5.1. Le PtM et la transmission internationale des chocs monétaires

Krugman (1987) est le premier économiste qui a qualifié la discrimination de prix en fonction du taux de change de « pricing-to-market ». Pour lui, « le fait que des entreprises maintiennent ou même augmentent leurs prix à l’exportation vers les Etats-Unis lorsque le dollar augmente est désigné de pricing-to-market » 86 . En partant de la constatation empirique que les prix à l’importation diminuent très légèrement quand la monnaie s’apprécie, il défend la thèse selon laquelle le PtM a lieu lorsque les prix à l’importation ne diminuent pas proportionnellement à la baisse du taux de change. En effet, « 35 à 40 pourcent de l’appréciation réelle du dollar entre 1980 et 1986 ont été absorbés par les exportateurs étrangers, qui ont augmenté leurs prix de vente pour les Etats-Unis par rapport aux autres marchés » 87 .

Le PtM se produit lorsqu’une entreprise vend ses produits à des prix différents, en fonction du marché auquel elle s’adresse. Ainsi, une entreprise allemande peut fixer un prix en euros pour ses ventes en Europe et un autre en dollars pour ses ventes aux Etats-Unis. La segmentation des marchés permet cette discrimination de prix. Il y a PtM lorsqu’une entreprise choisit intentionnellement de fixer des prix de vente différents pour ses biens en fonction de marchés segmentés par pays (Marston, 1990).

Pour Sabiston (2001), le PtM est une politique de prix qui vise « à préserver les actions du marché étranger, fréquemment aux frais du marché domestique » 88 . La stratégie de vente dans la monnaie du pays du producteur est rarement utilisée dans la pratique (Bacchetta et Van Wincoop, 2003). Ce résultat correspond aux avancées de Goldberg et Knetter (1997), qui ont survolé les études empiriques et montré que les variations de change se transmettent graduellement et de manière incomplète aux prix.

Notes
86.

Krugman (1987), page 1.

87.

Krugman (1987), page 32.

88.

Sabiston (2001), page 2.