Les effets des chocs monétaires sur le taux de change en PtM

Lorsque les prix sont flexibles, le PtM n’affecte pas les variables économiques, et le taux de change augmente pour atteindre son nouvel équilibre.

Betts et Devereux (1996) étudient l’hypothèse selon laquelle les variations de change exercent un effet minime sur les prix des produits vendus à l’étranger. D’après leur modèle d’équilibre général, les prix ne réagissent pas aux variations de change qui résultent des chocs monétaires car un certain nombre d’entreprises adoptent un comportement de PtM. Ils cherchent tout particulièrement à mesurer l’effet du PtM sur la variation du taux de change. Ils trouvent que « la combinaison du PtM et des prix nominaux rigides en monnaie locale stimule la réaction du taux de change aux chocs monétaires, et le degré de variabilité du taux de change augmente sensiblement par rapport à celui obtenu dans un modèle où la loi du prix unique est constamment vérifiée » 308 . Nous avons déjà présenté le modèle de Betts et Devereux (1996) dans le Chapitre (1). Dans la partie suivante, nous étudieront les effets des chocs monétaires sur le taux de change en PtM lorsque les prix sont « rigides ». Dans cette partie, nous étudions la réaction du taux de change lorsque les prix de vente sont « flexibles ».

Betts et Devereux adoptent l’hypothèse selon laquelle les taux de change s’écartent largement de la parité de pouvoir d’achat. Pour eux, le PtM existe surtout dans les industries de biens échangeables où les entreprises n’ajustent pas leurs prix de vente aux fluctuations de change. Ainsi, les prix de vente dans la monnaie de l’acheteur restent constants, et les fluctuations du taux de change « réel » sont essentiellement régies par les variations du taux de change « nominal ». Dans le modèle de Betts et Devereux, les prix sont rigides. La flexibilité des prix est un cas particulier.

Deux hypothèses caractérisent le travail de Betts et Devereux. La première porte sur l’échange des biens qui est assuré seulement par les entreprises. Les ménages ne peuvent faire d’arbitrage lorsque les prix diffèrent d’un pays à l’autre. Sinon, ils encourent des coûts importants, comme le transport, les garanties de vente, le conseil juridique, etc. Les biens offerts sont différenciés et chaque entreprise exerce un pouvoir monopolistique, ce qui permet de segmenter les marchés par pays et d’adopter le PtM.

La deuxième hypothèse établit le lien entre le PtM et la rigidité des prix. Suite à un choc monétaire, les indices de prix à la consommation restent constants et le taux de change varie considérablement. Ainsi, comme les prix dans la monnaie de l’acheteur sont constants, « le PtM affecte le taux de change, qui s'écarte sensiblement du niveau qu’il atteint dans un modèle sans PtM ou de prix flexibles ou d’équilibre général avec prix rigides » 309 . Pour Betts et Devereux (1996), les chocs monétaires non-anticipés ne sont pas neutres et le PtM accroît la volatilité du taux de change réel.

En étudiant les effets des chocs monétaires sur les niveaux de prix domestiques, calculés sur la base du taux de change réel en change flottant pour la période allant de janvier 1974 jusqu’en décembre 1994 dans les pays du G-7, Betts et Devereux trouvent que ces chocs provoquent d’importantes variations du taux de change nominal, mais que ces variations ne sont pas reproduites dans les mouvements des niveaux de prix ou dans les indices de prix à l’importation.

D’après le raisonnement de Betts et Devereux (1996), lorsque les prix sont flexibles, les élasticités de demande sont les mêmes sur tous les marchés, et la loi du prix unique s’applique pour tous les biens, y compris les biens PtM. La parité de pouvoir d’achat est vérifiée en cas de prix flexibles.

eP* ≈ P

Il ensuit que, pour les entreprises PCP, la demande mondiale totale est égale à :

[p(i)/P]–ρ (C + C*)

Le gouvernement émet la monnaie pour financer les transferts aux ménages. Sa contrainte budgétaire est la suivante.

PG + TR = M – M0

Lorsque les prix sont flexibles, le marché mondial de chaque bien atteint son équilibre, et l’offre de travail égalise la demande de travail dans chaque pays. Les conditions d’équilibre du travail, de la consommation et du taux de change sont les suivantes.

h = h* = [(ρ–1)/ρ] _ _

[(ρ–1)/ρ]+η

C = (p/P)Ah = Ah

C* = Ah*

e = (M/M*)(C*/C)(1/ ε )

(1/ε) est l’élasticité de consommation de la demande de monnaie. Le degré de PtM n’exerce aucun effet sur les variables économiques lorsque les prix sont flexibles. Cela s’applique, selon Betts et Devereux, « non seulement pour les chocs monétaires, mais aussi pour tous les types de chocs » 310 .

Betts et Devereux (2000) aboutissent à des résultats identiques à ceux de Betts et Devereux (1996) et montrent que, dans une économie avec prix flexibles et PtM, la monnaie est neutre. Pour eux, « lorsque les prix sont flexibles et les taux de marge (prix / coût) égaux dans tous les pays, la présence de marchés internationalement segmentés n’exerce aucun effet sur les variables agrégées » 311 .

Schéma (15) : L’effet d’un choc monétaire sur le taux de change en PtM et prix flexibles
Schéma (15) : L’effet d’un choc monétaire sur le taux de change en PtM et prix flexibles
Notes
308.

Betts et Devereux (1996), page 1.

309.

Betts et Devereux (1996), page 2.

310.

Betts et Devereux (1996), page 9.

311.

Betts et Devereux (2000), page 9.