29. bossuet (Jacques-Bénigne) , d’après Hyacinthe Rigaud

1723

Burin

H. 0,479, L. 0,335/6 au tr. c. ext. ; H. 0,512, L. 0,342 à la cuvette

Dans l’image, en bas et à gauche, parmi les volumes et les feuillets, un signet dépasse, sur lequel est mentionné, graué // par P. // Dreuet. f.s. ; sur le dos d’un volume posé verticalement on peut lire Peint // par H // Rigaud. ; sous le tr. c. ext. : à g., Hyacinthus Rigaud pinxit ; à dr., Petrus Drevet Sculpsit 1723. ; au c., de part et d’autre d’un cartouche armorié : jacobus benignus - bossuet episcopus // Meldensis Comes Constorianus antea Serenissimi Delphini - præceptor et primus Serenissimæ Ducis Burgundiæ Eleemo - // synarius, natus anno [blanc] ; au-dessous : Hanc Effigiem, æternum amoris ac venerationis monumentum incidi curavit Jacobus Benignus Bossuet Episcopus Trecenses ex fratre nepos.

Le sujet est présenté portant un rochet de dentelle et une chape herminée. Il est debout, de face, appuyé sur sa jambe gauche, la jambe droite légèrement en avant, la tête tournée de trois-quarts vers la gauche ; la main gauche tient la barrette contre la jambe gauche et la main droite est posée sur un volume placé verticalement sur une table. Armoiries surmontées d’une couronne comtale et d’un chapeau d’archevêque : D’azur à trois roues d’or.

I : l’état décrit, avant les troisièmes tailles sur le dos du fauteuil [épreuve dite « au fauteuil blanc »] ; avant l’indication des dates de naissance et de mort ; avec les fautes Constorianus et Trecenses ; sans les virgules devant antæ et après præ- ceptor. Mention manuscrite ancienne : « Donné par M. De La Salle, le 2e Mai 1846 » ;

(BNF, Est., Ed 99c rés., in-fol.)

II : conforme au précédent mais à la troisième ligne, le mot Anno est remplacé par 27 a . Septembris an. 1627. obiit 12 a . Aprilis 1704. ; (BNF, Est., Ed 99c rés., in-fol.- Londres, BM)

III : les deux fautes sont corrigées par : consistorianus et Trecensis ; avec les virgules devant antæ et après præceptor ; (BNF, Est., Ed 99c rés., in-fol. - Vienne, Albertina - Vienne, ABK, Kupferstichkaninett)

IV : conforme au précédent, mais le haut du dossier du fauteuil a été assombri par une série de troisièmes tailles ; (BNF, Est. : Ed 99c rés., in-fol. ; N3, in-fol., vol. 11 bis, Mf D286523Meaux, MB -Paris, ENSBA, fol. 1439 rés., p. 97 - Versailles, Est., LP 30/86 - Londres, BM - Londres, V&A - Rome, InG, Farnesina - Stockholm, Nm -Washington, NGA, B - 6473)

V : conforme au IVe état, mais la mention Hyacinthus Rigaud pinxit est suivie : de deux points représentant le nombre de centaines de tirages : (BNF, Est. : s.n.r., à Drevet -Genève, MAH, estampes - Londres, V&A) ; mention suivie de trois points :  (Londres, V&A - Paris, Fondation Custodia - Vienne, Albertina) ; mention suivie de cinq points : (BNF, Est., Ed 99c rés., in-fol. - Francfort, Städel - New York, MM - Philadelphie, MA) ; mention suivie de six points : (Toulouse, Musée Paul Dupuy) ; mention suivie de sept points : (BNF, Est. : Da 64, in-fol. ; N3, in-fol., vol. 11 bis.

Épreuves non consultées : Châlons-en-Champagne, MM - Chantilly, MC - Rouen, BM - Strasbourg, Musées, Estampes - Tours, MBA - Amsterdam, Rijks - Bologne, PN, GDS. - Bruxelles, BR, Estampes Madrid, BN.

Bossuet a été pendant la seconde moitié du XVIIe siècle, une des grandes figures de l’Église, non seulement par ses prêches très appréciés du roi et de la cour, mais aussi par certaines prises de positions en faveur des protestants, plaidant la persuasion plutôt que la persécution 1 . Né à Dijon en 1627, il achève ses études à Paris en 1642 au collège de Navarre. Il commence à prêcher devant le roi en 1661, puis devient précepteur du Dauphin. Il meurt à Paris en avril 1704 1 .

Biographie de Rigaud (Perpignan 1659-Paris 1743) : Voir cat. P. Dr, n° 117.

