21. dubois (Guillaume), d’après Hyacinthe Rigaud

1724

Burin

H. 0,436, L. 0,349 au tr. c.; H. 0,485/6, L. 0,356 à la cuvette

Dans l’image, sur le dos de quatre livres, à dr. : ordon // nances, trait- // tes, hugo // grotius, penta // teuchus  ; sur un feuillet tenu par le cardinal, la mention : Au Roy ; dans le cadre, en bas : à g., Peint par Hyacinthe Rigaud, 1723. ; à dr., Gravé par P. Drevet 1724. ; sous le tr. c. ext., de part et d’autre d’un médaillon armorié : Guillaume Cardinal - Dubois, Archevesque // Duc de Cambray, Prince du S t . - Empire. Premier Ministre. // Né le 6 . Septembre 1656. - mort le 10 Aoust 1723. ;

Assis dans un fauteuil, vêtu de la chape herminée dont un pan revient sur l’épaule gauche, de trois quarts tourné vers la droite, le regard de face, le personnage tient de la main gauche une lettre dédicacée au roi, de la main droite sa barrette posée sur ses genoux. Armoiries surmontées d’une couronne comtale, d’une croix d’archevêque Primat et d’un chapeau de cardinal : D’azur à trois arbrisseaux d’or; au chef de gueules chargé de trois molettes d’argent.

I : avant toute lettre ; l’emplacement des armoiries est réservé ; (BNF, Est., Ed 99c rés., in-fol. ; sur cette épr. l’inscription Au Roy ainsi que les armes ont été griffonnées à la plume - Londres, BM - Vienne Albertina)

II : l’état décrit, avec les armes et l’inscription Au Roy terminées ; (BNF, Est. : Ed 99c rés., in-fol. ; Da 62, in-fol., p. 74, Mf E066799 ; N3 in-fol., Mf D287556 - BML, fds anc. - Lyon, MAD, inv. 1713/a - Paris, ENSBA, fol. 1439 rés., p. 101 - Toulouse, Dupuy, Est. - Bruxelles, BR, Estampes - Francfort, Städel - Londres, BM - Londres, V&A - Philadelphie, MA - Rome, InG., Farnesina - Stockholm, Nm - Vienne, Albertina)

Épreuves non consultées : Caen, MBA - Chantilly, MC - Amsterdam, Rijks - Bologne, PN, GDS - Dresde, SK- Madrid, BN.

Il existe au V&A une épreuve plus tardive, tirée sur papier chine (E. 218-1891)

Guillaume « du Bois » naît à Brive-la-Gaillarde le 6 septembre 1656. Il est désigné pour être précepteur de Philippe II, petit-fils de France, duc de Chartres, puis duc d’Orléans. Nommé chanoine de l’église Saint-Honoré à Paris en 1690, il reçoit plusieurs abbayes dans les années qui suivent. En 1716, il est nommé conseiller d’État d’église. Devenu ambassadeur plénipotentiaire et extraordinaire, il signe le 4 janvier 1717 le traité d’alliance entre la France, l’Angleterre et la Hollande, puis celui pour la pacification de l’Europe à Londres en 1718. La même année, le ministère et le secrétariat d’État au département des affaires étrangères lui sont offerts, et en mars 1720, bien que ses mœurs soient contestables, il reçoit l’archevêché de Cambrai. Le chapeau de cardinal lui est rapidement remis en 1721. En octobre de cette même année il est nommé Grand maître et surintendant général des courriers, postes et relais de France. Il siège au conseil de régence à partir du mois de mars 1722 ; nommé Premier ministre le 22 août, il est reçu à l’Académie française le 3 décembre. Le cardinal, élu premier président de l’assemblée générale du clergé de France le 29 mai 1723, meurt le 10 août suivant à l’âge de soixante-sept ans. Il a été inhumé à l’église Saint-Honoré à Paris 1 . Saint-Simon, dont on sait que la verve n’était pas toujours bienveillante envers ses compatriotes, dit de lui qu’il « était un petit homme maigre, effilé, à mine de fovine. Tous les vices, la perfidie, l’avarice, la débauche, l’ambition, la basse flatterie, combattaient en lui à qui demeurerait le maître ».

Biographie de Rigaud : voir cat. P.Dr, n° 117.

