Extraits du Journal du marquis de Dangeau 884

. 1. T. VIII, 194. Vendredi 17 septembre 1701. « … Le roi d’Angleterre [Jacques II] mourut à Saint-Germain sur les 3 heures ; il avoit toujours souhaité mourir un vendredi. Le soir on emmena la reine à Chaillot. Il y avoit quelques jours que son confesseur lui avoit defendu d’entrer dans la chambre du roi son mari. M. le Nonce a reconnu de la part du Pape, le prince de Galles roi d’Angleterre ; il prendra le nom de Jacques III, et sera Jacques Septième d’Ecosse… »

. 2. T. VIII, 197. Mardi 20 septembre 1701. « … Le roi en sortant de dîner alla à Saint-Germain voir le nouveau roi d’Angleterre Jacques III … La reine demeurera toujours à Saint-Germain avec le roi, son fils et la princesse sa fille… »

. 3. T. VIII, 301. « … Mercredi 25 janvier 1702. On eut des nouvelles de Londres du 16 ; il y a déjà eu des avis dans le parlement fort séditieux contre le roi Jacques III, proposant de le déclarer criminel de haute trahison pour avoir pris le titre de roi d’Angleterre. Il y a même eu un particulier qui a poussé son insolence jusqu’à lui disputer l’honneur de sa naissance. Le roi Guillaume leur demande de grandes sommes d’argent pour les garantir des maux dont ils sont menacés par l’union de la France et de l’Espagne… »

. 4. T. VIII, 311. Samedi 4 Février 1702. « … On eu des nouvelles de Londres du 26 février. Le parlement paroît plus soumis au roi Guillaume qu’aucun parlement n’avoit été jusqu’ici ; ils ont lu pour la troisième fois et passé le bill contre le roi Jacques III, le déclarant criminel de haute trahison pour avoir pris le titre de roi d’Angleterre. Ils paroissent tous fort animés contre la France et proposent de lever encore dix mille hommes outre les quarante mille qu’ils se sont engagés de donner aux hollandois ou à l’Empereur contre la France… »

. 5. T. IX, 321. Lundi 15 octobre 1705 [à Versailles] « … la reine d’Angleterre n’eut point de fièvre ni la nuit, ni tout le jour, et ils retourneront demain à Saint-Germain, au grand regret du roi d’Angleterre, qui s’est fort diverti ici ; c’est un très-joli prince et qui se fait fort aimer… »

. 6 . T. IX, 345. Vendredi 9 novembre 1703. « … Les dernières nouvelles qu’on a eues d’Ecosse portent que le parlement de ce royaume assemblé à Edimbourg, refuse de payer les sommes que l’Angleterre leur demande; il y a même eu des lords qui ont proposé de ne pas exclure de la couronne le prince de Galles; c’est ainsi qu’ils appellent le roi Jacques III qui est à Saint-Germain… »

. 7. T. XI, 80. Mardi 20 avril 1706. [Jacques III, résidant encore au Château de Saint-Germain, se trouve en visite à Versailles]

. 8. T. XIII, 40. [Lettre de la marquise d’Huxelles au marquis de la Garde]. « … Vendredi 20 septembre 1709. Le roi d’Angleterre a été reconnu de la nation anglaise, combattant à pied à la tête de nos grenadiers et n’ayant pas voulu cacher son ordre. [Milord Schelton et Milord Marlborough qui le combattaient] … l’ont reconnu et s’en sont éloignés par respect, l’appelant pourtant Prince de Galles, mais lui donnant beaucoup de louanges … enfin tous les anglois ont bu à la santé du roi d’Angleterre, c’est à dire les soldats »

. 9. T. XIII, 153. Lundi 12 mai 1710. « … [Le roi] travailla le soir chez Madame de Maintenon avec M. de Pontchartrain après qu’il eut été quelque temps avec le roi et la reine d’Angleterre qui vinrent ici sur les six heures. Le roi d’Angleterre prit congé du roi et part jeu pour l’armée de Flandre. La reine d’Angleterre se mettra à Chaillot avec la princesse sa fille, peu de jours après que le roi son fils sera parti »

.10. T. XIV, 235. Jeudi 14 novembre 1715. [Jacques III aurait dû débarquer en Angleterre mais la confusion règne encore dans le pays.]

.11. T. XVI, 287. Mercredi 1 er janvier 1716. « … On sait sûrement à cette heure que le roi Jacques s’embarqua le 27 auprès de Dunkerque, où il étoit venu de Bretagne déguisé et n’ayant qu’un seul homme avec lui. Il étoit venu sur des chevaux de louage et n’avoit couché dans aucune ville de peur d’être reconnu. Milord Bolingbroke, qui est à Saint-Germain, lui avoit fait préparer fort secrètement le vaisseau dans lequel il s’est embarqué, qu’on assure être un très bon voilier et on compte qu’il doit être arrivé en Ecosse présentement, car le vent étoit favorable et le trajet est court.

.12. T. VII, 418-420. Mardi 16 novembre 1700 à Versailles. « … Déclaration que Monseigneur le duc d’Anjou est roi d’Espagne. Le roi, après son lever, fit entrer l’ambassadeur d’Espagne dans son cabinet et puis il appela monseigneur le duc d’Anjou, qui étoit dans les arrières-cabinets et dit à l’ambassadeur : « Vous pouvez le saluer comme votre roi. » L’ambassadeur se jeta à deux genoux et lui baisa la main à la manière d’Espagne… »

.13. T. VII, 423. Mercredi 17 novembre à Versailles. « … Il arriva un courrier à l’ambassadeur d’Espagne portant un gros paquet que l’ambassadeur vouloit aller porter au roi son maître ; le roi lui dit de l’ouvrir, et que le roi d’Espagne le trouveroit fort bon. Ce paquet est le testament en entier du feu roi d’Espagne ; on n’avoit envoyé jusqu’ici que ce qui regardait la succession de la couronne… Outre ce testament, il y avoit dans ce paquet des lettres de la régence qui demandent le nouveau roi avec grand empressement… »

.14. T. VII, 426. Vendredi 19 novembre 1700 à Versailles. « … Le roi d’Espagne prit grand deuil, mais en noir ; il n’y a que le roi de France qui le porte en violet, et le roi d’Angleterre ne le porte en violet que parce qu’il porte toujours le titre de roi de France… »

.15. T. VII, 446-448. 4 novembre 1700 à Versailles. [Départ de Philippe V pour l’Espagne, accompagné jusqu’à la frontière par ses frères les ducs de Bourgogne et de Berry.]

Notes
884.

Soulié, Dussieux, de Chenevières, Mantz, de Montaiglon, 1854, Ibid.