117. rigaud (Hyacinthe rigau y ros dit), d’après son autoportrait à la palette

S. d. [1700 : 1er, 2e, 3e états ; 1703 : 4e, 5e, 6e états]

Burin

H. 0,463/4, L. 0,344/5 au tr. c. ext. ; H. 0,499/500, L. 0,348 à la cuvette

Sous le tr. c. ext., de part et d’autre d’un cartouche armorié : hyacinthus rigaud Eques natus - Perpiniani ex nobilium ejusdem // civitatis numero, in Regia. - Picturæ Academia Professor. // hanc ab ipso mèt coloribus expressam effigiem, æri incidit - Petrus Drevet Lugdunensis Calcographus Regius ; perenne grati // animi monumentum, quod illum in artis peritia sapien - tibus consiliis juvenit [sic] anno M.DCC.

Traduction du texte en latin : Hyacinthe Rigaud... Pierre Drevet de Lyon, graveur du roi, a gravé ce portrait de Rigaud d’après lui-même : souvenir durable d’un cœur reconnaissant, en échange de l’aide que celui-ci lui apporta dans l’apprentissage de son art par ses sages conseils, année 1700.

Voir plus bas la description que fait Van Hulst.

I : avant toute lettre, avant les armoiries, avant l’achèvement du cadre ;(BNF, Est., Ed 99b rés., in-fol. - Genève, MAH, Estampes - Londres, BM - Londres, V&A - Vienne, Albertina)

II : avec les armoiries, avec l’achèvement du cadre et la lettre suivante, de part et d’autre des armoiries : hyacinthus rigaud Eques natus -Perpiniani ex nobilium ejusdem // civitatis numero. in Regia - Picturæ Academia Professor. // Hanc ab ipso mèt coloribus expressam effigiem, æri incidit - Petrus Drevet Lugdunensis Calcographus Regius ; perenne grati // animi monumentum ; quod illum in artis peritia sapientibus [le mot sapientibus est placé à gauche des armes] - Consiliis preverit [sic] Anno M.DCC ;Bruxelles, BR. Estampes - Londres, V&A, E303-1965 PP.75)

III : l’état décrit avec les fautes corrigées sauf preverit qui devient une autre faute : juvenit au lieu de juvit et avec différents travaux : sourcil g. retouché, suppression de la bordure du rideau à g., retouche dans l’ombre portée de Rigaud ;

(BNF, Est. : Ed 99b rés., in-fol. ; Da 62, in-fol., p. 7, Mf E066722 ; N3, in-fol., vol. 81, Mf D291833 ; s.n.r., à Drevet -Paris, ENSBA, fol. 1439, rés., p. 17 - Baltimore, MA - Francfort, Städel - Genève, MAH, Estampes -Londres, V&A - Philadelphie, MA - Rome, InG, Farnesina, 53790 ; Rome, InG, Calcografia, 3175/2808 - Stockholm, Nm)

IV : la bordure du rideau à gauche est complète ; la faute juvenit corrigée devient : juverit; le mot illum a été supprimé après la faute Qoud ; l’inscription de part et d’autre des armoiries est différente : Hanc Hyacinthi RigaudPerpinianensis pictoris // Regii - effigiem. // Ab ipso met coloribus expressam, aeri incidit Petrus Drevet - Lugdunensis Calcographus Regius perenne grati animi // monumentum, Qoud [sic] in artis peritiâ - sapientibus consiliis juverit. Anno M. D.CC.III. ; (BNF, Est., N3, in-fol., vol. 81, Mf D291834 -Genève, MAH, Estampes - Londres, V&A - Philadelphie, MA) ; correspond au 3e état décrit par Firmin-Didot.

V : état ci-après, non décrit à ce jour : conforme au précédent mais le ou de Qoud a été gratté ; le mot se présente ainsi : Q..d. ;(Versailles, LP, 64/98)

VI : conforme au précédent mais la faute Qoud est corrigée par Quod ; (BNF, Est. : Ed 99b rés., in-fol. ; s.n.r., à Drevet -Genève, MAH, Estampes - Londres, BM Londres, V&A) ;correspond au 4e état décrit par Firmin-Didot.

Épreuves non consultées : Amsterdam, Rijks - Bologne, PN, G.D.S. - Dresde, SK - Madrid, RB, Patrimoine national.

Fils de Mathias Rigau y Ros dit Rigaud et de Maria Serre, Hyacinthe Rigaud est né à Perpignan en 1659. Orphelin de père dès 1667, il est envoyé par sa mère à Montpellier à l’âge de quatorze ans pour y étudier la peinture chez Pezey, Verdier et Ranc le père. En 1677, âgé de dix-huit ans, il s’installe à Lyon où il travaille jusqu’en 1681, année pendant laquelle il s’établit à Paris. L’Académie lui attribue le premier prix de peinture dès 1682 avec Caïn bâtissant la ville d’Hénoch. Rigaud devient rapidement le peintre de la cour et le portraitiste le plus apprécié pour la ressemblance de ses sujets. Agréé le 5 août 1684, il ne présente son morceau de réception que seize ans plus tard. L’Académie le reçoit donc le 2 janvier 1700 sur la présentation du Portrait du Sculpteur Desjardins, « tant sur les talents de l’histoire que des portraits 1 ». Rigaud ne remettra à l’Académie le Saint-André qu’il avait promis qu’en 1742. Anobli par la ville de Perpignan en 1709, il est reçu chevalier de l’ordre de Saint Michel en 1727. D’abord professeur puis recteur, il est enfin nommé directeur de l’Académie en 1733. Il demeurait à Paris, au coin de la rue Neuve des Petits-Champs et de la rue Louis-le-Grand 2 où il mourut en 1743, à l’âge de quatre-vingt-quatre ans 3 .

