106. forest (Jean ) , d’après Nicolas de Largillierre

S. d. [1715]

Burin

H. 0,427, L. 0,322 au tr.c. ext. ; H. 0,476, L. 0,331 à la cuvette

Dans le cadre, en bas à g. : N. de Largillierre pinx. ; à dr., P. Drevet Sculp. ; sous le cadre : Joannes Forest Pictor Celeberrinus honorarius in Regia picturae Academia Consiliarius. // Morum lemitate, amoenitate jngenij et artis peritiâ aeque jnsignis. // Hanc amantissimi soccri effigiem pinxit, et aere jncidi curavit ut cum jlla suum amorem jn jllum aeternitati commendaret // Nicolaus de Largillierre jn eadem Academia Professor. ;

Assis à mi-jambes dans un fauteuil, le corps tourné vers la gauche, la tête tournée vers la droite, le regard à droite, le peintre est vêtu d’une robe de chambre bordée de fourrure et coiffé d’un haut bonnet. Il tient sa palette et ses pinceaux de la main gauche posée sur son genou.

I : avant toute lettre ; avant les travaux décrits à l’état II ; (BNF, Est., Ed 99a rés., in-fol. Nantes, Dobrée, 896-1-2247 - Londres, V&A)

II : avant toute lettre, mais avec l’ajout des troisièmes contre-tailles sur l’épaule gauche et les travaux sur l’étoffe du dos du fauteuil ; (Bruxelles, BR, Estampes - Londres, BM - Londres, V&A - Vienne, Albertina), épreuve citée par Firmin-Didot, perdue et retrouvée.

III : l’état décrit ; avec es travaux, les noms du peintre et du graveur et les fautes suivantes : Celeberrinus ; lemitate ; Soccri ;avec d’autres travaux : ajout de troisièmes contre-tailles le long de la manche gauche ; (BNF, Est., Ed 99a rés., in-fol. - Francfort, Städel - Philadelphie, MA)

IV :correction des fautes inscrites à l’état III par : Celeberrimus ; lenitate ; Soceri. ; (BNF, Est. : Ed 99a rés., in-fol. ; Da 58, in-fol., vol. II - Versailles, Est., LP, 44/118 -Londres, BM - Londres, V&A - Milan, Bertarelli - Philadelphie, MA - Rome, InG, Farnesina, 53791 et Calcografia, 3175/2725)

Épreuves non consultées : Paris, ENSBA, Est., 5794 - Caen, MBA - Strasbourg, musées, Estampes - Amsterdam, Rijks - Dresde, SK - Madrid, RB.

Jean Forest, né à Paris en 1636, est initié très jeune à l’art de la peinture par son père, Pierre Forest. Jean se perfectionne ensuite en Italie, principalement dans l’atelier de Pier-Francesco Mola, peintre d’histoire et de paysages. À son retour en France, il passe par la Provence et la Franche-Comté réalisant de nombreux dessins. Il est peintre de paysages, et épouse la sœur du peintre de La Fosse. Colbert ayant confiance dans ses connaissances sur les dessins et peintures des grands maîtres, le renvoie en Italie pour effectuer des achats au nom du roi 1 . Dezallier d’Argenville dit de lui « Ce peintre avoit beaucoup d’esprit, la lecture qui étoit une de ses passions, lui fit amasser une bibliothèque choisie, & il étoit aimé des gens de lettres » ou encore en parlant de ses dessins « ils paroissent faits d’après nature avec une liberté de main admirable 2  ». Il expose trois Paysages au Salon de 1704 3 et meurt à Paris en 1712 à l’âge de soixante-seize ans sans avoir eu d’élève. Jean Forest avait été admis à l’Académie en 1674, mais n’avait pu y accéder qu’en 1699 en raison de sa confession protestante. Nicolas de Largillierre avait épousé sa fille aînée Marie-Elisabeth, le 14 septembre 1699.

Biographie de Nicolas de Largillierre : voir cat. P. Dr. n° 15.

Le portrait peint se trouve au musée des Beaux-Arts de Lille 1 . Il en existe une réplique au Staatliche Museen Preussicher Kulturbesitz de Berlin 2 . Nicolas de Largillierre avait exposé le portrait de son beau-père au Salon de 1704 3 . Le portrait de Lille a été présenté à l’Exposition des Portraits nationaux, à Paris en 1878 et à Valenciennes en 1918. Un dessin préparatoire est conservé dans une collection particulière à Paris 4 .

