1. Les effets des chocs monétaires sur le revenu national

Les effets des chocs monétaires sur le revenu national varient en fonction du cas étudié. Dans cette partie, nous étudions les effets des chocs monétaires sur le revenu national en PCP, ainsi qu’en concurrence monopolistique et en PtM.

1.1. Les effets des chocs monétaires sur le revenu national en PCP

Les effets des chocs monétaires sur le revenu national ont fait l’objet d’un grand nombre d’études. La particularité de cette partie tient au fait que la transmission des chocs monétaires à la production nationale est étudiée dans le cadre de l’économie « ouverte », et non de l’économie « fermée » comme cela est généralement le cas dans d’autres études.

A long terme 224 , les facteurs de production sont en plein emploi, la production est déterminée par l’offre de facteurs réels, et l’ajustement du taux de change réel permet d’égaliser la production réelle et la demande totale.

Mais, à court terme, les prix des biens et services sont momentanément fixés comme nous avons déjà vu dans le Chapitre (1). Le revenu national est à son équilibre lorsque la production réelle est égale à la demande totale de la production intérieure. Krugman et Obstfeld (2000) ont développé un cadre intéressant pour l’étude des interactions à court terme en économie ouverte. L’équilibre résulte de l’intersection de deux courbes, DD et AA.

La courbe DD lie la production au cours de change et représente l’équilibre sur le marché des « biens et services ». Toute hausse du taux de change accroît le prix relatif des produits étrangers par rapport aux produits nationaux. La demande de produits nationaux augmente en conséquence, et la courbe DD se déplace vers le haut. La pente de la courbe DD est positive car la hausse du taux de change provoque une hausse de la production nationale. Plusieurs facteurs affectent la position de la courbe DD, notamment le niveau des dépenses publiques, les taux d’imposition, le niveau d’investissement, les prix nationaux et étrangers, les modifications dans le comportement des consommateurs nationaux, et la demande étrangère pour la production nationale.

La courbe AA lie à son tour la production au cours de change et représente l’équilibre sur le marché des actifs 225 . Toute hausse de la production réelle accroît la demande de monnaie et relève le taux d’intérêt intérieur. Le taux de change diminue en conséquence, et la courbe AA se déplace vers le bas. La pente de la courbe AA est négative car la hausse de la production nationale provoque une baisse du taux de change. Les facteurs qui affectent la position de la courbe AA résultent essentiellement des changements dans l’offre intérieure de monnaie, dans le niveau des prix domestiques, dans le taux de change futur anticipé, dans le taux d’intérêt étranger, et dans la courbe de demande réelle de monnaie.

Dans les développements qui suivent, nous présentons les effets des chocs monétaires et budgétaires sur le revenu national. L’étude des effets des chocs budgétaires nous permettra de développer les politiques de maintien du plein emploi, et de mettre au point les choix de politiques monétaires et budgétaires permettant de limiter les effets des chocs temporaires qui provoquent une récession.

Notes
224.

Une question revient souvent en économie internationale : l’équilibre de long terme est-il unique ? Examinons le cas d’une économie en perspective d’équilibre de long terme, et supposons qu’un choc « temporaire » modifie cet équilibre à court terme. Que se passera t-il après la fin du choc ? L’économie reviendra t-elle à sa première perspective ou le choc aura t-il conduit à une perspective différente à long terme ? La seconde hypothèse est désignée d’« hystérésis ». Elle se produit lorsque le chemin parcouru par l’économie à court terme remet en cause l’équilibre de long terme. Etudions, par exemple, le cas d’une baisse temporaire de la demande totale dans un pays. Les conséquences sont nombreuses. En premier lieu, les entreprises recourent au licenciement, et le nombre de personnes encore en activité diminue. Lorsque la demande reprend, les travailleurs toujours en poste utilisent leur rareté, non pour inciter à la réembauche de ceux qui ont perdu leurs emplois, mais pour exiger une hausse de leurs salaires. Au nouveau point d’équilibre de long terme, la production potentielle est inférieure et le chômage plus important que lors du premier équilibre de long terme. En deuxième lieu, une culture du chômage se développe et certains chômeurs sont définitivement découragés de trouver un emploi. Cela conduit à une baisse régulière de l’offre de travail et modifie l’équilibre de base. En troisième lieu, les entreprises mettent au rebut un certain nombre d’outils de production et n’ont pas la capacité d’assurer le même niveau de production lorsque la demande reprend. La baisse du capital de production, qui conduit à une baisse de la productivité des employés et de la quantité de travail fournie, modifie l’équilibre de long terme et entraîne une production inférieure par rapport au premier équilibre de long terme. En dernier lieu, lorsque le niveau d’activité est réduit, non seulement la plupart des chômeurs ne cherchent plus à travailler, mais la plupart des entreprises ne proposent plus d’emplois, et cela peut continuer même si la demande repart. Qu’elle existe ou pas, l’hystérésis est devenue l’objet d’une des plus grandes discordes des 30 dernières années. Le grand nombre d’économistes qui croient à son existence pensent que la meilleure façon d’en éviter ses effets est d’éviter la récession à court terme. En revanche, les économistes qui pensent que le phénomène a peu d’importance sont indifférents à son égard et considèrent qu’elle n’a pas d’effet à long terme.

225.

Le marché des actifs fait référence aux marchés des changes et de la monnaie.