Les effets des chocs monétaires sur le revenu en concurrence monopolistique

L’étude de la transmission internationale des chocs monétaires en concurrence monopolistique accorde une attention particulière à la fixation des prix et éclaire la chaîne de substitution inter-temporelle inexplorée dans le modèle Mundell–Fleming– Dornbusch. Cette analyse permet aussi d’étudier les fondements microéconomiques de la demande et de la fixation des prix des actifs, et révèle comment la fonction de demande classique limite les résultats.

En concurrence monopolistique, une expansion monétaire nationale relève le taux de change et détourne la demande étrangère vers les produits domestiques. Le revenu national augmente en conséquence (Svensson et Wijnbergen, 1989). Ce résultat est conforme aux avancées d’Obstfeld et Rogoff (1995), qui montrent que le revenu étranger diminue suite à un choc monétaire dans Nation. L’effet de détournement de la demande est par ailleurs présent dans le modèle Mundell–Fleming. Mais Svensson et Wijnbergen (1989) montrent que l’expansion monétaire accroît en second lieu l’inflation domestique et entraîne la baisse du taux d’intérêt réel national. Cela conduit, d’après leur raisonnement, « à une substitution en faveur des produits actuels et à une augmentation de la production étrangère » 252 . Cet effet est, soit absent dans les modèles de Mundell–Fleming et d’Obstfeld et Rogoff (1995), soit dominé par le premier effet.

Le travail de Svensson et Wijnbergen est identique à l’expérience familière du modèle Mundell–Fleming. Il consiste en une série non corrélée de chocs au taux de croissance monétaire, similaire à un choc permanent d’offre de monnaie. Nous avons déjà présenté les trois régimes de production possibles : (F) le régime à capacité saturée, (L) le régime limité par une contrainte de liquidité, (U) le régime de sous-consommation.

Lorsque la capacité du régime de production est saturée, la production étrangère est assurée par la capacité étrangère. L’expansion monétaire domestique n’exerce pas d’effet sur le revenu étranger. Dans ce cas :

(F) => (Y* = y*)  (Yω = 0)

Lorsque le régime de production est limité par une contrainte de liquidité, le revenu étranger est affecté par les encaisses réelles en devises. Ces encaisses correspondent à (kω), et l’expansion monétaire nationale n’affecte pas le revenu étranger. Dans ce cas :

(L) => (Y* = k*ω*)  (Yω = 0)

Lorsque le régime de production est dans un état de sous-consommation, la consommation et la production sont implicitement fournies par la condition de premier ordre. Dans ce cas :

(U) => [uh(Y, Y*)] = λ* = (A*/ω*)

Si le régime de production étranger est en état de sous-consommation, et si le marché national est limité par une contrainte de liquidité ou est en état de sous-consommation, l’effet sur la production étrangère d’une expansion monétaire dans Nation est positif ou négatif, « selon que les produits domestiques et étrangers sont complémentaires ou substituables » 253 . Dans les autres régimes de production, l’effet d’une expansion monétaire nationale sur le revenu étranger est nul.

En somme, un choc monétaire national exerce un effet sur le revenu étranger si et seulement si la production nationale est affectée par ce choc. Le revenu domestique est affecté par le choc d’offre de monnaie dans Nation lorsque le régime de production est limité par une contrainte de liquidité ou lorsqu’il est dans un état de sous consommation, comme nous avons déjà vu précédemment. Le choc monétaire exerce un effet sur le revenu étranger seulement lorsque le marché des produits étrangers est dans un état de sous-consommation, c’est à dire lorsque les contraintes de liquidité et de capacité sont absentes.

Schéma (11) : L’effet d’un choc monétaire national sur le revenu étranger
Schéma (11) : L’effet d’un choc monétaire national sur le revenu étranger

Notes
252.

Svensson et Wijnbergen (1989), page 11.

253.

Svensson et Wijnbergen (1989), page 9.