2. Le CRUCIFIX aux anges ou Jésus-christ sur la croix adoré par les anges, d’après Charles Le Brun

S. d. [1718]

Burin

H. 0,331, L. 0,238 au tr. c. ext. ; H. 0,380, L. 0,245 à la cuvette

Dans l’image, sur la banderole placée en haut de la croix : Jesus nazarenus // rex judÆorum ; тΉΣΟΥΣ ОΝΑΣΑРΑΙΟΣ // О... ; sous le tr. c. : à g., Car le Brun pinxit; à dr., Cl. Drevet sculpsit.; au-dessous, au c. : Angeli pacis amarè flebunt. Isai. C. 33. // Anges de paix, Anges fidelles [sic], // Pourquoy pleurer amerement ? // Dieu ne meurt pas pour vous ; il meurt pour des rebelles, // Que pleurés vous ? Hélas ! c’est nôtre aveuglement. // dessous, à dr. : A Paris chez P. Drevet Graveur du Roy rue S t . Jacques à l’Annonciation.

Le Christ est suspendu à la croix, presque au centre de la composition. Il est entouré d’anges. Au pied de la croix se trouve un coussin fleurdelisé sur lequel repose la couronne royale. A gauche du coussin, un ange que l’on dit être Saint-Michel, présente la couronne au Christ. A côté et derrière lui, cinq anges sont agenouillés tandis que trois autres sont placés à droite de la croix. Sortant des nuées, d’autres anges volent autour du Christ

  • é tats

Un seul état connu : l’état décrit ; (Dresde, SK - Genève, MAH, Estampes - Londres, V&A, E 403, 1965, épreuve rognée - Philadelphie, MA)

Biographie de Charles Le Brun (Paris, 1619-id., 1690) : voir Jouin.

Les Drevet étaient en possession d’un tableau représentant le Christ aux anges, copie par l’atelier de Le Brun du tableau original commandé au peintre vers 1660 par Anne d’Autriche pour son oratoire du Louvre 1 . Cette copie est mentionnée dans l’inventaire après décès de Pierre-Imbert Drevet en 1739 2 ainsi que dans le Catalogue de la vente de Claude Drevet 3 . Retouché pour Louis XIV en 1686, le tableau original se trouve aujourd’hui au Louvre 4 .

Gérard Edelinck avait gravé ce sujet d’après Le Brun sur deux cuivres. François Chéreau avait également gravé ce sujet sur un seul cuivre d’après l’estampe d’Edelinck lorsqu’il se trouvait chez Drevet. A son tour, Claude Drevet grave ce sujet en copiant l’estampe d’Edelinck mais dans un format moins grand que celui de Chéreau. Les cuivres de ces trois graveurs avaient été conservés par les Drevet puisqu’ils figurent au catalogue de la vente de Claude 5 . Une épreuve avant toute lettre est également inscrite dans ce même catalogue.Mariette précise « Gravé par Claude Drevet pour son étude d’après l’estampe gravée par Gérard Edelinck ».

Claude ayant gravé la composition d’après l’estampe d’Edelinck qui était en contrepartie du tableau, son travail se présente dans le même sens que le tableau. On note l’exacte reproduction du tableau par Edelinck.

Contrairement à ce qui a été écrit (voir Jouin cité plus haut), Pierre Drevet n’a jamais gravé ce sujet d’après Edelinck. Il s’agit en réalité d’une réduction des deux cuivres d’Edelinck sur un seul cuivre 1 réalisée, comme le dit Mariette « par François Chéreau l’aisné dans le temps qu’il demeurait chez Pierre Drevet, d’après l’estampe de Gérard Edelinck, faitte sur le tableau de Charles Le Brun 2 ». Pierre Drevet ayant exécuté les tirages, a inscrit son excudit. On peut lire en marge la légende suivante  : Christianissimo Regi // Dignum Mundo, Angelis et Hominibus // Christi patientis // Spectaculum... (BNF, Est. Da 35, fol., vol. 1, Mf. E 081244).

Claude a réalisé la gravure en 1718, alors qu’il avait vingt-et-un ans, pour le grand Missel de Rouen : Missale ecclesiæ Rotomagensis Authoritate Illustrissimi et Reverendissimi in Christo Patris DD. Ludovici de Lavergne de Tressan Rotomagensis Archiepiscopi, Primatis Normaniæ de consensu vene rabilis Capituli éditum… MDCCXVIII, in-folio. Le frontispice de cet ouvrage, représentant le Portrait de Monseigneur Louis Lavergne de Tressan archevêque de Rouen, avait été gravé par Pierre-Imbert (cat. P.–I. Dr., n° 30).

Ce tableau de Le Brun était probablement devenu un sujet d’école pour les graveurs. Non seulement Pierre Drevet le fait graver deux fois par ses élèves pour leur exercice, mais un nombre important de graveurs ont, soit reproduit le tableau de Le Brun, soit copié l’estampe d’Edelinck, au XVIIIe comme au XIXe siècles. (Voir Département des estampes de la Bibliothèque nationale de France, Œuvre de Charles Le Brun).

L’estampe n’est pas mentionnée dans le catalogue de la vente de Firmin-Didot qui en possédait une épreuve.

(Voir volume I : pp. 19, 90, 135, 199, 210).

bibliographie

Mariette 1740-1777, III, fo 51 r°, n° 65 et f° 96, n° 14 ; Gori 1771, I, p. 366 ; Villot, 1855, n° 62 ; Le Blanc 1856, II, Cl. Dr., n° 2 ; Firmin-Didot 1876, Cl. Dr., n° 3 ; Jouin 1889, pp. 132-133, 478 ; Mireur 1911, IV, p. 238 ; Audin et Vial 1919, p. 286 ; Thieme et Becker 1928, XXII, pp. 510, 511 ; Weigert 1938, pp. 231, 237 ; Rosenberg, Reynaud, Compin 1974, p. 205 n° 439 ; Thieme et Becker-Saur 2001, XXIX, p. 407.

catalogues de ventes (complément au Dictionnaire Mireur )

Claude Drevet, 1782, p. 6, n° 7, p. 11 n° 86, p. 18, nos 168, 170.

Notes
1.

Jouin 1889, V, p. 132-133, X, p. 332 ; p. 478.

2.

A. N., m.c., ET/XL/266, 1739, voir Weigert 1938, p. 231.

3.

Dimensions : H., 6 pieds, 3 pouces ; L., 3 pieds, 9 pouces.

4.

Inv. 2886, dimensions : H. 1,74 ; L. 1,28. VoirRosenberg, Reynaud, Compin 1974, n° 439.

5.

On les trouve également mentionnés dans l’inventaire après décès de Pierre-Imbert Drevet. Voir Weigert 1938, p. 237.

1.

H. 0,517, L. 0,369 au tr. c. ext. ; H. 0,560, L. 0,380 à la cuvette.

2.

Mariette, fo 51 r°, n° 65.