35. lecouvreur (Adrienne Couvreur, dite), d’après Charles Coypel

1730

Burin

H. 0,408/10, L. 0,285/90 au tr. c. ; H. 0,413, L. 0,294 à la cuvette

Sur le pourtour de l’ovale : en haut, adrienne . le couvreur ; au bas, Morte a Paris le 20 e . Mars 1730 . agé [sic] de trente sept ans. ; sur la face incurvée du socle, au c., quatre vers : C’est peu de voir icy, pour attendrir vos coeurs, // Les cendres de Pompée & Cornelie en pleurs, // Reconnoissés, pleurés cette Actrice admirable // Qui n’eut point de model [sic] & fut inimitable ~ ; sur la plinthe du socle : à g., Peint par Ch. Coypel ; à dr., Gravé par P. Drevet.

L’actrice est présentée de face, à mi-corps dans un ovale, les yeux levés vers le ciel, dans le rôle de Cornélie pleurant Pompée dont elle tient, des deux mains, l’urne contenant les cendres.

I : avant toute lettre ; (BNF, Est., Ed 99c rés., in-fol.- Londres, BM - Vienne, Albertina)

II : l’état décrit, avec les fautes agé et model ; (BNF, Est. : Ed 99c rés., in-fol. ; N2 in-fol., vol. 1009, Mf D186620 - BML, fds ancien - Bruxelles, BR, Estampes - Francfort, Städel - Londres, V&A - Philadelphie, MA - Vienne, Albertina)

III : correction de la deuxième faute par modele ; (BNF, Est. : Ed 99c rés., in-fol. ; Db 7, in-fol., p. 88 ; s.n.r., à Drevet - Nice, BM - Baltimore, MA - Bruxelles, BR, Estampes - Francfort, Städel - Genève, MAH, Estampes- Londres, BM - Londres, V&A - New York, MM - Philadelphie, MA - Rome, InG, Farnesina, 53838 - Vienne, Albertina - Vienne, ABK, Kupferstichkaninett)

IV : l’état ci-après, non décrit à ce jour, avec l’adresse suivante  au bas, à droite : a Paris chez Thierry Edit r . Rue Coquenard, 24. ; (Baltimore, MA)

Épreuve non consultée : Châlons-en-Champ., MM - Chantilly, MC - Dijon, MBA - Strasbourg, Musées, Estampes - Dresde, SK - Amsterdam, Rijks - Bologne, PN, G.D.S.

Comédienne célèbre du Théâtre-français, Adrienne Lecouvreur est née en 1690 à Fisme en Champagne. Son père, chapelier, s’installe à Paris près de la Comédie-Française. Agée de quinze ans, elle obtient déjà ses premiers succès dans divers salons d’amateurs où se joue la tragédie. Elle rencontre ainsi de riches protecteurs. L’actrice est d’abord engagée au théâtre de Strasbourg, puis rapidement invitée à débuter à la Comédie-Française. Un mois après ses premiers succès dans ce théâtre, elle est reçue comédienne ordinaire du roi. Son talent de tragédienne était supérieur à celui de comédienne. Elle était devenue l’actrice préférée du public parisien. Elle unissait à une vive intelligence beaucoup de sentiment et de vérité, cependant sans emphase. On a dit d’elle à cette époque qu’elle était « une reine parmi les comédiens ». Les rôles dans lesquels elle a le plus brillé sont : Jocaste, Pauline, Athalie, Zénobie, Roxane, Hermione, Eriphile, Emilie, Marianne, Cornélie et surtout Phèdre. Parmi ses proches amis, il faut compter Voltaire. Elle a été la maîtresse passionnée du Maréchal de Saxe ; la duchesse de Bouillon, son épouse, a été soupçonnée d’avoir empoisonné l’actrice qui est morte en trois jours d’une hémorragie interne. Le 20 mars 1730, jour de sa mort, le clergé s’est opposé à sa sépulture chrétienne. On a du l’enterrer clandestinement et de nuit près des bords de la Seine. Elle possédait d’autres talents que celui de comédienne ; elle avait l’esprit vif, la répartie facile, versifiait et possédait l’art d’écrire. Elle avait été remarquée pour son désintéressement. Deux filles lui sont nées dont une épousa le directeur de l’Opéra, Francœur 1 .

Biographie de Charles-Antoine Coypel : voir cat. P-I. Dr. n° 20.

