107. girardon (François ) , d’après Joseph Vivien

1696

Burin

H. 0,479, L. 0,355 au tr. c. ; H. 0,486, L. 0,361 à la cuvette

Sur le pourtour de l’ovale, en commençant en haut, à dr. : franciscvs girardon tricassinvs cancel. lari’ et rector. academi Æ regiÆ pictor ü et sculptor u ; sur la corniche du socle : à g. Viuien Pinxit ; à dr., Dreuet Sculp. ;

En buste de face, la tête et le regard de trois quarts tournés vers la gauche, le peintre retient de la main gauche son manteau sur sa poitrine. Sa tête est couverte d’une longue et large perruque.

I : avant toute lettre ; (cité par Firmin-Didot)

II : l’inscription dans le cadre de l’ovale s’arrête à Tricassinus ; avant les travaux décrits pour l’état IV ; hauteur épaule dr. : 0,100 ; hauteur épaule g. : 0,075 ; (BNF, Est., Ed 99a rés., in-fol. -Francfort, Städel - Londres, V&A)

III : l’état décrit, avec la totalité de l’inscription ; avant les travaux décrits pour l’état IV ; (BNF, Est., N3, in-fol., vol. 34, Mf 288309 - BNF, Arsenal, 903 - Nantes, Dobrée, 896-1-2250 - Rome, InG, Farnesina, 53833 - Vienne, Albertina, Fr. 31)

IV : état ci-après, non décrit à ce jour : d’importants travaux sont visibles à l’œil nu : le bras gauche est dégagé ; le pan du manteau le long du bras gauche est rétréci et noirci ; l’épaule droite est plus inclinée ; l’ombre portée au-dessus de l’épaule droite a été foncée par une série de troisièmes contre-tailles ; reprises à droite, dans les boucles et les sourcils ; quelques tailles supplémentaires en longueur dans la barbe du vieillard ; (BNF, Est. : Ed 99a rés., in-fol.; AA 3 à Vivien ; s.n.r., à Drevet - Londres, BM - Londres, V&A - BML, fds ancien - Philadelphie, MA)

V : état ci-après,non décrit à ce jour : avec la lettre : franciscvs girardon tricassinvs regiÆ pictorum et scvlptorum academiÆ rector ; les plis du manteau tombent verticalement de l’épaule droite ; la perruque est légère et argentée et descend plus bas ; les sourcils ont été retouchés ; les moustaches ont été atténuées et remontées sous le nez ; il n’y a plus d’ombre portée à gauche ; (Vienne, Albertina, Fr. 31).

Contr e-épreuve du deuxième état ; ( BNF, Est. : Ed 99a rés., in-fol. ; s.n.r., à Drevet).

Épreuves non consultées : Caen, MBA - Chantilly, Ms. Condé - Amsterdam, Rijks - Bologne, PN, GDS - Bruxelles, BR, Est. - Dresde, SK - Madrid, BN - Rome Casanatense, 20 B.I. 93/89.

François Girardon est né à Troyes en 1628. Apprenti dans l’atelier de Claude Baudesson, il peint a fresco dès l’âge de quinze ans la Vie de Saint Jules. Sous la protection du chancelier Séguier, il part à Rome en 1648 puis à son retour en 1650, entre dans l’atelier de Michel Anguier à Paris 1 . Son renom s’étendant, il est appelé par le roi pour travailler à l’embellissement de ses maisons royales et des jardins de Versailles et de Trianon. Il travaille soit sur ses propres modèles, soit sur les dessins de Charles Le Brun. Appelé par La Fontaine, avec qui il est très lié, le « Phidias de son siècle », François Girardon est reçu à l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1657. Il en est nommé professeur en 1659, adjoint à recteur en 1672, recteur en 1674, et en devient chancelier en 1695. A la mort de Le Brun, il reçoit du roi la charge d’inspecteur général de tous les ouvrages de sculpture. De tous les sculpteurs du roi, Pierre Puget seul n’a pas voulu dépendre de Girardon et s’est retiré à Marseille. Parmi les chefs d’œuvres les plus connus nous retiendrons L’enlèvement de Proserpine à Versailles, le Tombeau de Richelieu à l’église de la Sorbonne, la Statue équestre de Louis XIV fondue par Keller (cat. n°. 108). François Girardon a épousé Catherine Duchemin, peintre de fleurs de l’Académie et a reçu du roi un logement au Louvre. Il est mort le 1er septembre 1715 âgé de quatre-vingt-huit ans 1 . D’un tempérament enjoué, il a joui toute sa vie d’un esprit vif ; chaque fois qu’il a eu à traiter d’un sujet mythologique ou religieux, il s’est informé auprès des lettrés bien connus de l’époque 2 .

