100. portail (Antoine) , d’après Robert Le Vrac, dit Tournières

S. d. [1724 ou peu après : 1er et 2e états ; entre 1762 et 1782 : 3e et 4e états]

Burin ; épr. rognée

H. 0,376, L.0,288 au tr. c.; H. 0,391, L. 0,294 bord à bord

Sur le pourtour de l’ovale, de part et d’autre d’un cartouche décoré et armorié : antonius portail illustrissimus senatus princeps. ; sous le tr. c. : à g., R . Tourniere pinx. ; à dr., P. Drevet sc. ;

En buste, sans mains, la tête et le corps de trois quarts tournés vers la gauche, le regard de face, le président porte la robe, le manteau, le collet de fourrure et l’étole d’hermine attachés à sa charge. Sa tête est couverte d’une large perruque bouclée dont un pan retombe sur le devant de l’épaule gauche. Le bas de l’ovale est orné de deux lions dont l’un est couché à gauche et l’autre est rugissant à droite. Armoiries surmontées d’une couronne princière et d’un bonnet de premier président du parlement : D’azur semé de fleurdelys d’or, à une vache brochante, accolée, clarinée, accornée, onglée d’or, couronnée de gueules.

I : l’état décrit ; (BNF, Est., Ed 99b rés., in-fol. -Francfort, Städel - Londres, V&A)

II : l’image a été rallongée vers le bas sur le même cuivre ; le cartouche armorié a été allongé ; la hauteur de l’estampe au tr. c. est de 0,388 m. ; les signatures sont placées sur la première assise du mur : à g., R. Tournier [sic] pinx.; à dr., P. Drev. sc. retouches dans la fourrure de la cape : à l’épaule gauche, devant, sur le bord des plis et dans les plis de la manche gauche du manteau ; l’agrandissement de l’image vers le bas est visible, malgré les reprises au burin ; (BNF, Est. : Ed 99b rés., in-fol. ; AA3, à Tournières ; N2, in-fol., vol. 1551, Mf D241492 ; s.n.r., à Drevet – Nantes, Dobrée, 896-1-2251 - Bruxelles, BR. Est. - Francfort, Städel - Londres, BM - Londres, V&A - Milan, Bertarelli - Vienne, Albertina)

III : conforme au précédent, mais avec l’adresse : A Paris chez Bligny Peintre Doreur et M d d’Estampes, Cour du Manège aux Thuilleries ; (BNF, Est., Ed 99b rés., in-fol.)

IV : le portrait a été découpé et placé dans un ovale aux dimensions réduites : H. 0,262, L. 0,181 au tr. c. ; sur la tablette, au-dessous de l’ovale : antoine portail // Premier President ; au-dessous : à g., R. Tournier P. ; à dr., P. Drevet Sc. ; sous le tr.c., au c., : A Paris chez Bligny, Lancier du Roi, M d . d’Estampes, Peintre et Doreur : Cour du Manège aux Thuilleries ; (BNF, Est., Ed 99b rés., in-fol.)

Épreuves non consultées :Amsterdam, Rijks - Dresde, SK

Cette famille voit le jour avec Antoine Ier Portail, mort en 1608, et qui avait été chirurgien des rois Henri III et Henri IV. Antoine Portail , seigneur de Vaudreuil et de Chatou (1674-1736), est le cinquième de ce nom. Fils d’Antoine Portail, conseiller au Parlement de Paris et de Marie-Madeleine Le Nain, il est né le 16 mars 1684. Il est nommé avocat du roi au Chatelet en 1694, conseiller au parlement de Paris en 1697 puis, avocat général en 1698 et Président à mortier en 1707, puis est élu académicien et nommé premier président au Parlement de Paris en 1724 1 . Il avait épousé Madeleine-Rose de Coye dont il avait eu Antoine-Nicolas et Jean-Louis. Celle-ci a été à l’origine du scandale qui a terni la réputation du président en 1726 2 . Il meurt en1736.

Robert Le Vrac dit Tournières (Caen 1668-id.1752) 3 faisait partie des peintres copistes au service de Hyacinthe Rigaud ; son nom figure à plusieurs reprises dans le Livre de Raison de Rigaud.

D’après Firmin-Didot, le tableau original se trouvait au XIXe siècle en Angleterre, dans la famille de Portail.

La commande de la gravure est intervenue après la nomination de Portail au siège de premier Président au Parlement de Paris en 1724, ainsi que l’indique la lettre. Pierre Drevet n’a effectué que les deux premiers tirages, les deux derniers ayant été réalisé par Bligny, éditeur dont on ne trouve trace de son activité qu’à partir de 1762 1 . La planche gravée était encore en possession de Claude Drevet à sa mort en décembre 1781.

Celui-ci a prêté le cuivre à Bligny pour éditer probablement le Recueil des Portraits de la Famille royale et des autres princes, des ministres, et des hommes illustres de l’Europe, sous les règnes de Louis XV et Louis XVI, gravés par les meilleurs artistes et suite d’autres gravures qui se vendent A Paris, chez Bligny, lancier du Roi, Cour du manège aux Thuilleries [sans date, in-fol.] 233 portraits par Morin, Le Beau, Cathelin, Gaucher, Littret, Edelinck, Duflos, Drevet, Ingouf etc. 2 .

Le cuivre et deux épreuves ont été adjugés quinze livres à la vente de Claude Drevet en 1782.

Mariette ne cite pas ce portrait qui est d’une grande beauté 3 .

L’œuvre appartient à l’ensemble des dix grands portraits gravés par Pierre en buste et dans un ovale, représentant des magistrats : Claude Le Peletier (cat. n° 61), Nicolas-Pierre Camus de Pont-Carré (cat. n° 86), Jean Delpech (cat. n° 87), Henry de Fourcy (cat. n° 88), Pierre Gillet (cat. n° 89), Joseph-Omer Joly de Fleury (cat. n° 91), Jean Le Blais du Quesné (cat. n° 94), Jean-Antoine de Mesme (cat. n° 96), Charles-François de Montholon (cat. n° 98), Antoine Portail (cat. n° 100).

(Voir volume I, pp. 125, 173, 258).

bibliographie

Lelong 1775, p. 251 ; Chennevières et Montaiglon, 1851-1852, I, p. 70 ; Le Blanc 1856, II, P. Dr., n° 100 ; Barbier 1866, I, vol. I, pp. 372-373, 432 ; Firmin-Didot 1876, P. Dr., n° 108 ; Firmin-Didot I875-1877, P. Dr.,n° 474 ; Mireur 1910, II, p. 533, 535-537, 539 ; Cohen 1912, p. 164 ; Audin et Vial 1919, p. 288 ; IFF XVIII e 1951, VII, P. Dr., n°105 ; Jougla de Morenas 1975, V, p. 345 ; Préaud 1987, p. 56.

catalogues de ventes ( complément au Dictionnaire Mireur )

Mariette par Basan 1775, p. 371, n° 1108; Claude Drevet 1782,p. 25, n° 284 ;

catalogues d’expositions

Catalogue de l’Exposition « Le Portrait gravé au XVIIe siècle en France », à Nantes, musée Dobrée, automne 1979, Nantes, 1979, n° 143.

Notes
1.

Jougla de Morenas 1975, V, p. 345.

2.

Barbier 1866, t. I, vol. I, pp. 372-373, 432.

3.

Chennevières et Montaiglon, 1851-1852, I, p. 70.

1.

Préaud 1987, p. 56.

2.

Vente Destailleur, 1891, n° 451. Voir Cohen 1912, p. 164.

3.

Voir texte vol. I, p. 125.