Section (I) : La problématique de la transmission internationale des chocs monétaires

Introduction

L’objectif de cette thèse est d’étudier les effets de la variation de la quantité de monnaie sur les variables économiques. Selon certains chercheurs, l’offre de monnaie est contrôlée par la banque centrale, qui accroît ou réduit la quantité de monnaie en circulation en intervenant sur le marché monétaire par des opérations d’achat et de vente de titres 6 .

Cependant, cette définition n’est pas complète. Une définition large de l’offre de monnaie doit prendre en compte le rôle du système bancaire ainsi que les comportements des agents économiques. Le système bancaire se caractérise par sa capacité de créer des actifs constitutifs de l’offre de monnaie tels que les comptes à vue. L’impact des banques sur l’offre de monnaie est alors direct. La création de monnaie par le secteur bancaire accroît la liquidité de l’économie mais non sa richesse. Les emprunteurs ont en effet une dette qu’ils devraient rembourser envers leur banque et ne se trouvent pas plus riches.

L’offre de monnaie dépend en général de la base monétaire, contrôlée directement par la banque centrale et constituée des pièces et billets en circulation, des réserves bancaires, etc. Elle dépend aussi des réserves bancaires sur les dépôts de la clientèle, qui varient en fonction de la réglementation et des pratiques commerciales et financières des banques. Elle dépend de même du coefficient d’encaisses, correspondant à la part des dépôts à vue que les déposants souhaitent détenir en espèces en fonction de leurs préférences 7 .

La base monétaire a un effet multiplicateur sur l’offre de monnaie. Certains économistes la qualifient de « monnaie à haute puissance ». Les études empiriques montrent que l’offre de monnaie est proportionnelle à la base monétaire. Ainsi, toute croissance de la base monétaire provoque une hausse proportionnelle de l’offre de monnaie. Les études empiriques montrent aussi que les réductions des coefficients, de réserves et d’encaisses, augmentent le multiplicateur monétaire et, par conséquent, l’offre de monnaie.

A côté des interventions sur le marché monétaire, devenues l’instrument privilégié des banques centrales pour modifier l’offre de monnaie, que ça soit dans une grande économie ouverte comme les Etats-Unis ou dans une petite économie ouverte comme le Liban, les banques centrales disposent d’autres instruments pour affecter l’offre, comme le taux des réserves obligatoires (instrument rarement utilisé ces dernières années) et le taux d’escompte. Le relèvement du coefficient de réserves obligatoires ou du taux d’escompte réduit le multiplicateur monétaire et limite l’offre de monnaie.

Les instruments d’intervention de la banque centrale ne lui permettent pas de contrôler parfaitement l’offre de monnaie, car les pratiques commerciales des banques modifient parfois cette offre à l’insu de la banque centrale. Cette situation se produit surtout lorsque les banques détiennent des réserves dépassant largement le niveau des réserves obligatoires. C’est le cas par exemple du secteur bancaire libanais qui, dû à une croissance économique molle, à un taux élevé d’entrées de capitaux et à un faible niveau de demande et d’investissement, détient d’importantes sommes non placées sur le marché.

En somme, un choc monétaire peut être l’œuvre des autorités monétaires, du système bancaire, des agents économiques privés, des préférences des acteurs financiers, des réglementations, des pratiques commerciales et financières, etc.

Dans la Section (I), nous plaçons le problème de la transmission internationale des chocs monétaires dans son contexte analytique et historique, et relevons les principales ruptures et avancées dans l’étude des effets des chocs monétaires sur les économies, nationale et étrangère. Nous présentons en premier lieu les chocs monétaires. Nous exposons en deuxième lieu les résultats en économie ouverte. Nous étudions en troisième lieu l’incorporation de l’offre et des anticipations rationnelles dans le modèle de base. Nous abordons en quatrième lieu l’incorporation des aspects microéconomiques dans l’étude de la transmission internationale des chocs monétaires. La cinquième partie est consacrée à l’étude des effets de l’incorporation du pricing-to-market dans la nouvelle macroéconomie en économie ouverte, et aux modifications résultant de l’intégration de cette composante dans le programme de recherche de la transmission internationale des chocs monétaires.

Notes
6.

Dans ce cas, un choc monétaire appartient à la catégorie de chocs de politique monétaire.

7.

Notre définition de l’offre de monnaie est inspirée de « la théorie de la base » de Brunner et Meltzer (1971).