Le portrait original se trouve à Perpignan, au musée Hyacinthe Rigaud 4 . Van Hulst indique : « peint en 1698, gravé en 1700... La tête coiffée d’un bonnet de velours. Clair-obscur à la Rembrandt. Renfermé dans une espèce de fenêtre carrée. Est de la grandeur d’une demi feuille de papier Grand Aigle 5  »

Rigaud conçoit donc un arrangement spécial pour la gravure, le peintre se tenant devant une baie ornée d’un rideau sur la gauche de l’estampe. Pierre Drevet grave et dédicace le portrait en 1700, l’année de la réception du peintre à l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture, en qualité de peintre d’histoire. Rigaud en fait tirer cent exemplaires qu’il distribue aux membres de l’Académie à la séance du 29 décembre 1703 6 et léguera la planche à l’Académie qui l’a reçue en 1744 7 .

Si Van Hulst mentionne la date de 1700 pour la gravure, Mariette inscrit celle de 1703. Bien que différentes, ces dates sont exactes puisque les deuxième et troisième états portent le millésime 1700 tandis que les quatrième et cinquième états portent celui de 1703. L’estampe se présente dans le même sens que le portrait peint qui a figuré au Salon de 1704 8 .

Basan ne cite qu’un portrait de Rigaud gravé par Drevet, sans distinction ; il en est de même pour Huber et Rost. L’abbé Lelong ne signale que l’état de 1703. Le cuivre est conservé à la chalcographie du Louvre, Villot, n°1971 et Angoulvent, n° 2270.

Le peintre, sans doute reconnaissant envers Pierre pour la gravure de son portrait et pour sa dédicace, agrandit le Portrait de Pierre Drevet qu’il avait brossé quelque temps auparavant (Musée des Beaux-Arts de Lyon, inv. A-2865), et s’y représente en arrière-plan, tel qu’il s’est peint sur son autoportrait à la palette 9 .

(Voir volume I : p. 75, 160, 181, 202, 259).

bibliographie

Mariette 1740-1770, III, f° 48 v°, n° 93, VII, f ° 9 ; Dezallier d’Argenville 1745, II, pp. 405-415 ; Basan 1767, p. 174 ; Lelong 1775, p. 257, n° 2 ; Huber 1787, II, p. 670 ; Huber et Rost 1797, VIII, p. 3 ; Paignon-Dijonval 1810, 7362 ; Joubert 1821, I, p. 435 ; Nagler 1836, III, p. 475 ; Michaud 1843-1857, XXXV, pp. 25-26 ; Dussieux & coll. 1854, II, pp. 133, 180 ; Le Blanc 1856, II, P. Dr., n° 101 ; Villot 1860, n° 1971 ; Firmin-Didot 1876, P. Dr., n° 111 ; Firmin-Didot 1875-1877, P. Dr., n° 477 ; Pradel (Du) 1692-1878, II, p. 95 ;Montaiglon 1878, III, p. 377 ; Portalis et Beraldi 1881, II, p. 20, n° 44 ; Bellier et Auvray 1882, I, p. 446 ; Bryan 1893, I, p. 425 ; Fontaine 1910, p. 247, 2400-9 ; Mireur 1910, II, p. 534-537, 539, 541 ; Soulange-Bodin 1914, pp. 6-49 ; Roman 1919, p. 32 ; Thieme et Becker 1913, IX, p. 559 ; Audin et Vial 1919, p. 288 ; Angoulevent 1933, n° 2270 ; IFF XVIII e 1951, VII, P. Dr., n° 107 ; Thieme et Becker-Saur 2001, XXIX, p. 410.

catalogues de ventes (complément au Dictionnaire Mireur)

Vente par Musier et Knapen 1753, p. 16, n° 134 ; Mariette par Basan 1775, p. 368, n° 1092 et p. 371,n° 1118 ; Basan par Regnault 1798, p. 138, n° 666 ; Marron, 1832, p. 21, n° 93.

catalogues d’expositions

Liste des tableaux et des ouvrages de sculpture, exposez dans la Grande Gallerie du Louvre... en la présente année 1704, Coignard 1704, p. 41.

Le portrait dans les collections des musées Rhône-Alpes, 2001, pp. 71, 260, n° 5 ;

Notes
1.

Dussieux et coll. 1854, II, p. 133.

2.

Pradel (Du) 1692-1878, II, p. 95.

3.

Voir également Dezallier d’Argenville 1745-1752, II pp. 405-415.

4.

Dimensions: H. 0,83 x L. 0,66 m.

5.

Dussieux et coll. 1854, II, p. 180.

6.

Montaiglon 1878, III p. 377.

7.

Fontaine 1910, p. 247, 2400-9.

8.

Liste des tableaux et des ouvrages de sculpture, exposez dans la Grande Gallerie du Louvre... en 1704, p. 30.

9.

Rigaud se place à l’arrière du graveur, dans l’axe du cuivre symbolisant ce portrait gravé en 1700. Il ajoute également au bas du tableau, les outils de Pierre. Ainsi Rigaud se manifeste en maître, en ami et en inspirateur de l’artiste, telle une muse. La trace de l’agrandissement, bien qu’extrêmement légère, se distingue, en particulier sur les clichés photographiques. Voir Catalogue de l’exposition « Le Portrait dans les collections des musées Rhône-Alpes », 2001, pp. 71, 260, n° 5.