9. zinzendorf (Philippe-Louis, comte de), d’après Hyacinthe Rigaud

S. d. ; 1730 selon Van Hulst et Mariette.

Burin

H. 0,500, L. 0,378/80 au tr. c. ; H. 0,509, L. 0,384/5 à la cuvette

Dans l’image, en bas à g., sur le pot à feu, la devise : agitata clavescit  ; sous le cadre, dans la marge striée par des tailles verticales, de part et d’autre des armoiries surmontées d’une couronne de marquis :philippus ludovicus - comes a sinzendorf // caroli VI. cÆsaris, a secretis consiliis intimÆ admissionis minister, - supremus aulÆ cancellarius, aurei velleris eques, sac. rom. // imp. thesaurarius hÆreditarius, supremus in austria - scutifer ac prÆcisor, in provincia vero supra anasum // pincerna hÆreditarius, burggravius in rheinegg, liber- baro in ernstbrunn, dominus dynastiarum gföll, // selowiz, carlswald, schritenz, freyholtzmühl, - berenau, stecken, fridenau, smilau et bastinau, dum // augustÆ suessionum legatum principem in pacificationis - conventu ageret anno salut. mdccxxviii. Ætat LVII. ; sous la légende : à g.,Hyacinthus Rigaud Eques ordinis S ti . Michælis. Pinxit. ; à dr. Claudius Drevet. Sculpsit. Parisis [sic].

Traduction du texte en latin : Philippe Louis, comte de Sinzendorf, préposé auprès de l’empereur Charles VI au ministère secret des audiences privées, premier chancelier de la cour, chevalier de la Toison d’or, trésorier héréditaire du Saint-Empire romain, grand d’Autriche, grand écuyer tranchant dans la province d’au-delà l’Anasus, échanson de droit héréditaire, burgrave dans le Reinegg, baron libre dans le Ernstbrunn , maître des seigneuries de Gföll, Selowz, Carlswald, Schritenz, Freyholtzmühl, Bernau, Stecken, Fridenau, Smilau et Bastinau, pendant qu’à Soissons il eut fonction de chef de délégation lors des pourparlers de paix en l’année du Salut 1728, alors qu’il était âgé de 57 ans. Sur le pot à feu : Il met sous clef tout ce qui bouge.

En pied, à mi-jambes, revêtu de l’habit de cérémonie de chevalier de la Toison d’Or dont il porte le collier, le personnage retient son manteau de la main droite posée sur sa hanche et, de la main gauche, tient son couvre-chef placé sur un socle orné d’un pot à feu. Le visage, assorti d’un double menton, est tourné de trois quarts à gauche.

I : avant toute lettre ; avant le cadre ; avant les armoiries ; avant la finition de l’écusson en bas à dr., sur le pot à feu ; (BNF Est., Ed 99c rés., in-fol.)

II : avant toute lettre ; avec le cadre et la réserve des armoiries en blanc ; l’écusson inscrit dans le pot à feu est terminé ; (BNF Est., Ed 99c rés., in-fol.)

III : l’état décrit ; les armoiries ne sont pas terminées, avec la faute Parisis ;

(BNF Est Ed 99c rés., in-fol.)

IV : la marge, présentant le titre et la légende, n’est plus striée verticalement ; les armoiries sont terminées ; avec la faute Parisis ;  (BNF Est., Da 63,in-fol., p. 175, Mf E066942 -Paris, ENSBA, fol. 1439 rés., p. 123 - Londres, V&A - Rome, InG, Farnesina - Vienne, ABK, Kupferstichkabinett)

V : identique au précédent ; la faute est corrigée par Parisiis. (Londres, V&A, E 423-1965 PP100)

Épreuves non consultées :Amsterdam, Rijks - Bologne, PN, GDS - Dresde, SK - Genève, MAH, Estampes - Philadelphie, MA.

Haut fonctionnaire sous les empereurs Léopold Ier et Joseph Ier, puis secrétaire particulier, ministre des affaires étrangères et ministre d’état de l’empereur Charles VI d’Allemagne, Zinzendorf (1671-1742) est reçu, par décision extraordinaire, Chevalier de l’ordre de la Toison d’Or. Dès les années 1700, l’empereur l’envoie en missions, en particulier en France, pour tenter de faire admettre ses prétentions politiques 1 . Considéré comme le « protecteur de l’art français », il se fait construire un château en Moravie sur les plans de Robert de Cotte et pose devant Nicolas de Largillierre (tableau original à Darmstadt) 2 . Comme l’indique la lettre, il prend part en 1728 aux colloques de la conférence de paix de Soissons. Après sa mort, l’empereur a dit de lui : Le ministère du comte de Zinzendorf fut l’époque des intrigues de tous les ministres autrichiens. Il travaillait peu, il aimait la bonne chère… Ce ministre était haut et fier. Il se croyait un Agrippa, un Mécène. Les princes de l’Empire étaient indignés de la dureté de son gouvernement … 3  ».

