4. LA présentation de la vierge au temple, d’après Charles Le Brun

S. d. [Vers 1710-1712 ; dans tous les cas, avant 1715]

Burin

H. 0,500, L. 0,389 au tr. c. ; H. 0,548, L. 0,403 à la cuvette

Sous le tr. c., en marge inf., de part et d’autre d’un cartouche armorié : Illustrissimo Ecclesiæ Principi D.D. Francisco - de Harlay Parisiensium Archiepiscopo Regiorum // Ordinum Commendatori et Sorbonæ Provisori, Viro si Genus - Spectes Clarissimo, si Doctrinam Eminentissimo, si Munus - Exactissimo, Ejusque ideo Virtutibus ad Posteros in singulare - transmittendis Exemplum, Beatissimæ Virginis oblatæ in Templo // Iconem quam æternitati Pictam vellet, ædem mente ædemque - manu offert qua fereret Arbores alteri Sæculo profuturas. // Carolus le Brun ~ ;

Traduction du texte en latin : Au très illustre Prince de l’Église par le don [et la grâce] de Dieu François de Harlay Archevêque de Paris, Commandeur des ordres royaux et Proviseur de la Sorbonne, puisses-tu contempler le lignage en un homme de haute qualité, la sagesse dans un homme très distingué, la conscience extrême à remplir une charge, et aux vertus dont il donne à la postérité un singulier exemple, Charles Le Brun offre l’image qu’il voudrait peinte pour l’éternité de la très Sainte Vierge dans le Temple, temple et temple Spirituel, d’une main qui fût utile et le sera au siècle qui vient.

La Vierge, adolescente, tournée à droite, les mains croisées sur la poitrine, se tient à genoux sur les marches conduisant à l’autel du temple. Devant elle, le grand prêtre, assis, lui tend les bras. Deux personnages entourent le grand prêtre : l’un se tient à genoux, à droite, portant un candélabre et l’autre, se trouve derrière lui. Les parents de Marie sont placés derrière elle. Les armes, surmontées d’un chapeau de cardinal et entourées du collier de l’ordre du Saint-Esprit sont probablement celles de François de Harlay.

Un seul état connu : l’état décrit. (BNF, Est., Da 35, in-fol., vol. 1, Mf E081164 -Dresde, SK - Francfort, Städel, inv. 53451 - Philadelphie, MA, 1985/052/37586)

Biographie de Le Brun (Paris 1619-id. 1690) : voir Jouin.

La toile a été brossée pour le couvent des capucins du Faubourg Saint-Jacques à Paris 1 . Une confusion aurait pu exister avec un tableau du même sujet qui se trouvait dans le chœur de l’Hôtel-Dieu de Lyon dans les années 1740 2 et ce, jusqu’à la Révolution. L’étude qu’en a fait Gilles Chomer le situant aujourd’hui aux États-Unis, au Detroit Art Institute, et la description et la reproduction qu’il nous en donne montrent qu’il n’existe aucune analogie entre ce tableau et l’estampe de Pierre-Imbert 3 . La localisation du tableau qui a servi de modèle à Pierre-Imbert n’est pas connue.

Charles Le Brun avait donc dédicacé son tableau à l’archevêque de Paris, Mgr François de Harlay. Cette dédicace, reproduite sur l’estampe, prête à confusion si elle n’est pas traduite précisément, car on peut penser qu’il s’agit d’une dédicace de l’estampe, ce qui serait un anachronisme.

Ce que l’on sait sur cette estampe est consigné dans les Notes manuscrites de Mariette : « Le Grand Prestre recevant la Sainte Vierge qui est offerte au Temple par ses parens, gravé par Drevet le fils, pour son coup d’essay ; d’après Charles Le Brun 1  »

Firmin-Didot n’a pas retrouvé cette estampe et Le Blanc la cite sans faire de commentaire. Des épreuves existent cependant au Département des estampes de la bibliothèque nationale de France, aux musées de Dresde, de Francfort et de Philadelphie.

Il s’agit donc d’un premier travail de Pierre-Imbert exécuté avant La Résurrection de Jésus-Christ d’après Jean André (1662-1753), gravée en 1716 alors qu’il avait 19 ans. Un long apprentissage sépare les deux gravures. Le rendu de la Présentation de la Vierge au Temple est encore très légèrement métallique, bien que les tailles soient déjà très fines et très bien conduites, alors que la Résurrection de Jésus-Christ est un petit chef-d’œuvre. Le travail a, sans doute, été réalisé vers les années 1710-1712, lorsque Pierre-Imbert avait entre treize et quinze ans. C’est déjà une belle réalisation pour un adolescent.

Une estampe existe en contrepartie de celle de Pierre-Imbert, dans un format cintré, éditée antérieurement chez Audran rue St Jacques aux 2. piliers d’or auec priuil., dont les dimensions sont inférieures : H. 0,305 x L. 0,220 au tr. c. et H. 0,336 x L. 0,230 à la cuvette. (BNF, Est., Da 37, vol. 3). Cette estampe, au rendu métallique, pourrait avoir été exécutée par Claude Duflos qui a gravé pour et chez Audran de nombreuses pièces religieuses dans un format identique.

L’estampe n’est pas inscrite à l’Inventaire du Fonds Français.

(Voir volume I, pp. 20, 80, 84, 205-206).

bibliographie

Mariette1740-1770, III, f° 49 v°, n° 13 ; Le Blanc 1856, II, P.-I. Dr., n° 4 ; Firmin-Didot1876, P.-I. Dr., n° 4 ; Jouin 1889, pp. 485-486 ; Bryan 1893, I, p. 426 ; Chomer 1977, p. 101 ; Chomer, Perez 1982, p. 53 ; Thieme et Becker-Saur 2001, XXIX, p. 410.

Notes
1.

Jouin 1889, p. 486.

2.

Clapasson 1741, repr. Chomer et Perez 1982, p. 53.

3.

Chomer 1977, p. 101. Je remercie madame Chantal Rousset, bibliothécaire, pour les renseignements qu’elle a bien voulu me transmettre.

1.

Mariette, f° 49 v°, n° 13.