1.4. L’ajustement des coûts

Pour Krugman (1987), les coûts d’ajustements découlent de l’ajustement des quantités aux variations de change. Sous cette hypothèse, le degré de répercussion des variations de change dépend de la durée (temporaire ou permanente) du mouvement de variation du taux de change. Mais Krugman ne précise pas si le pass-through est d’abord égal à zéro et avance vers l’unité en fonction des variations du taux de change, ou si le PtM avance vers zéro au fur et à mesure que l’exportateur investit dans l’infrastructure et évince les contraintes techniques liées à sa capacité de production.

Gagnon et Knetter (1995) étudient les ajustements de la majoration à court et long termes pour plusieurs pays exportateurs d’automobiles. Ils trouvent, selon Sabiston, que « le PtM se retrouve dans les exportations d’automobiles japonaises, qu’il est présent dans certaines catégories et destinations allemandes et qu’il est presque absent pour les exportations d’automobiles américaines » 297 . Notons que les coûts d’ajustements étudiés par Gagnon et Knetter ne découlent pas des problèmes de marketing et de distribution, mais des rigidités dans la production. Les entreprises japonaises et allemandes ont beaucoup de difficultés, surtout sur les marchés de travail, à ajuster leurs productions aux chocs. En revanche, les entreprises américaines parviennent à dépasser ces difficultés, notamment parce qu’elles bénéficient d’un environnement légal et administratif plus flexible. Par conséquent, les entreprises japonaises et allemandes adoptent le PtM.

Pour Kasa (1992), les entreprises exportatrices peuvent choisir de ne pas répercuter la totalité des variations de change sur leurs prix de vente, quel que soit le sens de variation du change, si ces mouvements sont de courte durée ou de faible amplitude, car les coûts d’ajustements de prix (« menu costs ») ne sont pas négligeables.

Knetter (1994) compare l’importance relative du PtM dû aux coûts d’ajustements et du PtM lié à la part de marché. Pour lui, il existe une asymétrie dans la fixation des prix, car le PtM est plus élevé lorsque la monnaie de l’exportateur se déprécie. Cette asymétrie est inversée lorsque l’exportateur cherche à accroître sa part de marché. Si cette part augmente lorsque la monnaie se déprécie, avec des majorations constantes ou une baisse du taux de change avec des majorations plus réduites, le prix exprimé dans la monnaie de l’acheteur diminue. Le PtM est dans ce cas plus élevé avec une monnaie en appréciation.

Notes
297.

Sabiston (2001), page 22.