122/I. LOUis xv enfant en tenue d’apparat , d’après Hyacinthe Rigaud

1723

Burin

H. 0,676, L. 0,492 au tr. c. ext.; H. 0,682, L. 0,500 à la cuvette

Dans le cadre, au bas : b. g., Peint par Hyacinthe Rigaud. ; b. dr. Gravé par Pierre Drevet 1723. Sous le cadre, au c. : Louis Quinze ;

Le roi est assis sur son trône, le corps légèrement tourné vers la gauche, la tête et le regard tournés de trois quarts vers la droite, revêtu du manteau royal doublé d’hermine, le pied gauche reposant sur un carreau orné de fleurs de lys. L’enfant est entouré de la plupart des regalia auxquelles il manque, cependant, l’épée de Charlemagne : le sceptre qu’il tient de la main droite, la main de justice et la couronne qui sont posées à sa droite. Le roi dirige son index gauche du côté où il regarde. Le collier de l’ordre du Saint-Esprit repose sur le collet d’hermine.

  • é tats

I : avant la lettre ; (décrit dans le catalogue Paignon-Dijonval  et dans Mireur à la vente Behague 1877).

II : l’état décrit ; (BNF, Est. : Ed 99a rés., gr. in-fol. ; AA5 - Nantes, Dobrée, 896-1-2249 -Paris, ENSBA, fol. 1439, rés., p. 8 - Amsterdam Rijks - Bruxelles, BR, Estampes - Genève, MAH, Estampes - Philadelphie, MA - Londres, V&A - Rome, InG, Farnesina, 53779)

Biographie de Louis XV : voir cat. P. Dr., n° 22.

Biographie de Rigaud : voir cat. P.Dr. n° 117.

Rigaud mentionne ce portrait à l’année 1715 ; il en demande huit mille livres 1 . Le tableau n’est terminé qu’à la fin de l’année 1716 ou au début de 1717, car ordre est donné le 18 août 1716 aux religieux de St Denis de remettre au peintre Rigaud le manteau royal pour faire le portrait du Roi 2 . Rigaud sait que la réalisation du portrait du nouveau roi doit être à l’égal de celle du portrait de Louis XIV. La solennité de la mise en scène reste semblable, bien que le style soit moins formel et que la grâce de l’enfant, qu’il a su si bien rendre, change l’atmosphère de l’œuvre.

Le portrait original et une copie sont conservés au musée de Versailles 3 . De plus, Philippe V d’Espagne commande en 1721 une copie de ce portrait à l’occasion du projet de mariage de sa fille l’Infante Mariana Victoria avec Louis XV, projet qui ne se réalisa pas 4 . Cette copie se trouve aujourd’hui à Madrid, au Palais Royal 5 . Deux autres copies provenant de l’atelier de Rigaud sont conservées, l’une au musée des Beaux-Arts de Chambéry 6 , l’autre, réalisée par François Stiémart (1680-1740), au musée des Beaux-Arts de Rouen 7 .

Van Hulst écrit que la gravure est l’œuvre de Drevet père, d’après le tableau de Rigaud commencé en 1715 ; il ajoute qu’elle a été exécutée en 1719 1 (alors que l’estampe porte la date de 1723). Ceci pourrait indiquer que le travail a été commencé par Pierre Drevet en 1719 et terminé en 1723 par Pierre-Imbert, à l’occasion du couronnement du roi. La présence du collier de l’ordre du Saint-Esprit remis au roi en octobre 1722 abonderait dans ce sens 2 . Une autre confirmation que la gravure a bien été commencée en 1719 et terminée en 1723 nous vient de Mariette qui signale dans le chapitre de l’œ uvre de Rigaud que la date de 1719 est celle de la gravure par Drevet, alors que dans le chapitre consacré à l’œ uvre gravé de Pierre Drevet, il indique un Portrait de Louis XV « Roy de France représenté assis dans son trosne avec toutes les marques de sa dignité, gravé par Pierre Drevet le pere en 1723 par ordre de sa Majesté tres Chretienne qui en conserve la planche dans son Cabinet, d’après le tableau d’Hiacinthe Rigaud ».

Pierre-Imbert âgé alors de vingt-six ans se trouve au sommet de son art. Il est certain que l’achèvement a été réalisé par lui, comme le prouvent la variété et les finesses incroyables des tailles de finition. En outre, en 1723, Pierre Drevet a soixante ans et son immense savoir-faire ne peut se substituer à une bonne vue pour obtenir le velouté nécessaire à cette planche destinée au cabinet du roi. Il a donc laissé à Pierre-Imbert le soin de terminer la planche. De plus, la comparaison minutieuse de ce portrait avec le Portrait de Louis XIV en tenue d’apparat (cat. P. Dr., n° 21), gravé par Pierre d’après Rigaud, confirme ces considérations.