Contrairement à l’usage qui veut que la date de la mort du modèle soit indiquée dans la lettre lorsque c’est le cas, celle de Jean Forest n’est pas mentionnée, il rend seulement hommage au peintre de l’Académie et à son beau-père très aimé. On pourrait donc penser qu’il était encore vivant lorsqu’il a reçu l’hommage de son gendre. Cependant, en 1715, Largillierre fait don à l’Académie royale de peinture du portrait peint et des épreuves de la gravure de Pierre Drevet. Jean Forest étant mort en 1712, on peut penser que Largillierre voulant lui rendre hommage à commandé la gravure du portrait achevée par Pierre en 1714 ou 1715, puis a fait don du cuivre à l’Académie lors de sa séance du 18 mars 1722 5 .

L’estampe se présente dans le même sens que le portrait peint. Pierre Drevet a saisi et interprète magistralement la fine expression du visage de l’artiste, en s’aidant, comme à son habitude, mais peut-être plus encore, d’une variété considérable de tailles et de petits coups de burins. Ce portrait s’inscrit dans l’œuvre de Pierre, parmi les portraits d’artistes les plus réussis, le graveur mettant en valeur le clair-obscur, et l’atmosphère empreinte d’intimité.

Le Blanc ne signale que le premier état avant la lettre.

Le cuivre se trouve à la chalcographie du musée du Louvre 6 .

(Voir volume I : pp. 76, 160, 182, 260).

bibliographie

Mariette 1740-1770, III, f° 48 v°, n° 96 ; Dezallier d’Argenville 1745, II, pp. 335-337 ; Moreri 1759,V, p. 250 ; Lelong 1775, p. 187 ; Huber 1787, II, p. 669 ; Huber et Rost 1797, VIII, p. 3 ; Paignon-Dijonval 1810, 7335 ; Nagler 1836, III, p. 476 ; Le Blanc 1856, II, P. Dr., n° 57 ; Villot, 1851, n° 1894  ; Firmin-Didot 1876, P. Dr.,n° 49 ; Firmin-Didot 1875-1877, P. Dr., n° 429 ; Pradel (Du) 1692-1878, II, p. 96 ; Portalis et Beraldi 1881, II, p. 18, n° 19 ; Fidière 1883, p. 81, CLXXVII ; Bryan 1893, I, p. 425 ; Rondot 1896, p. 109 ; Mireur 1910, II, p.534-537, 538 ; Fontaine 1910, p. 247, 2400-8 ; Thieme et Becker 1913, IX, p. 559 ; Audin et Vial 1919, p. 287 ; Pascal 1928, p. 61, nos 57, 58 ; Angoulevent 1933,n° 2169  ; IFF XVIII e 1951, VII, P. Dr., n° 48 ; Lugt 1938, 151, 1494 ; Rosenfeld 1982, pp. 231-232, n° 46a ; Thieme et Becker-Saur 2001, XXIX, p. 409.

catalogues de ventes (complément au Dictionnaire Mireur)

Vente par Musier et Knapen 1753, n° 173 ; Marron, 1832, p. 21, n° 93.

catalogues d’expositions

Liste des tableaux et des ouvrages de sculpture, exposez dans la Grande Gallerie du Louvre… en la présente année 1704, à Paris, J.-B. Coignard 1704, pp. 8, 24.

Catalogue de l’Exposition « Le Portrait gravé au XVIIe siècle en France », musée Dobrée, Nantes, 1979, n° 138.

Catalogue de l’Exposition « Les chefs-d’œuvre du musée des Beaux-Arts de Lille », au Metropolitan Museum of Art à New York du 27 octobre 1992 au 17 janvier 1993, New York, 1992-1993, n° 21.

Notes
1.

Moreri 1759, V p. 250.

2.

Dezallier d’Argenville 1745, II pp. 335-337.

3.

Liste des tableaux et des ouvrages de sculpture, exposez dans la Grande Gallerie du Louvre…en la présente année 1704, p. 8.

1.

Dimensions : H. 1,26, L. 0,94. Je remercie le service de Documentation du musée des Beaux-Arts de Lille à qui je dois ce renseignement.

2.

Dimensions: H. 1,17, L. 0,88.

3.

Liste des tableaux et des ouvrages de sculpture, exposez dans la Grande Gallerie du Louvre… en la présente année 1704, p. 24.

4.

Voir le Catalogue de l’Exposition « Les chefs-d’œuvre du musée des Beaux-Arts de Lille », 1992-1993, n°21.

5.

Fontaine 1910, p. 247, 2400-8.

6.

Villot 1851, n° 1894 ; Angoulevent 1933, n° 2169.