Les limites à la discrimination de prix

La discrimination de prix est entravée par plusieurs facteurs, notamment les préférences des consommateurs. L’apprentissage séquentiel de l’information réduit en effet la discrimination de prix du monopole et impose une dynamique de tarification homogène aux entreprises.

Une autre limite à la discrimination de prix réside dans les comportements de coalition des consommateurs mettant en place des mécanismes de coordination des achats et des négociations. Ces comportements permettent aux clients de pratiquer l’arbitrage et d’acheter le bien à un prix inférieur à celui fixé par le producteur.

L’incertitude sur les anticipations réelles des acheteurs réduit à son tour les possibilités de discrimination.

Un autre élément de taille limitant la discrimination de prix est la concurrence. Celle-ci déstabilise les règles même de la discrimination et remet en cause la concurrence monopolistique. Le consommateur, qui n’avait pas d’autre alternative que de s’adresser au monopole, trouve avec l’augmentation du nombre de firmes d’autres sources d’approvisionnement. Lorsque les biens sont « substituables », les externalités entre vendeurs sont positives et conduisent à une augmentation des volumes d’échange et à une érosion des marges. Selon Malin et Martimort (2001), « un vendeur, en fixant un prix au-dessus du coût marginal pour le bien qu’il produit, exerce une externalité positive sur son concurrent qui, étant donné cette marge, veut vendre plus de son propre bien. L’acheteur bénéficie en fait d’un processus implicite d’enchères entre les concurrents, même si ces derniers proposent des biens différenciés. L’acheteur peut donc jouer ses vendeurs les uns contre les autres pour trouver de nouvelles opportunités d’échange, mais aussi de meilleurs prix pour ces échanges » 103 . Lorsque les biens sont « complémentaires », les externalités entre vendeurs sont négatives et conduisent à une réduction des volumes d’échange et à une augmentation des marges 104 . Selon Malin et Martimort (2001), « un vendeur, en fixant un prix au-dessus du coût marginal pour le bien qu’il produit, exerce maintenant une externalité négative sur son concurrent qui, étant donné cette marge, veut vendre moins de son propre bien. A l’équilibre de Nash entre producteurs, les prix sont excessivement au-dessus du coût marginal à la fois du point de vue social, mais aussi du point de vue de la coalition des producteurs. Il en résulte ainsi un degré de discrimination excessif sur le marché avec une fraction de consommateurs qui ne consomment pas le panier de biens qui s’accroît en comparaison avec la solution coopérative » 105 .

La capacité de certains acheteurs à revendre plus cher en détail les unités achetées à un prix plus bas en gros est aussi une limite à la discrimination de prix comme nous avons déjà précisé dans la partie précédente.

Notes
103.

Malin et Martimort (2001), page 23.

104.

Les marges sont positives parce que le monopole fixe un prix unitaire supérieur au coût marginal.

105.

Malin et Martimort (2001), page 25.