Joseph Vivien (Lyon 1657-Bonn 1734/35), élève de Charles Le Brun, obtient le deuxième prix de peinture en 1678. Peintre de portrait au pastel, il est reçu à l’Académie le 30 juillet 1701 sur la présentation des portraits de François Girardon et de Robert de Cotte. En 1703, il est nommé conseiller à l’Académie puis devient premier peintre du cabinet de l’Électeur de Cologne. Vivien a probablement été l’un des premiers peintres à employer le pastel pour les portraits 3 .

Vivien expose dix-huit portraits au pastel au Salon de 1704, dont, peut-être, celui de François Girardon 4 . Un portrait au pastel de François Girardon par Vivien est conservé au département des Arts graphiques musée du Louvre 5 . Le portrait est présenté le buste tourné de trois quarts vers gauche, tandis que la tête est tournée de trois quarts vers la droite. La main droite est ouverte, la main gauche posée sur une tête de femme sculptée. La longue perruque descend le long de l’épaule gauche 6 . Il existe de nombreuses dissemblances avec le portrait gravé par Drevet, dont la main gauche retient le manteau. Le graveur a interprété soit un autre dessin de Vivien, soit une version différente de l’original ou a remis le portrait original en forme pour la gravure.

La lettre mentionne la nomination de François Girardon au poste de Chancelier de l’Académie par le terme Cancellarius sans inscrire de date. On sait que cette nomination est intervenue en 1695 et que Pierre Drevet et François Girardon ont entretenu des relations d’amitié concrétisées par la signature du sculpteur en 1696 au contrat de mariage du graveur 7 . Ces faits viennent étayer l’avis de l’abbé Lelong selon lequel la gravure a été exécutée en 1696. Ce portrait a été retouché à cinq reprises. Sur ces cinq états, deux n’ont jamais été décrits avant aujourd’hui.

En 1707, Gaspard Duchange grave le Portrait de Girardon d’après Rigaud, pour sa réception à l’Académie, ce qui pourrait expliquer la confusion établie chez certains auteurs du XIXe siècle indiquant que Drevet a gravé le portrait de Girardon d’après Rigaud.

Cette estampe figure parfois en tête de l’ouvrage intitulé : Le Cabinet du Sieur Girardon, sculpteur du Roy, ou Représentation des morceaux de sculpture que ce célèbre sculpteur avoit rassemblés dans son Cabinet. in-fol., 21 pl. gravées par Chevalier. Une partie de ce recueil s’est vendue en 1832 avec le portrait de Girardon. (voir plus bas : « Catalogues de ventes »).

(Voir volume I : p. 60, 69, 74, 173, 182).

bibliographie

Mariette 1740-1770, III, f° 48 v°, n° 97 ; Moreri 1759, V, p. 210  ; Lelong 1775, p. 201, n° 1 ; Nagler 1836, III, p. 479 ; Dussieux et coll. 1854, I, pp. 292-306 ; Le Blanc 1854, II, P. Dr. ; n° 65 ; Firmin-Didot1876, P. Dr., n° 69 ; Firmin-Didot 1875-1877, P.Dr., n° 448 ; Pradel (Du) 1692-1878, II, pp. 99-100 ; Bellier et Auvray 1882-1885, I, p. 446, II, pp. 698-699 ; Mireur 1910, II, p. 535-537, 539 ; Audin et Vial 1919, p. 287 ; IFF XVIII e 1951, VII, P. Dr., n° 54 ; Souchal, 1977-1987, II, p. 14 ;Allister-Johnson 1982, pp. 18-19, n° 13 ; Thieme et Becker-Saur 2001, XXIX , pp. 408-410.

catalogues de ventes ( complément au Dictionnaire mireur )

Mariette par Basan 1775, p. 369, n° 1095 ; Houzé de Grandchamp 1809, p.13, n° 73 ; Marron, 1832, p. 21, n° 94.

catalogues d’expositions

Liste des tableaux et des ouvrages de sculpture, exposez dans la Grande Gallerie du Louvre, Coignard 1704, p. 17.

Catalogue de l’exposition « Le portrait gravé au XVIIe siècle en France », à Nantes, musée Dobrée, automne 1979, n° 137.

Catalogue de l’exposition « Le portrait dans les collections des musées Rhône-Alpes », 2001, p. 261, n° 7.

Notes
1.

Souchal 1977-1987,II, p.14.

1.

Moreri 1759, V, p. 210.

2.

Dussieux et coll. 1854, I pp. 292-306.

3.

Bellier et Ayvray 1885, II, pp. 698-699.

4.

Liste des tableaux et des ouvrages de sculpture, exposez dans la Grande Gallerie du Louvre, Coignard 1704, p. 17.

5.

Inv. n° 33291, dimensions : H. 0,88, L. 0,72 m.

6.

Morceau de réception à l’Académie royale de peinture de Joseph Vivien en 1701. Voir Catalogue de l’Exposition « Les peintres du roi, 1648-1793 », Tours, Toulouse 2000, p. 244, n° R. 151.

7.

A. N., m. c., ET/LXIX/163, voir annexes, vol. III, p. 12.