Conclusion générale du Chapitre (1)

Dans cette Conclusion, nous relevons les principales constatations du premier Chapitre en nous concentrant sur la problématique de la transmission internationale des chocs monétaires. Nous relevons aussi les principaux résultats portant sur la tarification des échanges internationaux.

Les principaux résultats du Chapitre (1) peuvent être récapitulés dans les points suivants.

• En macroéconomie, les chocs peuvent être endogènes ou exogènes. Les chocs exogènes sont qualifiés de « chocs économiques ». Ces chocs écartent la production et l’emploi de leurs niveaux d’équilibres naturels et modifient le bien-être économique. Les principaux chocs exogènes proviennent de la demande, de l’offre (chocs de prix), des chocs sur la courbe IS–LM, du progrès technologique, des crises financières internationales, et du régime fiscal.
• Un choc monétaire peut être l’œuvre des autorités monétaires, du système bancaire, des agents économiques privés, des préférences des acteurs financiers, des réglementations, des pratiques commerciales et financières, etc. Lorsqu’un choc monétaire est l’œuvre de la banque centrale, il s’agit d’une variante des chocs de politique monétaire. Un choc monétaire est exogène et non-anticipé. Il désigne un choc de politique monétaire (taux d’intérêt directeur et/ou offre de monnaie), ou un choc de crédit, ou un choc de quantité de monnaie hors politique monétaire, ou un choc de taux d’intérêt hors taux d’intérêt directeur (taux à moyen et long termes).
• La transmission internationale des chocs monétaires trouve ses origines dans les développements de la petite économie ouverte, où les prix sont rigides à court terme et le taux d’intérêt est dicté par le taux d’intérêt international. Dans cette économie, seuls les chocs monétaires affectent le revenu si les taux de change sont flottants, et seule la politique budgétaire affecte le revenu si les taux de change sont fixes.
• Ce résultat est en partie modifié dans le cas de la grande économie ouverte, qui comprend à la fois des aspects de la petite économie ouverte et de l’économie fermée. Les chocs monétaires accroissent le revenu de la grande économie ouverte, mais leurs effets sur le reste du monde sont mitigés. Ainsi, le revenu étranger diminue si les taux de change sont flottants, et s’accroît si les taux de change sont fixes.
• L’intégration de l’offre et des anticipations rationnelles dans l’étude des effets des chocs monétaires a fait évoluer le modèle de la petite économie ouverte vers un modèle à moyen terme avec anticipations rationnelles. Cette intégration a permis aussi de relever les principaux canaux de transmission des chocs monétaires (la balance commerciale, le revenu, l’indice des prix à la consommation), et de développer l’hypothèse de sur-réaction selon laquelle la réponse immédiate du taux de change à une expansion monétaire non-anticipée est plus importante que sa réaction à long terme.
• Le modèle inter-temporel de concurrence monopolistique a conduit à des résultats relativement différents de ceux de Mundell–Fleming, et a montré que la réaction du revenu d’un pays à un choc d’offre de monnaie dans un autre pays dépend surtout du régime qui régit les marchés des produits nationaux et étrangers (capacité saturée, contrainte de liquidité, sous-consommation).
• L’incorporation des aspects microéconomiques et de la concurrence monopolistique dans la nouvelle macroéconomie en économie ouverte ont permis d’intégrer la maximisation inter-temporelle de l’utilité dans l’analyse des chocs monétaires, et de faire évoluer le modèle Mundell–Fleming vers une approche dynamique. En étudiant la concurrence monopolistique, la recherche a fait un pas en avant dans l’étude du processus d’ajustement des prix, supposés toujours fixes.
• D’après ce raisonnement, et selon l’approche inter-temporelle, la balance courante de la petite économie ouverte n'est pas influencée par les chocs mondiaux, mais par la persistance des chocs nationaux. Les taux d’intérêt, nominal et réel, diminuent suite à un choc monétaire et entraînent l’augmentation des consommations, domestique et étrangère. La balance commerciale et le revenu domestiques augmentent, et la balance courante peut enregistrer des excédents qui accroissent perpétuellement le stock d’actifs domestiques par rapport au stock d’actifs étrangers. Les effets des chocs monétaires peuvent alors durer au-delà du temps nécessaire à l’ajustement des rigidités nominales, et les chocs monétaires exercent ainsi des effets à long terme.
