Chapitre (1) : Les mécanismes de transmission internationale des chocs monétaires

Introduction au Chapitre (1)

La transmission internationale des chocs monétaires trouve ses origines dans le travail de Mundell (1968). Un choc monétaire correspond à un choc d’offre de monnaie ou plus généralement de la quantité de monnaie. Dans la Section (I) de ce Chapitre, nous étudions les chocs exogènes, monétaires et non monétaires, en détail.

Le modèle de Mundell, connu plus tard sous le nom Mundell–Fleming, montre que les chocs monétaires provoquent une hausse du taux de change. La dépréciation de la monnaie nationale accroît le revenu domestique et exerce des effets négatifs sur les pays du reste du monde.

La transition des régimes de change internationaux vers les taux de change flottants a placé le modèle de la petite économie ouverte au centre du débat sur la transmission internationale des chocs monétaires. Ce modèle a permis à Dornbusch d’intégrer l’offre et les anticipations rationnelles dans l’étude des effets des chocs monétaires et a doté les chercheurs des outils nécessaires pour étudier la coordination internationale des politiques macroéconomiques (Mckibbin et Sachs, 1986).

Le modèle de la petite économie ouverte a continué à influencer les milieux académiques et politiques jusqu’au début des années 1990. Cependant, un certain nombre de questions ont commencé à être posées à partir des années 1980, concernant notamment les préférences des agents économiques, la technologie et les contraintes budgétaires à long terme.

L’incorporation des aspects microéconomiques et de la concurrence monopolistique dans la nouvelle macroéconomie en économie ouverte ont permis à Obstfeld et Rogoff (1995) de réexaminer les résultats de Mundell, d’intégrer la maximisation inter-temporelle de l’utilité dans l’analyse des chocs monétaires et de faire évoluer le modèle Mundell–Fleming vers une approche dynamique.

L’intégration du PtM dans le modèle d’Obstfeld et Rogoff a permis à son tour à Betts et Devereux (1996, 1999, 2000, 2001) de rendre compte de l’hypothèse selon laquelle les exportations peuvent être libellées dans une monnaie étrangère. L’incorporation du PtM a modifié radicalement les résultats de la transmission internationale des chocs monétaires et fourni une explication solide à la déviation à la loi du prix unique des biens échangeables. La transmission internationale des chocs monétaires ne repose plus sur la structure des marchés des actifs, mais sur la monnaie utilisée pour la tarification des échanges internationaux et sur le degré de « pricing-to-market ».

Récemment, Otani (2002) a incorporé l’asymétrie des comportements de fixation de prix des entreprises, nationales et étrangères, dans l’étude de la transmission internationale des chocs monétaires, et montré que les effets des politiques monétaires, domestique et étrangère, diffèrent sensiblement quand les entreprises nationales et étrangères adoptent des comportements de pricing différents.

Dans ce premier Chapitre, nous allons présenter les mécanismes de transmission internationale des chocs monétaires. Ce Chapitre est une revue des avancées et ruptures les plus importantes d’un des sujets les plus controversés de l’économie internationale, où nous traitons la question dans le cadre de la « nouvelle macroéconomie en économie ouverte ». Ce Chapitre sert aussi d’introduction aux Chapitres (2) et (3), le Chapitre (2) étudiant les effets de la transmission internationale des chocs monétaires et le Chapitre (3) le cas du Liban.

Ce Chapitre se concentre sur les effets des chocs monétaires. Les chocs de politique monétaire, qui correspondent aux chocs de taux d’intérêt directeurs, ne sont pas traités, ni dans ce premier Chapitre, ni dans la thèse. La particularité du premier Chapitre, et de la thèse, réside dans l’analyse de la transmission des chocs monétaires, un sujet ancien sur lequel nous revenons, mais que nous étudions avec un esprit nouveau. La transmission des chocs monétaires est traitée sur le plan international (et non domestique), et l’approche adoptée (variation de la quantité de monnaie) ne se situe pas dans le cadre de la politique monétaire classique (variation du taux d’intérêt) comme cela est usuellement le cas dans la littérature économique.

Le premier Chapitre étudie les points suivants :

  • La problématique de la transmission internationale des chocs monétaires :

Le programme de recherche sur la transmission internationale des chocs monétaires a fait des avancées importantes depuis l’intégration du commerce international et de l’accès aux marchés financiers internationaux dans le modèle de l’économie fermée. Dans cette Section, nous étudions successivement : les chocs exogènes sur l’économie, l’économie ouverte, l’incorporation de l’offre et des anticipations rationnelles, l’incorporation des aspects microéconomiques, l’intégration du PtM.

  • La tarification des échanges internationaux :

Les pratiques de tarification des échanges internationaux ne sont pas uniformes. Les études empiriques montrent que certains pays fixent leurs prix à l’exportation dans leur propre monnaie et que d’autres adoptent la vente dans la monnaie du pays de l’acheteur. Un troisième groupe de pays a un comportement de pricing hybride et adopte les deux méthodes de fixation de prix à l’international. Dans cette Section, nous relevons les principaux résultats empiriques de la littérature et dressons un état des lieux des pratiques de vente les plus courantes. Nous éclairons ensuite le rôle des facteurs explicatifs des décisions en matière de prix, comme le temps, l’asymétrie informationnelle, etc. Nous établissons enfin un tableau de bord des pratiques de vente à l’international.