125/IV. fleury (André-Hercules, cardinal de) , d’après Hyacinthe Rigaud

1730 : 3e état . [Entre 1729 et 1730 : 1er, 2e état]

Burin

H. 0,504, L. 0,373/4 au tr. c. ; H. 0,517, L. 0,385 à la cuvette

Sous le cadre, de part et d’autre des armoiries : André Hercules // Cardinal de Fleury, // Grand Aumonier de la Reine, // Ministre d’Etat Grand Maître et, // Surintendant // des Postes. // Offerebat I. S. Brissart abbas // S ti Martini Nivernensis. ; sous le tr. c. : à g., Peint par Hyacinthe Rigaud Chevalier de l’ordre de St Michel. ; à dr., Gravé par P. Drevet ;

Assis jusqu’à mi-jambes, le corps tourné de trois quarts vers la gauche, la tête presque de face, le regard de face, le cardinal pose ses mains sur une barrette placée sur le genoux droit. La chape herminée recouvre ses épaules et ses avant-bras. Les drapés de la traîne recouvrent en partie la soutane et le rochet de dentelle. Il se tient devant une colonne habillée d’un rideau de velours. À gauche de la composition, sa table de travail est encombrée de livres. À l’arrière-plan, on distingue un mur orné de pilastres soutenant une architrave. Les armoiries sont surmontées d’une couronne princière, de la croix d’archevêque primat et du chapeau de cardinal : Ecartelé aux 1 et 4 d’azur à trois roses d’or ; aux 2 et 3, coupé de gueules, au lion naissant d’or et d’azur plein.

I : avant la lettre, avant les armes ; avec des verrues sur le visage ; avant 1730 ; (Le Blanc ; Firmin-Didot, coll. Dutuit ; Mireur, vente d’un cabinet étranger par Basan 1775)

II : l’état décrit avec les verrues, avant la date ; (BNF, Est., Ed 99a rés., in-fol.)

III :avec la date 1730 à la suite du mot Nivernensis ; avec les verrues ; suppression peu évidente d’une ou deux verrues en raison des marques d’usure du cuivre ; (BNF, Est. : Ed 99a rés., in-fol.  ; Da 62, in-fol., p. 80 ; N3, in-fol., vol. 29,Mf D287880Paris, ENSBA, fol. 1439 rés., p. 122 - Bruxelles, BR. Estampes - Londres, V&A - Philadelphie, MA - Vienne, Albertina - Washington, NGA, B 6477)

Épreuves non consultées : Rouen, BM - Dresdre, SK - Londres, BM - Madrid, BN - Madrid, RB, patrimoine national - Amsterdam, Rijks.

André-Hercules de Fleury (Lodi 1653-Issy 1743) est né du mariage de Jean de Fleury, sieur de Dio et de Diane de la Treilhe de Fozières. Docteur en théologie de la faculté de Paris, abbé de la Rivoure-en-Champagne, chanoine de l’église de Montpellier, il occupe les fonctions de Grand Aumônier de la Reine Marie-Thérèse d’Autriche, puis de Louis XIV. Il est nommé évêque de Fréjus en 1698 et garde cette fonction jusqu’en 1715. Les abbayes de Tournus et de Saint-Étienne de Caen lui sont dévolues. Nommé proviseur de la Sorbonne et supérieur du collège de Navarre, André-Hercule de Fleury est reçu à l’Académie française et, à titre honoraire, à celle des Sciences et des Belles Lettres. Désigné pour être le précepteur de Louis XV, il devient ministre d’état, grand maître et surintendant général des Postes. Le roi le nomme enfin Premier ministre, en remplacement du prince de Condé évincé. 1 Il est fait cardinal par le pape Benoît XIII 2 , en reçoit le chapeau des mains du roi en septembre 1726 et, de ce fait, le titre de « cousin du roi  3 ». André-Hercules de Fleury pratiqua une politique pacifique qui a permis à la France de reprendre haleine. Il a été économe des deniers publics et sous son ministère, pour la première fois depuis Colbert, et pour la dernière dans l’ancien Régime, il est parvenu en 1738 à équilibrer le budget 4 . L’évêché de Fréjus était doté de privilèges importants accordés par le pape Jean XXII qui, lui-même, avait été évêque de Fréjus 1 . Les revenus de l’évêché rapportaient au Cardinal de Fleury autour de vingt mille livres de rentes annuelles 2 .