• L’intégration des aspects microéconomiques a permis aussi de s’affranchir de la sur-réaction du taux de change nominal. La réaction du taux de change aux chocs monétaires n’est plus conditionnée par la rigidité des prix, mais par le différentiel de consommations entre pays.
• L’intégration du PtM permet de rendre compte de l’hypothèse selon laquelle les exportations peuvent être libellées dans une monnaie étrangère, et modifie les résultats de la transmission internationale des chocs monétaires en fournissant une explication solide à la déviation à la loi du prix unique des biens échangeables.
• L’incorporation de l’asymétrie des comportements de fixation de prix des entreprises nationales et étrangères dans le programme de recherche sur les effets du PtM dans la transmission internationale des chocs monétaires introduit un cadre original dans l’étude des effets des chocs d’offre de monnaie, et permet de rendre compte des autres cas de figure, en conciliant l’approche selon laquelle les termes de l’échange se déprécient suite à un choc monétaire avec l’approche selon laquelle les termes de l’échange s’apprécient suite à un choc monétaire.
• L’intégration du PtM modifie aussi l’étude des taux de change fixes et flottants et introduit un cadre original pour l’étude du régime de change le plus approprié à une zone monétaire, ainsi que pour l’analyse de l’optimalité d’une telle union. Le PtM affaiblit les arguments en faveur d’un régime de change flottant. L’asymétrie des réactions aux chocs monétaires affecte à son tour les pays partenaires de l’union monétaire.
• L’incorporation de l’intégration verticale entre producteurs nationaux et distributeurs nationaux et étrangers donne lieu à des résultats intéressants. Les frais de vente ne provoquent pas seulement des déviations à la loi du prix unique, mais exercent aussi des effets importants sur le degré optimal de report des variations de change. De plus, la dépréciation de la monnaie qui suit le choc monétaire détériore les termes de l’échange. Le choc monétaire permanent n’affecte ni les taux d’intérêt intérieurs ni les taux d’intérêt étrangers. Indépendamment du secteur dans lequel ils se produisent (biens échangeables ou non-échangeables), les chocs de productivité domestique provoquent à la fois une dépréciation nominale et réelle de la monnaie.
• Dans tous les pays (y compris les Etats-Unis), il existe des entreprises qui adoptent le PtM. Cependant, les études empiriques sur les comportements de fixation de prix à l’international montrent que les méthodes de tarification des échanges internationaux sont asymétriques. Certains pays vendent généralement dans leur propre monnaie, d’autres dans la monnaie du pays de l’acheteur. Une troisième catégorie de pays adopte un comportement hybride en vendant, soit dans leur propre monnaie, soit dans celle du pays de l’acheteur, selon les destinations.
• En général, les exportateurs adoptent le PtM lorsqu’il existe des substituts pour leurs produits à l’étranger, et vendent dans leur propre monnaie lorsque leurs produits ne sont pas substituables par d’autres produits. Les entreprises qui adoptent le PtM sont essentiellement motivées par leur volonté de ne pas perdre des parts de marchés. Le sens de variation du taux de change et l'ampleur du mouvement de change jouent un rôle décisif aussi dans la décision des entreprises de répercuter ou de ne pas répercuter les variations de change sur leurs prix à l’exportation.
• Le degré de report des variations de change sur les prix de vente, qui donne lieu à la vente dans la monnaie du pays de l’acheteur ou à la vente dans la monnaie du pays du vendeur, n’est pas l’unique élément conditionnant la tarification du commerce international. D’autres facteurs rentrent dans le processus de pricing des entreprises, notamment la rigidité des prix et l’ajustement des marchés. L’ajustement des marchés ne se produit pas uniquement par les prix, mais aussi par la structure du marché, par les quantités achetées et produites, par les stocks, par l’asymétrie d’information, par les coûts de transaction, par la nature des relations commerciales qui lient les entreprises entre elles, par la concentration des marchés, et par l’absence de marché organisé.