S. d. [Entre 1738-1739]
Burin et eau-forte
H. 0,532, L. 0,401/2 au tr. c. ext.; H. 0,580, L. 0,412 à la cuvette
Dans l’image, en bas, à dr., à la pointe sèche : Gravé Par Pierre Dreuet fils // Priez Dieu Pour Luy. ; dans le cadre : à g., Retout [sic] pinx.; à dr., Drevet Sculp. ; En marge, sous le cadre : Et Ipse avulsus est ab eis quantum Jactus est Lapidis : et Positis Genibus Orabat, // Dicens Pater, Si Vis, Transfer Calicem Istum à me : Verumtamen non mea Voluntas, Sed tua fiat. // Apparuit autem Il Angelus de Cælo, Confortans eum. Et factus In Agonia, Prolixiùs Orabat : // au-dessous, à dr. : S t . Luc C. XXII. v. 41.42.43.
Traduction du texte latin : Puis il s’éloigna d’eux d’environ un jet de pierre et, fléchissant les genoux, il priait en disant : « Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe ! Cependant, qu’il ne soit pas fait selon ma volonté mais selon la tienne ! » Alors lui apparut, venant du ciel, un ange qui le réconfortait. Entré en agonie, il priait de façon plus instante.
Au premier plan, deux apôtres dorment près d’un troisième plus âgé, qui s’accoude sur une pierre à droite. Au-dessus, sur un talus, le Christ assis, le visage de profil tourné vers la droite, les deux bras écartés, regarde les rayons lumineux venant du haut de l’estampe à droite. Il est soutenu par un ange et réconforté par un second ange à droite. Au-dessus, se tient un angelot dans une nuée. La gauche de l’estampe est occupée par un gros arbre sous lequel on aperçoit le disque de la lune.
I : l’état décrit ; (BNF, Est., Ed 99d rés., gr. in-fol.)
II : avec l’adresse : A Paris chez L. Surugue Graveur du Roy rue des Noyers vis-a-vis le mur S t . Yves. Avec Privilége du Roy. (BNF, Est., Db 25, in-fol., p. 5 - Francfort, Städel - Genève, MAH, estampes - Londres, V&A - Vienne, Albertina)
III : avec ce complément : et presentement chés Buldet rue de Gesvres ; au-dessous : Impr. Lamoureux r. S. Jean de Beauveais 12. Paris (BNF, Est., Grands s.n.r., à Drevet et à Restout - Baltimore, MA - Londres, BM - Philadelphie, MA). Non inscrit à l’IFF.
Épreuves non consultées : Amsterdam, Rijks - Dresde, SK.
Jean Restout II, est né en 1692 à Rouen, paroisse Saint-Lô. Son père, Jean Restout I et sa mère Marie-Madeleine Jouvenet, lui donnent pour parrain le peintre Jean Jouvenet, son oncle. À l’âge de quinze ans, il entre dans l’atelier de Jouvenet. En 1717, il est agréé à l’Académie sur la présentation de Vénus et Vulcain, pour y être reçu en 1720avec Alphée et Aréthuse, puis il épouse, en 1729, Marie-Anne Hallé, fille de Claude-Guy Hallé (1651-1736). Il est élu professeur à l’Académie en 1734, puis recteur en 1752, enfin directeur en 1760 et chancelier l’année suivante. Il meurt le 1er janvier 1768 866 .
Ce tableau offre de nombreuses analogies avec la composition sur le même thème par Jean Jouvenet qui se trouve au musée de Rennes : la présence de la lune, les trois apôtres endormis au premier plan, placés sur une butte, deux anges, celui de gauche soutenant le Christ et celui de droite le réconfortant… Une seconde répétition, non signée, du tableau de Jouvenet existe à la sacristie de la cathédrale d’Orléans, avec l’ajout d’un troisième ange dans les nuées illuminées 1 , répétition qui correspond à la gravure de Pierre-Imbert, excepté l’attitude du Christ dont le visage est de profil et qui porte les bras ouverts. Il se peut que Restout se soit amplement inspiré de cette répétition d’Orléans pour exécuter sa composition 867 . Aucun renseignement sur ce tableau de Restout n’ayant été retrouvé, on ne peut que se référer à Jouvenet.