Biographie de Rigaud : voir cat. P. Dr., n° 117.

Zinzendorf avait, en 1701, posé une première fois devant Rigaud, accompagné de son épouse 4 . Par la suite, sept copies de ce portrait avaient été exécutées et Étienne Picart avait gravé le portrait en 1713 5 . En 1728, profitant de sa présence à la cour de France, il commande une seconde fois son portrait à Rigaud qui le peint dans un superbe habit de cérémonie de chancelier, chevalier de la Toison d’Or. Il est alors âgé de cinquante-sept ans.

Bien que réalisé en 1728, ce portrait est inscrit par Rigaud à l’année 1729 ; il en reçoit trois mille livres. Le tableau, rapidement diffusé sur le territoire autrichien, a été véritablement l’archétype du portrait français dans ce pays, à cette époque. L’original se trouve actuellement à Vienne (Autriche) à la pinacothèque du Kunsthistorisches museum 6 .

La gravure a probablement été commandée aux Drevet dès l’achèvement du tableau en 1728-1729 et exécutée par Claude dans le courant de l’année 1730, ce qui est confirmé par Van Hulst 7 et Mariette. Une estampe avant la lettre est mentionnée dans le catalogue de la vente de Claude Drevet, mais le cuivre avait été rendu.

Mariette inscrit ce portrait uniquement dans l’œuvre de Rigaud et non dans l’œuvre des Drevet. L’estampe se présente dans le sens contraire du tableau.

L’Inventaire du fonds français inscrit une estampe au numéro 4 de l’œuvre de Claude Drevet, sans citer le nom du modèle, avec pour titre : « Fridenau, Smilau et Bastinau etc. » Il s’agit probablement de Zinzendorff décrit au numéro 10 ; les états décrits au numéro 4 ne sont pas identiques à ceux du numéro 10.

(Voir volume I : p. 91, 197, 229).

bibliographie

Mariette 1740-1770, VII, f ° 22 ; Basan 1767, I, pp. 176-177 ; Strutt 1785-1786, Cl. Dr, I, p. 263-264 ; Huber et Rost 1797, VIII, p. 9 ; Paignon-Dijonval 1810, 7524 ;  Joubert 1821,I, p. 440 ; Nagler 1836, III, p. 480 et 1843, XIII, p. 185 ; Michaud 1843-1857, XLV, pp. 541-542  ; Dussieux et coll. 1854, II, p. 197 ; Le Blanc 1856, II, Cl. Dr., n° 14 ; Firmin-Didot 1876, Cl. Dr., n° 15 ; Firmin-Didot 1875-1877, Cl. Dr., n° 518 ; Portalis et Béraldi 1881, p. 25, Strutt 1785-1786, Cl. Dr, I, p. 263-264 ; n° 92 ; Bellier et Auvray 1882, I, p. 447 ; Bryan 1893, I, p. 425 ; Mireur 1910,II, pp. 535, 547 ; Soulange-Bodin 1914, pp. 6-49 ; Roman 1919, pp. 86, 205 ; Audin et Vial 1919, p. 286 ; IFF XVIII e 1951, VII, Cl. Dr., n° 10 ; Coirault 1983, Saint-Simon Mémoires, I, p. 747-750, II, p. 46 ; Lossky 1946, p. 37 ; Thieme et Becker-Saur 2001, XXIX, p. 407.

catalogues de ventes ( complément au Dictionnaire Mireur ) : Mariette par Basan 1775, p. 370, n° 1106 ; Drevet 1782, p. 14, n° 130; Basan par Regnault 1798, p. 138, n° 664.

Notes
1.

Coirault 1983, Saint-Simon, Mémoires, II, p. 46.

2.

Lossky 1946, p. 37.

3.

Voir Michaud 1843-1857, pp. 541-542.

4.

Roman 1919, p. 86.

5.

Lossky 1946, p. 37.

6.

Inv. n° 9010, dimensions : H. 1,66 ; L. 1,32 m.

7.

Dussieux et coll. 1854, II, p. 197.