Section (II) : Les effets des chocs monétaires sur le revenu

Introduction

La littérature accorde une grande place à l’étude des effets des changements du stock de monnaie sur l’activité économique. La recherche des facteurs à l’origine du cycle économique caractérise la période allant du début du 19ème siècle à la crise de 1929. La théorie keynésienne recentre le débat sur l’efficacité des politiques, économique et monétaire. Pour Keynes (1936), le taux d’intérêt est le mécanisme de transmission des chocs d’offre de monnaie vers la sphère réelle. Le retour à l’analyse des sources des fluctuations économiques caractérise les années 1970. Les « nouveaux classiques » supposent que la place centrale de la monnaie dans le cycle économique résulte de l’information imparfaite des agents sur la monnaie et le niveau général des prix. Ainsi, seule la composante « non-anticipée » de la monnaie affecte l’activité économique. Le courant du cycle à l’équilibre est affaibli par la persistance des écarts au produit naturel, qui ne peut s’expliquer uniquement par les surprises de prix. Emerge alors le courant du cycle réel, où les économistes essayent de donner une explication purement réelle au cycle économique, avec une absence totale de l’effet de la monnaie sur l’activité réelle. Parallèlement au développement du courant du cycle réel, la reconstruction du modèle keynésien sur des bases microéconomiques est engagée. La présence de rigidités nominales donne aux chocs nominaux, en particulier aux chocs monétaires, un rôle à jouer dans les fluctuations de l’activité réelle.

De manière générale, les changements dans la production peuvent éloigner une économie du niveau de plein emploi. Ces changements peuvent être associés à des modifications dans les niveaux des balances, commerciale et courante. C’est pourquoi les liens entre la production et les autres variables macroéconomiques sont d’un grand intérêt pour les preneurs de décision en matière économique.

En longue période, l’économie est au niveau de plein emploi, et la production dépend seulement de l’offre intérieure de facteurs de production, comme le travail et le capital. Lorsque nous parlons de production, nous invoquons quatre types de dépenses qui engendrent le revenu national. Ces types de dépenses sont : la consommation, l’investissement, les dépenses publiques et la balance courante. La demande de consommation dépend du revenu disponible, c’est à dire du revenu national après taxes. La balance courante dépend du taux de change réel et du revenu disponible. Une modification de l’offre nominale de monnaie n’affecte pas le taux d’intérêt ou le revenu réel à long terme. Une hausse permanente de l’offre de monnaie accroît dans la même proportion la valeur à long terme du niveau des prix 223 .

En courte période, le niveau de production est déterminé par l’égalité entre l’offre globale et la demande globale, qui déterminent le niveau d’équilibre de la production. A court terme, les prix nominaux des biens et services sont temporairement fixés et, par conséquent, rigides.

La question des effets des chocs monétaires sur les prix est très immense et a été abondamment traitée, depuis longtemps, en économie. Nous admettons dans cette thèse que les prix sont prédéterminés et rigides à court terme, et flexibles à long terme. Toutefois, cette affirmation n’est pas tout à fait exacte. Beaucoup de produits, comme les produits agricoles ou pétroliers, sont échangés sur des marchés où les prix s’ajustent directement de jour en jour en fonction de l’évolution de l’offre et de la demande.

Dans la Section (II), nous étudions les effets des chocs monétaires sur les revenus, national et étranger. Rappelons que, dans cette thèse, nous étudions les effets des chocs monétaires sur les variables étrangères. L’étude des effets des chocs d’offre de monnaie sur les variables nationales a pour but de compléter la présentation et de fournir les éléments nécessaires à l’étude de la transmission internationale des chocs monétaires.

Notes
223.

Cette hypothèse ne concerne pas les changements dans le « taux de croissance » monétaire qui finissent par influencer les encaisses réelles en augmentant le taux d’intérêt.