129/VIII. BouLLOGNE (L ouis de) , d’après Hyacinthe Rigaud

S. d. [1730-1731 : 1er état ; à partir de 1762 : 2e état]

Burin ; traits échappés le long du côté droit

H. 0,444, L. 0,329 au tr. c. ; H. 0,450, L. 0,335 à la cuvette

Sous le portrait et sur la tablette, dans un cartouche : Louis de Boullogne // Ecuyer Chevalier de // l’Ordre de S t Michel // Premier Peintre du Roy Directeur et Recteur // de l’Académie Royale de Peinture et Sculpture ; sur la plinthe du socle : à g., Peint par Hyacinthe Rigaud Ecuyer Chevalier de l’Ordre de S t Michel ; à dr., P. Drevet Sculpsit. ;

A mi-corps devant une baie cintrée, tourné de trois quarts vers la droite, la tête et le regard tournés de trois quarts vers la gauche, le peintre porte une longue perruque dont une boucle, retenue par un ruban, longe le côté droit de la poitrine. La croix de l’ordre de Saint-Michel est maintenue par un large ruban. L’index gauche semble désigner quelque chose. Le manteau retombe en drapé sur le rebord de la baie à gauche de la composition. Les armoiries sont surmontées d’une couronne comtale et entourées du collier de l’ordre de St Michel : De gueules à une tour d’argent ; au chef cousu d’azur, chargé de trois étoiles d’or.

I : l’état décrit ; (BNF, Est., Ed 99a rés., in-fol.; inscription au bas, en marge, à la mine de plomb : « très rare la planche aïant été supprimée » - Londres, BM - Londres, V&A).

II : seule l’adresse a changé ; sous le tr. c. : A Paris, chez Bligny, Doreur et Vitrier, Lancier du Roi, Cour du Manège aux Tuilleries ; (Bruxelles, BR, Estampes - Londres, V&A, E 314-1965 PP 75, avec la marque de la collection du Révérend J. Burleigh James, milieu XIXème s.).Épreuve de cet état citée par Firmin-Didot dans la collection du Dr. Roth.

Fils de Louis Boullongne, mort en 1674, Louis de Boulogne dit le jeune 1654-1733), a été, comme son père, premier peintre du roi. Frère cadet du peintre Bon Boullongne, Dezallier d’Argenville dit d’eux : « la noire jalousie ne fut point de la partie, elle ne détruisit jamais leur union. Louis excellait dans la composition, son pinceau frais et gracieux, sa manière de penser étoit du goüt de tout le monde et lui attirèrent beaucoup d’admirateurs 1  ». Reçu à l’Académie royale de peinture en 1681, adjoint à professeur en 1690, professeur en 1694, recteur en 1717, il est nommé directeur de l’Académie en 1722. On le retrouve Premier peintre du roi en 1725 2 puis chevalier de l’ordre du roi et pensionnaire de l’Académie royale des Inscriptions et Belles lettres. Il travaille en particulier pour Louis XV à l’embellissement du château de Versailles et de sa chapelle, du Salon de Marli, de l’église des Invalides et du chœur de Notre Dame de Paris. En remerciement, le roi l’anoblit ainsi que sa postérité mâle et femelle, par lettres patentes, en forme de charte, données à Fontainebleau au mois de novembre 1724 3 . Il meurt en novembre 1733 4 .

Biographie de Rigaud : cat. P. Dr., n° 117.

Rigaud mentionne ce portrait à l’année 1730, sans en indiquer le prix 5 . Sa localisation n’a pas été retrouvée.

Ce portrait gravé est le fruit de la collaboration visible du père et du fils, confirmée par le marché passé entre Louis de Boullogne et les Drevet père et fils. Ce marché est mentionné dans l’Inventaire après décès de Pierre-Imbert Drevet sous le numéro 33, avec les annotations suivantes : « l’original d’un marché fait entre lesd. Srs Drevet père et fils et M. de Boulogne, chevalier de l’ordre de St Michel et premier peintre du roi, [sans date, signé De Boulogne], par lequel lesd. deffunts Srs Drevet pere et fils ont promis lui graver son portrait moyennant la somme de mille cinq cent livres payables dans le temps y porté 1  ».

Le tirage du second état a été effectué à partir des années 1762 jusqu’en 1782, années pendant lesquelles l’activité de Bligny est avérée 2 . Celui-ci a emprunté le cuivre à Claude Drevet, soit pour effectuer des tirages qu’il a vendus séparément, soit pour éditer le Recueil des Portraits de la Famille royale et des autres princes, des ministres, et des hommes illustres de l’Europe, sous les règnes de Louis XV et Louis XVI, gravés par les meilleurs artistes et suite d’autres gravures qui se vendent A Paris, chez Bligny, lancier du Roi, Cour du manège aux Thuilleries [sans date, in-fol.] 233 portraits par Morin, Le Beau, Cathelin, Gaucher, Littret, Edelinck, Duflos, Drevet, Ingouf etc. 3

Le cuivre et quatre épreuves ont été adjugés soixante et unes livres à la vente de Claude Drevet en 1782.

On s’étonne que ce cuivre n’ait pas été remis à Louis de Boullogne qui en avait fait la commande, à moins que le peintre ne se soit pas acquitté de la somme demandée pour cette gravure ou, ce qui est plus probable, qu’il soit mort avant l’achèvement du portrait.

Mariette ne cite pas ce portrait, pas plus que l’abbé Lelong qui indique en revanche celui gravé par Lépicié en 1736.

(Voir volume I : pp. 125, 131, 181).

bibliographie

D’Hozier, 1738, I/1, p. 400 ; Dezallier d’Argenville 1745, II, pp. 388-393 ; Paignon-Dijonval 1810, 7594 ; Nagler 1836, III, p. 479 ; Le Blanc 1856, II, P. Dr., n° 29 ; Firmin-Didot 1876, P. Dr., n° 27; Firmin-Didot 1875-1877, P.Dr., n° 413 ; Portalis et Beraldi 1881, II, p. 17, n° 7 ; Beller et Auvray 1882, I, pp. 140-141 ; Rondot 1896, p. 109 ; Mireur 1910, II, pp. 538, 543 ; Cohen 1912, p. 164 ;Thieme et Becker 1913, IX, p. 56 ; Roman 1919, p. 206 ; Audin et Vial 1919, p. 287 ; Jougla de Morenas 1975, II, p. 219 ; Weigert 1938, pp. 223-246 ; IFF XVIII e 1951, VII, P. Dr., n° 23 ; Lugt 1938, 1425 ; Préaud 1987, p. 56 ; Thieme et Becker-Saur 2001, XXIX, pp. 409-410.

catalogues de ventes (complément au Dictionnaire Mireur )

Hallé 1781, n° 140 ; Claude Drevet 1782, p. 24, n° 273 ; Basan par Regnault, 1798, p. 138, n° 664.

Notes
1.

Dezallier d’Argenville 1745, II, p. 390.

2.

Beller et Auvray 1882, I pp. 140-141.

3.

BNF, Ms fr. 29665, pièces originales, n° 120.

4.

Hozier 1738, I/1 p. 400.

5.

Roman 1919, p. 206.

1.

A. N., m. c., ET/LX/266, voir Weigert 1938,pp. 223-246 et annexes, vol. III, p. 56.

2.

Préaud 1987, p. 56.

3.

Vente Destailleur, 1891, n° 451. Voir Cohen 1912, p. 164.