L’inventaire après décès de Pierre-Imbert fait état d’« un tableau peint sur toile, représentant une prière au Jardin, peinte par M. Restou [sic], prisé 60 livres 868 ». Ce tableau n’était pas mentionné dans le Catalogue de la vente de Claude Drevet en 1782.
Selon les écrits de Van Hulst concernant la réalisation du Portrait du cardinal de Fleury d’après Rigaud (cat. P.Dr n°125/IV), Pierre-Imbert est tombé malade peu de temps avant 1730 869 . La mention, Priez Dieu pour lvy apparaît à trois reprises dans l’œuvre de Pierre-Imbert (Cf. cat. nos 10 et 11). Ces sujets religieux, exprimant le désespoir et la foi du graveur, ont été probablement gravé pendant les deux ou trois dernières années de sa vie, années qui ont vu la mort de sa mère en 1737 et celle de son père en 1738. Pendant ces années Pierre-Imbert a été confronté aux accès les plus récurrents et violents de sa maladie.
Mariette ne cite pas cette estampe. Si le cuivre est mentionné dans l’inventaire après décès de Pierre-Imbert, on ne le trouve pas dans le Catalogue de la vente de Claude Drevet : Surugue l’avait probablement acquis longtemps avant la mort de Claude. Il a appartenu, au XIXè siècle, à l’éditeur Bernard (Cf. Firmin-Didot).
Audin et Vial attribuent ce travail à Claude Drevet 870 .
(Voir volume I : pp. 131, 135, 148, 195).
bibliographie
Basan 1767, I, p. 176 ; Fontenai 1776, I, 528 ; Paignon-Dijonval 1810, 8201 ; Joubert 1821, I, p. 438 ; Nagler 1836, III, p. 478 ; Dussieux et coll. 1854, II, p. 197 ; Le Blanc 1856, II, P.-I. Dr., n° 12 ; Firmin-Didot1876, P.-I. Dr., n° 7 ; Bellier et Auvray 1885, II, pp. 362-363 ; Bryan 1893, I, p. 426 ; Mireur 1910, II, pp. 542, 544 ; IFF XVIII e 1951, VII, P.-I. Dr., n° 5 ; Weigert 1938, p. 230, 239 ; Rosenberg et Schnapper, 1970 ; Schnapper 1974, pp. 101, 196, 206, nos 55, 90, 91, figr. 47, 90, 91 ; Thieme et Becker-Saur 2001, XXIX, pp. 410-411.
catalogues de ventes ( complément au Dictionnaire Mireur) catalogues de ventes
Claude Drevet 1782, p. 13,n° 105 ; Vente par Regnault 1798, p. 117, n° 531 ; Detienne 1807, p. 7, n° 52 ; Ponce 1831, p. 13, n° 135, 136.
catalogues d’expositions
Catalogue de l’Exposition « A l’ombre des Rois. Le Grand Siècle d’Orléans », Musée des Beaux-Arts d’Orléans, juin-décembre 1999, pp. 185-186.
Voir Pierre Rosenberg et Antoine Schnapper 1970 : Catalogue de l’exposition « Jean Restout (1692-1768) », musée des Beaux-Arts de Rouen, du 17 juin au 15 septembre 1970.
2Schnapper 1974, pp. 101, 196, 206, cat.nos 55, 90, 91, figs. 47, 90, 91.
Voir article de Moinet, Catalogue de l’Exposition « A l’ombre des Rois. Le Grand Siècle d’Orléans »,juin-décembre 1999, pp. 185-186.
A. N., m. c., ET/LX/266, 1739, voir Weigert 1938, p. 230.
3Dussieux et coll. 1854, II, p. 197.