Rigaud date le portrait en pied de Bossuet de 1702, mais il l’inscrit dans son livre de comptes à l’année 1705 : « Mr Bossuet, évêque de Meaux, en pied, deux mille livres ». En 1698, le peintre avait exécuté un premier portrait de Bossuet en buste pour cent quarante livres, à la demande du grand-duc de Toscane (actuellement au musée des Offices à Florence).

Selon Van Hulst, l’évêque de Meaux est « vêtu du grand habit de docteur-évêque ...» et le tableau a été « peint en 1699, la tête s’entend, et le tout achevé en 1705 3  ». On trouve ces mêmes indications dans les notes manuscrites de Mariette mais celui-ci indique que le portrait a été achevé en 1715.

Le tableau est conservé au Louvre 4 . La tête est peinte sur une toile indépendante fixée sur la grande toile comme Rigaud l’a fait pour le portrait de Louis XIV en tenue d’apparat. Charles Sevin de la Penaye, l’un des nombreux peintres de l’atelier de Rigaud, qui a été le principal collaborateur de Rigaud pour ce portrait, a apposé sa signature sur un signet 5 .

Le dessin très fini de Rigaud, à la pierre noire rehaussée de craie blanche et de gouache blanche, qui a probablement servi à Pierre-Imbert pour graver le portrait, est conservé à Meaux, au Musée Bossuet 6 . Le graveur Jean-Georges Wille en avait fait l’acquisition en 1661 à la vente Collin de Vermont, filleul de Rigaud 7 . Cependant, le dessin seul n’a pu permettre à Pierre-Imbert de réaliser ce chef-d’œuvre de gravure : il a certainement vu et étudié le tableau.

Un second dessin, en contrepartie, porte sur son montage le nom de Pierre-Imbert, dessin qui aurait pu être réalisé par ce dernier d’après celui de Rigaud, pour « donner une vision correspondant à ce qu’elle [la composition] serait, une fois inversée par la gravure 8 » .Cependant, l’attribution de ce dessin à Pierre-Imbert n’est pas probante.

Pierre-Imbert a reproduit le dessin très précis de Rigaud directement sur le cuivre, tout en le proportionnant aux dimensions du métal et a, sans aucun doute, réalisé les finitions après avoir vu le tableau, car le regard de Bossuet résultant de la gravure correspond plus à celui du tableau qu’à celui du dessin de Rigaud. Il en découle une estampe en contrepartie on ne peut plus conforme à la composition du peintre.

En 1723 Pierre-Imbert a vingt-six ans. Il est arrivé depuis quelque temps au sommet de son art. S’identifiant quasiment au peintre, il rend, par le seul maniement de son burin, non seulement le coloris, la texture des tissus, les matières, mais aussi l'atmosphère et le caractère du personnage. Le succès de l’estampe après la mort de Pierre-Imbert, fait dire à Gori : « …ed il rittrato di Monsig. Bossuet Vescovo di Meaux, il quale in Parigi si vendeva ad un prezzo esorbitante, essendo un prodigio dell’Arte 1 ».

La lettre indique que la commande de la gravure a été faite à Pierre-Imbert par le neveu de Bossuet, Jacques Bénigne Bossuet, évêque de Troyes, comme gage de son attachement et de sa vénération au grand homme.

Mariette observe judicieusement : « ...Chef-d’œuvre du graveur comme le tableau l’est du peintre. Son père eut la faiblesse de faire marquer cette Estampe P. Drevet tout court comme si elle eut Eté de luy. Le jeune homme ne pu résister au sentiment de Reclamer ses droits et a marqué son nom sur le signet d’un des livres qui sont a costé et en caracteres presqu’imperceptibles ». On remarquera, dans ce catalogue, que Pierre-Imbert inscrit, à plusieurs reprises, son nom dans l’image pour s’attribuer la gravure dans laquelle seul le nom des Drevet était gravé.

Le Blanc ne cite que deux états. Le cuivre a appartenu à l’éditeur Bernard au XIXe siècle. Joubert fait remarquer que les nombreux tirages effectués ont donné lieu à des supercheries de la part des éditeurs, le nombre de points après « pinxit » n’ayant pas été respecté. Il s’en suit qu’ « il y a peu d’épreuves de cette planche où le manteau d’hermine vienne parfaitement pur 874 ».  Le cuivre se trouve actuellement à Meaux, au musée Bossuet.

L’estampe encadrée a été vendue quatre vingt-une livres à la vente de Claude Drevet en 1772, mais le cuivre en était absent pour avoir été probablement rendu à son commanditaire.