Rigaud mentionne ce portrait à l’année 1723 ; il en demande trois mille livres. Le Mercure de Juin 1723 indique que le tableau de Rigaud est exposé sur le Pont-Neuf. Il se trouve aujourd’hui au musée de Cleveland.

Mariette nous informe que le commanditaire de la gravure est « Mr Rigaud, directeur de l’Imprimerie Roiale ». Il est intéressant d’observer que Claude Rigaud, imprimeur lyonnais, était beau-frère et associé de Jean Anisson auquel il devait succéder en 1707 à la direction de l’Imprimerie Royale et qu’il se trouvait à Lyon lors du séjour de Hyacinthe Rigaud et de Pierre Drevet dans cette ville.

Pierre-Imbert a vingt-sept ans lorsque qu’il grave ce portrait qui demeure un chef-d’œuvre de gravure et dans lequel on retrouve toutes les caractéritiques de sa manière : interprétation magistrale des coloris, des différentes textures et de l’expression du sujet par un burin inventif qui sait se faire oublier.

Le portrait orne un recueil très rare et unique sur la vie du prélat 1 .

L’estampe encadrée a été vendue douze livres, un sol à la vente de Claude Drevet. Selon Firmin-Didot, le cuivre a été acquis par l’éditeur Bernard au XIXe siècle.

Gravé également d’après Rigaud par Roy (BNF, Est., Œuvre de Rigaud).

(Voir volume I :pp. 31, 87-88, 189, 194, 198, 220, 255).

bibliographie

Mercure de France, juin 1723, p. 1175  ; Mariette 1740-1770, f° 45 v°, n° 7, VII, f ° 20 ; Moreri 1759, II, 2e part. p. 25 ; Basan 1767, I, p. 175  ; Gori 1771, I, p. 365  ; Lelong 1775, p. 150 ; Strutt 1785-1786, P.-I. Dr, I, p. 263 ; Huber et Rost 1797, VIII, p. 8, n° 13 ; Paignon-Dijonval 1810, 7390 ; Paignon-Dijonval 1810, 7390 ; Joubert 1821, I, p. 437 ; Nagler 1836, III, pp. 477, 1843, XIII, p. 183  ; Dussieux & coll. 1854, II, p. 195 ; Le Blanc 1856, II P.-I. Dr., n° 26 ; Firmin-Didot1876, P.-I. Dr., n° 15 ; Firmin-Didot1875-1877, P.-I. Dr., n° 493 ; Portalis et Beraldi 1881, II, p. 23, n° 67  ; Bellier et Auvray 1882, I, p. 446-447  ; Bryan 1893, I, p. 426 ; Mireur 1910, II, pp. 542-47 ; Thieme et Becker 1913, IX, p. 560 ; Soulange-Bodin 1914, pp. 6-49 ; Roman 1919, p.195 ; IFF XVIII e 1951, VII, P.-I. Dr., n° 12 ;Jougla de Morenas 1975, I, 1ère part., 2 ; Thieme et Becker-Saur 2001, XXIX, p. 410.

catalogues de ventes ( complément au Dictionnaire Mireur )

Vente par Musier et Knapen1753, p. 16, n° 133 ; Mariette par Basan 1775, p. 371, n° 1111 ; Claude Drevet 1782, p. 8, n° 33 ; Basan par Regnault 1798, p. 138, n° 666  ; Paignon-Dijonval, Morel-Vindé 1823, 3225, p. 334 ; Ponce 1831, p. 13, n° 138 ; Druon par Defer 1833, p. 25, n° 163.

Notes
1.

Moreri 1759, II p. 25.

1.

Histoire de son Éminence Mgr le Cardinal Dubois, ou la vie épineuse et raboteuse de l’homme ou du ministre abandonné dès le commencement à lui-même par son prince, pour gouvernement du royaume, par de la Houssaye Pegeault, commis des affaires étrangères, in-fol. Il s’agit d’un manuscrit de 441 pages, orné de quelques initiales peintes et d’un portrait du cardinal gravé par Drevet. C’est une histoire satirique du cardinal Dubois, dédiée et présentée au cardinal de Fleury. Manuscrit original. Voir Paignon-Dijonval, 1823, n° 3225, p. 334.