Les effets de la concurrence imparfaite

La concurrence imparfaite résultant des économies d’échelle a des retombées très importantes sur le commerce international. Ces retombées sont généralement négligées dans l’analyse de la concurrence monopolistique. L’effet principal est le fait que les firmes fixent deux prix différents pour leurs produits, un pour les produits destinés à l’exportation et un autre pour les produits vendus dans le pays du producteur. Cette pratique est qualifiée par les économistes de discrimination de prix. Le dumping est l’exemple le plus répandu de discrimination de prix 75 . Cette pratique est légalement interdite car elle est inéquitable du point de vue commercial. Pour pratiquer le dumping, l’industrie doit être en situation de concurrence imparfaite pour que les entreprises puissent fixer leurs prix librement, et les marchés doivent être segmentés pour empêcher les consommateurs de Nation d’aller acheter le même produit sur d’autres marchés. Certaines entreprises pratiquent le dumping pour développer la vente de leurs produits à l’étranger. D’autres inversent cette pratique et vendent leurs produits à un prix inférieur sur le marché domestique. Mais la pratique la plus courante est celle où la discrimination de prix touche les exportations. Ce comportement s’explique par le fait que le pouvoir monopolistique des entreprises est plus fort à l’intérieur d’un pays qu’à l’étranger. Ainsi, le marché national est plus captif pour les produits domestiques. Une autre explication concerne les ventes des firmes nationales à l’étranger, qui sont inférieures à leurs ventes sur le marché domestique. Cela permet aux exportateurs domestiques d’accroître leurs parts de marchés à l’étranger et de profiter de la plus forte élasticité des prix dans le reste du monde. C’est le cas, par exemple, d’une entreprise qui vend 1 000 unités d’un bien en France et 100 unités au Liban. Alors qu’elle vend le bien à 20 euros à l’intérieur, elle tire seulement 15 euros par unité de ses ventes à l’exportation. Cela pourrait nous amener à croire qu’il est plus rentable pour la firme en question d’accroître ses ventes en France qu’à l’exportation. Cependant, si pour vendre une unité de plus sur l’un des deux marchés, il faut réduire le prix de 0,01 euros, cela ajouterait une recette de 19,99 euros pour les ventes en France, mais réduirait les recettes sur les 1 000 unités d’un montant de 10 euros. La recette marginale découlant de la vente d’une unité supplémentaire s’élève donc à 9,99 euros. En revanche, l’accroissement des exportations d’une unité, en réduisant le prix à l’exportation de 0,01 euros, augmenterait les recettes de 14,99 euros, mais réduirait les recettes sur les 100 unités vendues au Liban de 1 euro. La recette marginale découlant de la vente d’une unité supplémentaire à l’étranger s’élève donc à 13,99 euros. Il est alors plus profitable pour l’entreprise en question de développer ses ventes à l’étranger.

Cela nous conduit à la notion de dumping réciproque. Les entreprises monopolistiques trouvent un grand intérêt dans la pénétration des marchés étrangers. En premier lieu, elles limitent la quantité vendue sur le marché domestique et tiennent ainsi leurs prix de vente à un niveau relativement élevé. En second lieu, les ventes supplémentaires affectent les firmes étrangères. Cette pratique est réciproque et stimule le commerce international. Le dumping réciproque concerne en général les produits qui ne sont pas entièrement similaires.

Notes
75.

En dumping, le prix fixé par une entreprise pour la vente de son produit sur le marché national est plus cher que le prix fixé par cette même entreprise pour la vente du même produit à l’étranger.