On remarque, par rapport au tableau de Rigaud, que Pierre et Pierre-Imbert ont légèrement vieilli la tête du roi qui, en 1723, n’a plus cinq ans mais treize ans. L’estampe se présente dans le même sens que le tableau.

Si Le Blanc accorde la paternité de la gravure à Pierre-Imbert, Basan, l’Abbé de Fontenai, Huber et Rost et Firmin-Didot l’attribuent à Drevet le père, mais en définitive, ce portrait est bien le fruit de la collaboration du père et du fils.

L’estampe encadrée, accompagnée de celle de Louis XIV en tenue d’apparat, a été vendue quatre vingt dix-sept livres à la vente de Claude Drevet.

(Voir volume I : pp. 29, 31, 126, 164, 170).

bibliographie

Anselme 1726, I, pp. 161-182 ; Mariette 1740-1770, III, f° 46 v°, n° 34, VII, f ° 19 ; Basan 1767,p. 174 ; Lelong 1775, p. 197, n° 22; Basan 1775, p.370, n° 1102  ; Fontenai 1776, I, 527 ; Strutt, 1785-1786, P. Dr, I, p. 262 ; Huber et Rost1797, VIII, p. 4 ; Paignon-Dijonval 1810, 7465 ; Nagler 1836, III, p. 475 ; Le Blanc 1856, II, P. Dr., n° 28 ; Dussieux 1854, II,p. 193 ; Firmin-Didot1876, P. Dr., n° 58 ; Firmin-Didot 1875-1877, P.Dr., n° 437 ; Portalis et Beraldi 1881, II, p. 22, n° 56; Bellier et Auvray 1882, I, p. 446 ; Bryan 1893, I, p. 425  ; Rondot 1896, p. 109 ; Mireur 1910, II, pp. 533, 534-539, 540-541  ; Soulange-Bodin 1914, pp. 6-49; Roman 1919,pp. 178, 191 ; Maumené et d’Harcourt 1931, XVI, pp. 295-296 ; IFF XVIII e 1951, P. Dr., VII, n° 82 ; Luna 1978, p. 190, fig. 5 ; Constans 1995, p. 755, 4260, p. 758, 4276

catalogues de ventes (complément au Dictionnaire Mireur)

Vente par Musier et Knapen 1753, p. 16 n° 136 ; Mariette par Basan 1775, p. 369, n° 1095 et p. 370, n° 1102 ;Claude Drevet 1782, n° 29, p. 8.Houzé de Grandchamp 1809, p. 13, n° 73.

catalogues d’expositions

Une épreuve du second état (inv. 896-1-2249), est mentionnée dans le Catalogue de l’exposition « Le portrait gravé au XVIIe siècle en France », à Nantes, musée Dobrée, automne 1979, n° 142, inv. 896-1-2249.

Catalogue de l’exposition « Les Peintres du roi, 1648-1793 », 2000,Tours, Toulouse, 2000, p. 253, n° R. 209.

Catalogue de l’exposition « Le Portrait dans les collections des musées Rhône-Alpes » Bourg-en-Bresse, Chambéry, Valence, 2001, p. 301, n° 97.

Notes
1.

Roman 1919, p. 178.

2.

A. N., K 136, n° 19, 18.08.1716. Je dois ce renseignement au Service de Documentation du Département des Peintures du musée du Louvre.

3.

Original : Inv. n° 7500, H. 1,89, L. 1,35. Copie : Inv. n° 7501, H. 2,08, L. 1,54. Voir Constans 1995, p. 755 , n° 4260, p. 758, n° 4276.

4.

Roman 1919,p. 191.

5.

Luna 1978, p. 190 fig. 5.

6.

Inv. n° 001-2-1., dimsions, H. 1,95, L. 1,45. Voir Catalogue de l’Exposition « Le Portraitdans les collections des musées Rhône-Alpes »,2001, Bourg-en-Bresse, Chambéry, Valence, p. 301, n° 97.

7.

Inv. n° X 18, dim. H. 1,90, L. 1,42. Voir Catalogue de l’Exposition « Les Peintres du roi, 1648-1793 », 2000, Tours, Toulouse, p. 253, n° R. 209.

1.

Dussieux 1854, II p. 193.

2.

Anselme 1726, I p. 181.