Charles-Antoine Coypel (Paris 1694-id. 1752) a écrit des comédies et des tragédies dont une en trois actes jouée en 1720-1721, et dont le ballet a été dansé par le roi aux Tuileries1. On ne s’étonnera donc pas qu’il ait aussi réalisé le portrait de cette tragédienne représentée dans le rôle de Cornélie tenant l’urne renfermant les cendres de Pompée. C’est vers 1730-1731 que Charles-Antoine produit ses premiers pastels dont le Portrait d’Adrienne Lecouvreur qui« compte parmi les œuvres les plus célèbres de Coypel, grâce, sans doute, à la renommée du modèle plutôt qu’à la valeur du tableau…2 1.

L’estampe se présente dans le sens inverse du pastel conservé à Paris, à la bibliothèque de la Comédie française 879 .

Le cuivre dont les dimensions sont presque conformes à celles du pastel, n’apparaît ni dans l’inventaire après décès de Pierre-Imbert en 1739, ni dans le catalogue de la vente de Claude Drevet en 1782, dans lequel, seule, une estampe encadrée est mentionnée. On ignore si le commanditaire du portrait est Charles Coypel. Les deux artistes demeuraient, à l’époque, l’un et l’autre aux galeries du Louvre et Pierre-Imbert a certainement eu le pastel en mains.

Bien que déjà malade en 1730, Pierre-Imbert exécute ici l’un de ses chefs-d'œuvre qui a ravi ses contemporains, au même titre que le Portrait de Bossuet (cat. n° 29). Comme pour le Portrait du Duc d’Orléans (cat. n° 20), il sait rendre le velouté et la fraîcheur du pastel.

L’estampe encadrée à été adjugée, accompagnée d’un des deux grands portraits d’Adélaïde d’Orléans, à la somme de quatorze livres, dix-neuf sols, à la vente de Claude Drevet en 1782.

Mariette ne cite pas ce portrait dans ses notes manuscrites.

Une contre-épreuve est signalée par Regnault.

L’œuvre appartient à l’ensemble des grands portraits gravés en buste et dans un ovale par Pierre-Imbert  : Louise-Adélaïde d’Orléans(n° 17), Louise Adélaïde d’Orléans (n° 18), François de Mailly (n° 23), Pierre Nolasque Couvay (n° 27), Isaac-Jacques de Verthamon (n° 34), Adrienne Lecouvreur (n° 35).

(Voir volume I : pp. 131, 190-191, 220, 222-223).

bibliographie

Mercure de France décembre 1731, pp. 2850-2851 ; Basan 1767, I, p. 176 ; Lelong 1775, p. 175 ; Huber et Rost 1797, VIII p. 7 ; Paignon-Dijonval 1810, 8243 ; Joubert 1821, I, p. 438 ; Michaud 1843-1857, XXIII-XXIV, pp. 553-554 ; Chennevières et Montaiglon 1853-1854, II, pp. 30-37 (Mariette, Abecedario) ; Le Blanc 1856, II, P-I. Dr. n° 31 ; Firmin-Didot1876, P-I. Dr., n° 24 ; Firmin-Didot1875-1877, P-I. Dr., n° 502 ; Portalis et Beraldi 1881, II, p. 23 n° 70 ; Bellier et Auvray 1882, I, p. 446-447 ; Bryan 1893, I, p. 426 ; Mireur 1910, II, pp. 535, 541-48 ; Thieme et Becker 1913, IX, p. 560 ; Duportal 1926, 14, p. 35, pl. XII ; IFF XVIII e 1951, VII, P-I. Dr., n° 17  ; Jamieson 1930, p. 12 ; Thieme et Becker-Saur 1999, XXII, pp. 99-101, 2001, XXIX, pp. 410.

catalogues de ventes (complément au Dictionnaire Mireur )

Vente par Musier et Knapen 1753, p. 16, n° 146 ; Mariette par Basan 1775, p. 369, n° 1096 ;Claude Drevet 1782, n° 40, p. 8 ; Basan par Regnault1798, p. 142, nos 688, 689 ; Houzé de Grandchamp 1809, p. 13, n° 73 ; Marron 1832, p. 21, n° 91 ; Druon par Defer 1833, p. 10, nos 41, 43.

catalogues d’expositions

Catalogue des ouvrages de Peinture, Sculpture, Dessin et Gravure Exposés à Lyon, au Sallon des Arts, le 25 Août 1786, A Lyon, de l’imprimerie de la Ville, Lyon, 1786, p. 12, n° 105.

  • Œuvre inachevÉe et non retrouvée
Notes
1.

Michaud 1843-1857, XXIII-XXIV, pp. 553-554.

1.

Bellier et Auvray 1882, I p. 315.

2Jamieson 1930, p. 12.

3 Inv. n° I. 180. Dimensions : H, 0,400, L. 0,280 m. Il existe, également, une peinture sur porcelaine signée de Marie Besson Je remercie Mme B. Rouvière, attachée de conservation, à qui je dois ces renseignements.

879.