Rigaud brosse le portrait en pied du cardinal de Fleury en 1728, date à laquelle il le mentionne dans son livre de comptes ; il en demande trois mille livres. Un autre portrait avait été réalisé par Rigaud en 1706 avant que Fleury ne soit cardinal : « Mr l’évêque de Réius. H. r. 150 L.  3 ». Le portrait de 1728 fut copié et donné à l’Académie en 1738 4 .

Van Hulst indique que le portrait en pied a été gravé en 1730 par Pierre Drevet père et fils « mais plus par le premier ; la démence du fils étant très forte alors 5 ». Mariette écrit à peu de mots près la même chose, précisant « la démence du fils étant forte et longue en ce tems ». Cependant, Pierre-Imbert a eu l’occasion de dire et de prouver par ses derniers chefs-d’œuvre, que sa maladie ne l’empêchait pas de graver 6 . Il s’agit visiblement d’un travail commun de Pierre et de Pierre-Imbert Drevet, le fils ayant assuré les finitions. Sont, de sa main, la fourrure, les reflets de la moire, et l’extrême velouté du rendu final obtenu par un nombre infini de minuscules entailles.

Le tableau ayant été terminé en 1728, la gravure a probablement été exécutée dans le courant de l’année 1729 dont sont issus les deux premiers états non datés ; la date 1730 a été ajoutée sur le troisième état.

L’abbé Lelong, selon son habitude, ne distingue pas le travail du père de celui du fils. Il ajoute la mention « Beau » et cite « un dessin colorié au cabinet de M. de Fontette, in-fol. maj. 7  ». Le Blanc n’indique que deux états.

Il existe un portrait gravé d’après celui de Drevet par C. Le Roy, pour la suite d’Odieuvre.

La planche est conservée à la Chalcographie du Louvre 8 .

(Voir volume I :pp. 31, 83, 126, 131, 160, 201, 256).

bibliographie

Saugrain 1726, II, p. 325 ; D’Hozier 1738,I, p. 240 ; Mariette 1740-1770, VII, f ° 22 ; Beaunier 1743, I, 2e partie, pp. 13-15 ; Basan 1767, p. 174 ; Gori 1771, I, p. 365 ; Lelong 1775, p. 186 ; Strutt 1785-1786, P. Dr, I, p. 262 ; Paignon-Dijonval 1810, 7374 ; Nagler 1836, III, p. 475 et 1843, XIII, p. 182 ; Dussieux et coll. 1854,p. 197 ; Le Blanc 1856, II, P. Dr., n° 56 ; Barbier 1866, pp. 431, 444 ; Firmin-Didot 1876, P. Dr., n° 48 ; Firmin-Didot 1875-1877, P. Dr., n° 428 ; Portalis et Beraldi 1881, II, p. 21 n° 53 ; Bellier et Auvray 1882, I, p. 446 ; Bryan 1893, I , p. 425 ; Fontaine 1910, p. 156, 147-7 ; Mireur, 1910, II, p. 533-541 ; Soulange-Bodin 1914, pp. 6-49 ; Roman 1919, p. 203 ; Audin et Vial 1919, p. 287 ; Angoulevent 1933, n° 2165; Jougla de Morenas 1975, IV, p. 12 ; IFF XVIII e 1951, VII, P. Dr., n° 47; Marion 1968, p. 72 ; Constans 1995, p. 769, n° 4333 ; Thieme et Becker-Saur 2001, XXIX , pp. 409.

catalogues de ventes ( complément au Dictionnaire Mireur )

Vente par Musier et Knapen 1753, p. 16, n° 135 ; Mariette par Basan 1775, p. 371, n° 1111.

Notes
1.

Voir Barbier 1866, pp. 431, 444.

2.

Hozier 1738, I, p. 240.

3.

Marion 1968, p. 72.

4.

Jougla de Morenas 1975, IV, p. 12.

1.

Saugrain 1726, II, p. 325.

2.

Beaunier 1743, I, 2e partie, pp. 13-15.

3.

Ce portrait de 1706 existe à mi-corps au musée de Versailles (voir Constans 1995, p. 769 n° 4333), aux musées de Budapest, de Stockolm et de Metz ; en buste aux musées de Perpignan, de Quimper, Darmstadt, à la National Gallery et au Musée Walace à Londres (voir Roman 1919, p. 203).

4.

Fontaine 1910, p. 156, 147-7.

5.

Dussieux et coll. 1854, II, p. 197.

6.

A. N., O1, 1672, 39. Pierre-Imbert insiste, dans sa supplique adressée à l’Intendant des bâtiments du roi le 12 août 1738, sur le fait que sa maladie ne l’empêche pae de graver. Voir annexes, vol. III, p. 35.

7.

Lelong 1775, p. 186.

8.

Angoulvent n° 2165.