1.1. Les Etats-Unis et les fluctuations du dollar

Les entreprises américaines adoptent en général la vente dans leur propre monnaie lors de la tarification de leurs échanges internationaux.

Dans ses différents travaux, portant en général sur les exportations des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de l’Allemagne, Knetter montre que le degré de PtM est assez faible chez les exportateurs américains.

Selon l’Institut de l’ECU (1995), 92% des exportations américaines sont libellées en dollars. Page (1981) montre que 98% des exportations américaines sont libellées en dollars. Bekx (1998) montre que 92% des exportations des Etats-Unis sont libellées en dollars. Knetter (1993) montre que 45% seulement des industries américaines adoptent le PtM.

Pour Knetter (1995), il y a peu de certitude sur l’existence de PtM dans le cas d’industries exportatrices américaines. Les producteurs de cigarettes, de maïs et de bourbon adoptent en grande partie la vente dans la monnaie du pays du vendeur. La production de petites voitures est l’activité qui adopte le plus un comportement de PtM. L’ajustement du taux de marge spécifique à une destination couvre 50% des variations de change. Ce taux varie, pour simple comparaison, de 26% en Suisse à 74% au Canada.

Mann (1986) affirme à son tour que les entreprises américaines adoptent la vente dans leur propre monnaie, et montre que la corrélation entre les marges des firmes exportatrices américaines et les variations du taux de change n’est pas importante. Cependant, lorsque l’appréciation du dollar est soutenue pendant une longue période, les exportateurs américains adoptent un comportement de pricing plus flexible et profitent de la situation pour hausser leurs marges bénéficiaires. Mann attribue ce comportement à la différenciation des produits qui rend inélastique la demande étrangère pour les produits américains, ainsi qu’à la part réduite des exportations américaines dans la production totale 132 .

Rangan et Lawrence (1993) montrent que les multinationales américaines adoptent le PtM dans une certaine mesure uniquement. D’après leur travail, la marge (prix – coût) dégagée par ces entreprises est positive et importante lorsque le dollar se déprécie (entre 1986 et 1989), mais est légèrement positive lorsque le dollar s’apprécie (entre 1983 et 1985). D’après ce raisonnement, les multinationales américaines profitent de la baisse du dollar, mais ne modifient pas leurs stratégies de vente en cas de hausse du dollar. La vente en dollars caractérise en général la tarification des échanges des multinationales américaines.

Miller et Reuer (1998) montrent que « la grande majorité des producteurs américains ne sont pas exposés aux appréciations ou dépréciations de la monnaie » 133 . Seuls 8,8% des producteurs américains modifient leur stratégie de vente en cas d’appréciation ou de dépréciation du dollar canadien. Seuls 13,4% de ces producteurs modifient leur stratégie de vente en cas d’appréciation ou de dépréciation du yen japonais. Seuls 11,7% d’eux modifient leur stratégie de vente en cas de fluctuation du peso mexicain. Pour Miller et Reuer, « les quelques entreprises américaines adoptant le PtM cherchent à accroître leurs marges lorsque le dollar canadien s’apprécie et se concentrent sur l’élargissement de leurs parts de marchés au Japon et au Mexique » 134 .

Du côté des importations, les études montrent que le pass-through s’élève en moyenne à 60% (Goldberg et Knetter, 1997). Cela signifie que 40% des variations de change sont compensées par les variations du taux de marge 135 . Selon l’Institut de l’ECU (1995), 80% des importations américaines sont libellées en dollars. Faruqee (2004), dans son étude allant de janvier 1990 jusqu’en décembre 2002, montre que suite à un choc monétaire américain ou étranger, la répercussion des variations de change sur les prix des importations américaines est légère. Cette faible répercussion perdure avec le temps (contrairement aux importations européennes qui sont affectées avec le temps par les variations du taux de change). Bekx (1998) montre que 81% des importations américaines sont libellées en dollars. Bernhofen et Xu (2000) précisent que, dans l’industrie pétrochimique, les prix à l’importation aux Etats-Unis sont presque totalement libellés en dollars. Campa et Goldberg (2002) trouvent que le pass-through aux importations américaines s’élève à 25% en courte période (un trimestre), et à 40% en longue période.

Notes
132.

Lorsque le dollar s’apprécie, le revenu américain augmente et entraîne la hausse de la demande aux Etats-Unis. L’augmentation de la demande relève les prix et affecte alors les prix à l’exportation.

133.

Miller et Reuer (1998), page 5.

134.

Miller et Reuer (1998), page 7.

135.

Cependant, les études en question ne précisent pas si l’ajustement du taux de marge est spécifique à une destination particulière ou s’il correspond à un changement dans les niveaux de prix internationaux.