2. D’une économie fermée à une économie ouverte

Jusqu’en 1990, le modèle de type keynésien Mundell–Fleming, élaboré au début des années 1960 sur la base du modèle IS–LM, est resté la principale référence sur la transmission internationale des chocs monétaires. Le modèle IS–LM décrit une économie fermée, alors que le modèle Mundell–Fleming décrit une petite économie ouverte au commerce international et aux marchés financiers internationaux. Les deux modèles sont des modèles de demande agrégée de court terme, où les prix sont rigides. Dans l’Annexe (1), nous revenons sur le modèle IS–LM dans sa version de base.

La principale caractéristique du modèle Mundell–Fleming est la parfaite mobilité des capitaux, qui permet à la petite économie d’emprunter et de prêter sans restrictions sur les marchés financiers 52 . Le taux d’intérêt de cette économie est en conséquence déterminé par les marchés financiers internationaux et est dicté par le taux d’intérêt international.

Mathématiquement, l’équilibre de la balance des paiements en change flottant est atteint lorsque les entrées de capitaux permettent de financer le déficit ou lorsque les sorties de capitaux permettent d’absorber le surplus. D’après ce raisonnement, la balance des paiements est équilibrée de manière permanente. Le solde de la balance des paiements courants [B(Y, E)] varie en fonction du revenu national (Y) et du taux de change (E). Le flux d’entrées et de sorties de capitaux varie en fonction de l’écart entre le taux d’intérêt national et le taux d’intérêt étranger.

B + ΔK = 0

B(Y, E) + ΔK = 0

ΔK = K(i – i*) (K’ > 0)

Graphiquement, le modèle Mundell–Fleming peut être représenté par les courbes IS, LM et BF. La courbe IS est le lieu géométrique des points d’équilibre sur le marché des produits. La courbe LM est le lieu géométrique des points d’équilibre sur le marché de la monnaie. La courbe BF correspond à l’équilibre externe et représente le lieu géométrique des points d’équilibre de la balance des paiements. Sur le graphique (1), (i) correspond au taux d’intérêt et (Y) au revenu national. Lorsque la monnaie nationale se déprécie, la courbe IS se déplace vers la droite. En revanche, lorsque la monnaie nationale s’apprécie, la courbe IS se déplace vers la gauche. La courbe LM est indépendante du taux de change. Un déplacement à droite de cette courbe traduit une hausse de l’offre de monnaie. En revanche, un déplacement à gauche de cette courbe traduit une baisse de l’offre de monnaie. Le point (T) représente l’équilibre simultané de la balance des paiements et des marchés des produits et de la monnaie.

Dans cette partie, nous étudions successivement : le rôle du régime de change, l’écart de taux d’intérêt dans une petite économie ouverte, la grande économie ouverte, les faiblesses du modèle Mundell–Fleming.

Graphique ( 1 ) : Le modèle Mundell–Fleming
Notes
52.

La mobilité « parfaite » des capitaux a été défendue au départ par Mundell, contrairement à Fleming qui la voyait « imparfaite ». Les économistes admettent aujourd’hui que le modèle Mundell–Fleming est principalement pertinent dans le cas de parfaite mobilité des capitaux. Il en résulte alors des écarts de taux d’intérêt qui entraînent des flux d’entrées et de sorties de capitaux.