XIV 1660-1715 », Nantes, musée des Beaux-Arts, 20-juin au 15 septembre 1997, Toulouse, musée des Augustins, 8 octobre 1997 au 5 janvier 1998, pp. 166, 266 n° 138.

Notes
1.

Dezallier 1745, II, p. 311.

2.

Voir aussi Du Pradel 1692, I, pp. 65-66.

3.

Liste des tableaux et des ouvrages de sculpture, exposez dans la Grande Gallerie du Louvre, Coignard, 1704, p. 18.

4.

Pascal 1928.

1.

Catalogue de la vente de Claude Drevet 1782, p. 22 : les trois cuivres figurent au chapitre des « Planches gravées ».