Le rôle du PtM

Betts et Devereux (1996) étudient les effets quantitatifs de la volatilité du cours de change. Pour cela, ils mesurent la part du PtM dans la volatilité du taux de change, en comparant l’économie en question à une économie où la loi du prix unique et la parité de pouvoir d’achat tiennent tout le temps pour toutes les catégories de biens. Leur comparaison est axée sur trois paramètres : l’élasticité de demande des biens de consommation (ρ), l’élasticité de consommation de la demande de monnaie (1/ε), la part (s) des biens PtM.

Tableau (9) : L’effet du PtM sur la volatilité du taux de change
(s) 0 0,25 0,45 0,65 0,85 1
Variance 0,16 0,21 0,27 0,36 0,57 1

Source : Betts et Devereux (1996), page 13

Tableau (10) : Les hypothèses de Betts et Devereux (1996)
La part (s) des biens libellés en PtM 45% s = 0,45
Elasticité de consommation de la demande de monnaie (1/ε) 1 1/ε = 1
Elasticité de demande des biens de consommation 1,2 ρ = 6

Betts et Devereux (1996) montrent que, lorsque (s = 0,45), « la variance du taux de change est presque trois fois plus élevée que dans une économie où la loi du prix unique est toujours vérifiée. Lorsque (s) augmente, la variance relative croît même plus » 332 . Dans ce cas, le PtM exerce un effet très important sur la volatilité du taux de change.

Betts et Devereux (2000) aboutissent au même résultat que Betts et Devereux (1996), et montrent que « le PtM accroît la volatilité des taux de change en cas de chocs monétaires » 333 . Pour eux, le PtM limite la transmission des variations de change aux prix et réduit le détournement de la demande étrangère. Cela explique pourquoi, en PtM, la volatilité du taux de change est plus forte qu’en PCP. Mathématiquement, comme la parité de pouvoir d’achat tient lorsque (s = 0), le taux de dépréciation de la monnaie est minime lorsque l’élasticité de la demande (ρ) est importante. Autrement dit, la hausse du taux de change détourne la demande mondiale des biens étrangers vers les biens domestiques. Ainsi, pour Betts et Devereux, « plus (ρ) est élevée, plus la substitution entre les biens domestiques et étrangers est importante, et moins la dépréciation de la monnaie est forte » 334 . En revanche, en cas de PtM total, la substitution entre les biens domestiques et étrangers n’est pas possible car le prix relatif des biens domestiques (par rapport aux biens étrangers) ne varie pas. Une augmentation de (s) accroît la réponse du taux de change aux chocs monétaires tant que :

(ρ –1) + (ε – 1) (1 + σ/r)_ > 0

(1 + 1/εr)

Comme (ρ > 1), une condition suffisante pour que le PtM accroisse la réaction du taux de change aux chocs monétaires est que (ε ≥ 1), c’est à dire que l’élasticité de consommation de la demande de monnaie ne dépasse pas l’unité.

Les résultats de Betts et Devereux (1996, 2000) sont vérifiés par Krugman (1989), qui montre que la faible réaction des prix à l’exportation accroît la volatilité du taux de change réel.

Notes
332.

Betts et Devereux (1996), page 13.

333.

Betts et Devereux (2000), page 15.

334.

Betts et Devereux (2000), page 14.