Voir volume I : pp. 86-87, 130, 188, 194, 198, 205, 220, 226, 228, 238, 255.

(Voir volume I : pp. . 86-87, 130, 188, 194, 198, 205, 220, 226, 228, 238, 25

bibliographie

Mariette 1740-1770, III, f° 45 v°, n° 8, VII, f° 10 ; Dezallier d’Argenville 1745,II, p. 415 ; Moreri 1759, II/2, pp. 100-104 ; Basan 1767, I, p. 175  ; Gori 1771, I, p. 364  ; Lelong 1775, p. 152, n° 12 ; Fontenai 1776, I, 528 ; Strutt 1785-1786, P.-I. Dr, I, p. 263 ;Huber et Rost 1797, VIII, p. 8 ; Paignon-Dijonval1810, 7416, 7417 ; Joubert 1821, I, p. 437 ; Nagler 1836, III, pp. 477, 1843, XIII, p. 183 ;Dussieux & coll. 1854, II, p. 181 ; Le Blanc 1856, II, P.-I. Dr., n° 19 ; Duplessis 1857, I, p. 185 ; Firmin-Didot1876, P.-I. Dr., n° 12 ; Firmin-Didot1875-1877, P.-I. Dr., n° 489 ; Portalis et Beraldi 1881, II, p. 22 n° 61 ; Bellier et Auvray 1882, I, p. 446-447 ; Bryan 1893, I, p. 426 ; Mireur 1910, II, pp. 533-548 ; Thieme et Becker 1913, IX, p. 560, XXVIII 1934, pp. 349-351 ; Roman 1919, pp. 62, 116-117 ; Brière 1924, p. 225, n° 796 ; Duportal 1926, 12, p. 34, pl. X ; Weigert 1938, p. 233 ; IFF XVIII e 1951, VII, P.-I. Dr., n° 9 ; Rosenberg, Reynaud, Compin 1974, II, p. 83, n° 722, p. 215 ; Coirault, Saint-Simon, Mémoires, I, pp. 255, 309, 378 , 605, 817, II, 259-260, 437 ; O’Neil 1884, p. 680 ;Griffiths 1996, pp. 129-139, n° 47 ; Turner et Macmillan 1996, IX, p. 296; Brême 2000, pp. 17-22 ; Thieme et Becker-Saur 2001, XXIX, p. 410 ; Minois 2003.

catalogues de ventes ( complément au Dictionaire Mireur )

Collin de Vermont 1761, p. 34 ; Mariette par Basan 1775, p. 371, n° 1110 ; Claude Drevet 1782, p. 8, n° 37; Basan par Regnault 1798, p. 138, n° 662 ; Detienne 1807, p. 7, n° 52 ; Ponce 1831, p. 13, n° 137 ; Marron 1832, p. 21, n° 89 ; Druon par Defer 1933, p. 10, nos 41, 42.

catalogues d’expositions

Catalogue des ouvrages … au Salon des Arts de Lyon, le 25 Août 1786, Lyon,1786, p. 12, n° 103.

Catalogue de l’Exposition Visages du grand siècle « Le Portrait français sous le règne de Louis XIV, 1660-1715 », Nantes, musée des Beaux-arts, du 20 juin au 15 septembre 1997, Toulouse, Musée des Augustins, du 8 octobre 1997 au 5 janvier 1998, Paris, 1997-1998, pp. 186, 267 n° 141.

Catalogue de l’Exposition Hyacinthe Rigaud, 1659-1743, dessinateur, « A propos du portrait de Jacques Bénigne Bossuet », Meaux, du 17 juin au 3 septembre 2000, Meaux, 2000 ; pp. 17-22.

Notes
1.
1.

Voir Minois 2003.

2 Moreri 1759, II/2, pp. 100-104.

3.

Dussieux & coll. 1854, II, p. 181

4.

Inventaire n° 7506, dimensions H. 2,40 x L. 1,65 m. Voir Rosenberg, Reynaud, Compin 1974, II, p. 83, n° 722, p. 215 

5.

Rosenberg, Reynaud, Compin 1974, ibid.

6.

Brême 2000, pp. 21-22.

7.

Duplessis 1857, I, p. 185.

8.

Brême, ibid.

1.

Gori Gandinelli Sanese 1771, I, p. 364. « …et le portrait de Monseigneur Bossuet évêque de Meaux, se vend à Paris à un prix exorbitant, étant un prodige de l’Art ».

2Joubert 1821, p. 437.

874.