Les autres pays d’Europe

Tout comme l’Allemagne, la France a un comportement hybride pour la tarification de ses échanges internationaux et adopte en partie le PtM. Ainsi, 45% des exportations françaises sont libellées dans la monnaie du pays de l’acheteur (Institut de l’ECU, 1995). Gohin et Guyomard (2000) montrent que les exportateurs français de produits laitiers libellent une partie de leurs exportations en francs et une autre partie dans la monnaie du pays de l’acheteur. Du côté des importations, 47% des importations françaises sont libellées en francs (Institut de l’ECU, 1995). Pour Campa et Goldberg (2002), 60% des variations de change transitent aux importations françaises en courte période (un trimestre) et 80% en longue période. Guillou (2002) étudie la transmission des variations de change aux prix des importations françaises de 6 produits désagrégés en provenance de 4 pays exportateurs (Etats-Unis, Japon, Royaume-Uni et Italie). Il montre que « les exportateurs américains transmettent plus largement les variations de taux de change que les autres exportateurs. Par ailleurs, les résultats mettent en évidence une spécificité japonaise au sein des quatre pays exportateurs en raison de la faiblesse du degré de pass-through et de la forte sensibilité des exportateurs japonais au sens des variations du taux de change. Enfin, en ce qui concerne les exportateurs européens, leurs comportements face aux variations de change se caractérisent le plus souvent par une faible répercussion des variations des taux de change et par une rigidité des prix élevée » 148 .

On retrouve ce comportement hybride aussi chez les exportateurs hollandais. Selon l’Institut de l’ECU (1995), 43% des exportations des Pays-Bas sont libellées en florins. Du côté des importations, 39% sont libellées en florins. Pour Campa et Goldberg (2002), 75% des variations de change transitent aux importations des Pays-Bas en courte période (un trimestre) et 77% en longue période.

Les entreprises italiennes adoptent aussi le PtM dans une certaine mesure. Selon l’Institut de l’ECU (1995), 40% des exportations de l’Italie sont libellées en lires. Du côté des importations, 34% sont libellées en lires. Pour Campa et Goldberg (2002), 67% des variations de change transitent aux importations italiennes en courte période (un trimestre) et 62% en longue période.

Les importations suédoises sont libellées en général en PtM. Ce résultat est confirmé par Adolfson (1997), qui montre que la répercussion des variations de change sur les prix à l’importation est faible. Cependant, le pass-through aux importations diminue à long terme. Selon Campa et Goldberg (2002), 67% des variations de change transitent aux importations suédoises en courte période (un trimestre) et 59% en longue période. Cela signifie que le taux de PtM diminue à long terme.

Concernant les pays de l’Europe de l’Est, Penkova et Horsewood (2002) trouvent, pour la période allant de 1990 à 1998, que la discrimination de prix est plus forte en Bulgarie, qui a connu de fortes variations du taux de change et des problèmes économiques 149 , qu’en Pologne et en Hongrie, qui ont réussi leur ouverture commerciale et économique et qui sont « pionniers parmi le groupe de pays avancés en termes d’ouverture commerciale, de privatisation et de réforme du secteur financier » 150 . Du côté des importations, Campa et Goldberg (2002) montrent que 58% des variations de change transitent aux importations hongroises en courte période (un trimestre), et 85% en longue période. De même, ils montrent que 50% des variations de change transitent aux importations polonaises à court terme et 99% à long terme.

Notes
148.

Guillou (2002), page 1.

149.

Les fluctuations de change ont été très importantes en 1997 lorsque le pays a connu une forte crise bancaire après l’introduction d’un système de caisse d’émission. La crise qu’a connue la Bulgarie en 1996 et 1997 est due à des politiques économiques instables, à une dette publique cumulée excessive et à très peu de réformes structurelles.

150.

Penkova et Horsewood (2002), page 4.