S. d. [entre 1701 et 1710 : 1er état ; entre le 17 janvier et le 31 août 1724 : 2e état ; entre 1752 et 1782 : 3e état]
Burin
H. 0,668, L. 0,492
Sous le tr. c., à dr. : Aparis chez G. Landry, ruë St Jacques à Saint Landry ; au-dessous : Luis 1. r Rey d’Espana // Louis 1. r Roy d’Espagne, né à Madrid le 25 Aoust 1707. a épousé le 20 Janvier 1722. Louise Elisabeth d’Orléans née à Versailles le 11. e Decembre 1709. Déclaré Roi le 17 Janvier 1724 par la cession et l’abandonnement // de Philippe V. son Pere Agé de 41 ans et un mois.
En pied, en armure, le corps tourné à droite et le visage de trois quarts à droite, le roi tient de la main gauche son bâton de commandement et de la main droite son casque posé sur une table. A l’arrière, un page coiffé d’un turban porte son manteau.
I : l’état ci-après,non décrit à ce jour : Felippe V. Rey d’Espana // Philippe V eme Roy d’Espagne // au-dessous : à g., Gravé d’après le dernier Portrait envoyé à Madrid. ; à dr., A Paris, chez F. et G. Landry rüe S t . Iaque à l’Image S t . Landry ; (BNF, Est. N4)
II : l’état décrit ; avec l’adresse de Landry (BnF, Est., N4, grd. ft. à Louis 1 er d’Espagne)
III : sous le tr. c. : à g., Peint par Hyacinthe Rigaud ; à dr., Drevet sculp ; au-dessous, au c., légende identique à celle du Ier état ; au-dessous, à dr. : A Paris chez Bligny, Lancier du Roi, Peintre, Doreur et Vitrier, Cour du Manège au Thuilleries. (BNF, Est., grands s.n.r., à Drevet - Genève, M.A.H., Estampes) ; seul état décrit par Firmin-Didot.
Louis Ier d’Espagne est le fils aîné de Philippe V roi d’Espagne et de Marie-Louise de Savoie 1 .
Il a semblé nécessaire de s’attarder sur cette estampe, qui est une copie en contrepartie du portrait de François-Louis de Bourbon, Prince de Conti, gravé par Pierre Drevet en 1700, d’après Hyacinthe Rigaud et qui a été utilisée à trois reprises sous des noms différents par ses auteurs. Des changements sont à remarquer par rapport à la gravure de Drevet : la corniche de la table ne présente pas d’oves le rendu est très en dessous de sa manière : les tailles sont moins fermes et les contre-tailles moins inspirées. Le traitement du visage est cependant meilleur.
L’adresse inscrite sur le premier état dont la légende présente le nom de Philippe V eme Roy d’Espagne est la suivante « A Paris, chez F. et G. Landry rüe St. Iaque à l’Image St. Landry ». La collaboration de François Landry (v.1668-1720) et de sa sœur Gabrielle Landry (v. 1770-v. 1740), tous deux graveurs, éditeurs et marchands d’estampes à Paris, est établie jusqu’en 1710. Ils éditent par la suite séparément, François changeant d’enseigne 1 . Le premier état est donc bien celui-ci, gravé et édité du temps de leur collaboration, probablement après le tirage en 1700 du Portrait du Prince de Conti par Pierre Drevet d’après Rigaud. Cette date correspond également à l’accession de Philippe V au trône d’Espagne. Lors de cette première édition qui ne présente ni le nom du peintre, ni celui du graveur, la supercherie est évidente puisque l’éditeur inscrit Philippe V, gravé d’après le dernier Portrait envoyé à Madrid, ce qui est faux. D’autre part, pourquoi Pierre aurait-il collaboré à cette gravure, l’éditant sans les signatures à une autre adresse que la sienne, alors qu’en ce début de siècle sa réputation n’est plus à faire depuis près de dix ans, que les commandes s’accumulent et que l’argent ne lui manque pas ? La réalité est que les Landry ont eu l’opportunité d’envoyer les tirages en Espagne sans être inquiétés par Rigaud et Drevet et que la commande gagnait à ce que l’on passe du temps à cette gravure, qui, bien que moins bonne que celle de Drevet, est le fruit du travail d’un graveur expérimenté.
Le second état est édité par Gabrielle Landry seule, lors de l’accession de Louis Ier au trône d’Espagne en 1724, sans qu’il y soit apporté aucun changement excepté la légende qui porte Louis 1. r Roy d’Espagne. Quant au troisième état à l’adresse de Bligny, les noms de Rigaud et de Drevet y ont été ajoutés. Cependant l’estampe se présentant en contrepartie du portrait du Prince de Conti gravé par Drevet et ne comportant pas les caractéristiques de sa manière, il s’agit à l’évidence d’une troisième supercherie.
Pour conclure, on peut dire que le premier état concernant le Portrait de Philippe V est édité opportunément entre 1701 et 1710, période qui correspond à la fin de la collaboration de François et Gabrielle Landry. Le tirage du deuxième état concernant le Portrait de Louis I er intervient peu après janvier 1724 et, dans tous les cas, avant le 31 août de la même année, date de la mort du roi ; quant au troisième état à l’adresse de Bligny, il lui est postérieur de près de trente années, l’éditeur étant en activité entre 1762 et 1782.
L’abbé Lelong note un Philippe V d’Espagne gravé par Landry ce qui s’est avéré exact. Mariette n’a pas inscrit ce portrait dans ses notes. Firmin-Didot inscrit cette estampe dans le catalogue de Pierre Drevet bien qu’il reconnaisse que cette gravure ne soit pas de lui. Le cuivre à l’adresse de Bligny a été acquis par l’éditeur Bernard (voir Firmin-Didot)
bibliographie
Larrey 1722, III, p. 718 ; Lelong 1775, p. 181; Firmin-Didot 1876, P. Dr., n°42 ; Audin et Vial 1919, p. 287 ; Préaud 1987, pp. 56, 189-190.
Larrey 1722, III, p. 718. L’auteur rapporte « …Le Prince qu’elle mît au monde le 25.d’Août [1707], fût nommé le Prince des Asturies ; ce jour où l’Eglise Romaine célèbre la fête de Saint-Louis Roi de France, fut pris pour un augure favorable par les Espagnols, qui ne pouvoient recevoir qu’avec joie un Prince de son Sang, & dont ils attribuoient la naissance à l’intercession de ce Saint Roi. »1 Louis 1er accède au trône d’Espagne en janvier 1724 mais meurt le 31 août de la même année. Philippe V remonte sur le trône d’Espagne après la mort de son fils.
Préaud 1987, p. 189.