Conclusion générale du Chapitre (2)

Dans cette Conclusion, nous relevons les principaux résultats du deuxième Chapitre et étudions les effets des chocs monétaires sur les taux d’intérêt (national et étranger), sur les revenus (national et étranger), sur la balance courante, et sur le taux de change.

Les principaux résultats du Chapitre (2) peuvent être récapitulés dans les points suivants.

• Suite à un choc monétaire, le taux d’intérêt à long terme augmente, et le taux d’intérêt à court terme diminue.
• L’effet de Fisher explique la hausse du cours de change lorsque le taux d’intérêt augmente. La hausse à long terme de l’écart de taux d’intérêt entre pays ne peut se produire à court terme à cause de la rigidité des prix. L’augmentation du taux d’intérêt conduit en conséquence à une baisse du taux de change en courte période.
• L’expérience montre que les taux d’intérêt nominaux à long terme sont approximativement égaux à la moyenne des taux à court terme actuels et anticipés sur la durée du placement à long terme.
• Lorsque les anticipations inflationnistes sont constantes, les modifications dans le taux d’intérêt nominal donnent lieu à des modifications dans le taux d’intérêt réel à court terme.
• Lorsque la parité de taux d’intérêt est couverte, les agents cherchant à se couvrir contre le risque de perte en capital peuvent recourir au marché à terme ou exiger une prime de compensation du risque qu’ils supportent. Lorsque la parité de taux d’intérêt est non couverte, les agents sont disposés à prendre des risques en s’engageant dans des transactions non couvertes par des opérations à terme.
• Les écarts de taux d’intérêt entre pays ne dépendent pas seulement des écarts d’inflation attendue, mais aussi des changements anticipés dans le taux de change réel.
• Les modifications de taux d’intérêt qui suivent les chocs monétaires peuvent influencer la valeur de marché des titres et des actifs réels.
• En concurrence monopolistique, une augmentation permanente de l’offre de monnaie réduit le taux d’intérêt réel. Le taux d’intérêt nominal ne varie pas.
• En PtM, des effets de liquidité apparaissent suite à un choc monétaire. Les taux d’intérêt, nominal et réel, diminuent.
• L’intégration financière internationale est conditionnée par la mobilité des capitaux et la substitution des actifs.
• La coordination des politiques macroéconomiques procure des gains importants pour toutes les parties impliquées. Cependant, les effets tirés de la coordination sont limités lorsque la répercussion des variations de change sur les prix à l’exportation est faible.
• Les effets des chocs monétaires sur le taux d’intérêt étranger dépendent de la taille du pays expansionniste. Un choc dans une grande économie ouverte réduit le taux d’intérêt mondial et, ainsi, le taux d’intérêt étranger. La baisse du taux d’intérêt mondial accroît la demande et l’investissement internationaux. Kim (2001) montre, qu’en change flottant, le taux d’intérêt est le principal canal de transmission internationale des chocs monétaires, et non pas la balance courante comme c’est généralement le cas dans les modèles de type Mundell–Fleming.
• Ce résultat est modifié en cas de concurrence monopolistique. Le niveau des prix dans un pays (y compris le taux d’intérêt) dépend uniquement des chocs monétaires dans ce pays. Ainsi, le taux d’intérêt nominal ne varie pas suite à un choc d’offre de monnaie étranger. De même, le taux d’intérêt réel reste constant car l’expansion monétaire étrangère n’affecte pas l’inflation domestique.
• Suite à un choc monétaire en PtM, le taux d’intérêt réel étranger augmente légèrement, et le taux d’intérêt nominal étranger reste constant.
• Notre hypothèse selon laquelle les prix sont rigides à court terme et flexibles à long terme n’est pas tout à fait exacte. Beaucoup de produits sont échangés sur des marchés où les prix s’ajustent directement. Dans notre thèse, nous supposons qu’un choc monétaire provoque à long terme une augmentation proportionnelle de tous les prix (y compris le taux de change), mais qu’il n’a pas d’effet durable sur le revenu national, les prix relatifs et le taux d’intérêt. Cependant, les études empiriques montrent qu’une période relativement longue passe avant que le revenu ne s’ajuste à son niveau d’équilibre. De plus, certains économistes, comme Obstfeld et Rogoff (1995), défendent l’hypothèse selon laquelle la réaction du revenu réel à un choc monétaire est persistante.
• En PCP, un choc monétaire, qu’il soit temporaire ou permanent, provoque à court terme une expansion du revenu domestique et une dépréciation de la monnaie nationale. Les effets des chocs monétaires sur le revenu national sont plus importants dans les pays développés que dans les pays émergents. L’ampleur de la réaction de la demande agrégée à un choc monétaire dépend de l’élasticité des taux d’intérêt et du rôle des institutions financières.
• Les chocs monétaires et budgétaires temporaires accroissent la production et peuvent être utilisés pour contrecarrer les perturbations économiques momentanées.
• En concurrence monopolistique, les effets d’un choc monétaire dépendent de la nature du système de production. Si la capacité du régime est saturée, le choc n’exerce pas d’effet sur le revenu domestique. Si le régime de production est limité par une contrainte de liquidité, le choc accroît le revenu national proportionnellement à la hausse de l’offre de monnaie. Si le régime est en sous-consommation, le choc accroît le revenu national. Les effets des chocs peuvent durer au-delà du temps nécessaire à l’ajustement des rigidités nominales. Dans ce cas, le revenu national augmente, non seulement à court terme, mais aussi à long terme.
• Suite à un choc monétaire en PtM, la consommation domestique et le revenu national augmentent durablement. Lorsque (s > ½), les termes de l’échange s’améliorent car les prix des exportations exprimés en monnaie nationale augmentent plus que les prix à l’importation. Lorsque Nation et Etranger adoptent des comportements de pricing asymétriques, l’accroissement de la consommation nationale diminue quand (s1) augmente, et augmente quand (s2) augmente. En revanche, l’accroissement du revenu national diminue lorsque (s1) ou (s2) augmentent.
• Lorsqu’en concurrence monopolistique, le régime de production est dans un état de sous-consommation ou est limité par une contrainte de liquidité, et que le marché étranger est en sous-consommation, un choc monétaire national exerce un effet positif ou négatif sur la production étrangère, dépendamment du fait que les produits domestiques et étrangers soient complémentaires ou substituables. Dans les autres régimes de production, un choc monétaire dans Nation n’exerce pas d’effet sur le revenu étranger.
• En PtM, la consommation étrangère diminue légèrement ou reste constante suite à un choc monétaire dans Nation. Toutefois, l’intégration de l’asymétrie des comportements de fixation des prix dans l’étude de la transmission internationale des chocs monétaires modifie ces résultats. La consommation étrangère augmente alors, et le taux d’accroissement de cette consommation diminue quand (s1) augmente et augmente quand (s2) augmente.
• Contrairement aux résultats de Mundell–Fleming et d’Obstfeld et Rogoff (1995), le revenu étranger augmente durablement en PtM. Toutefois, en intégrant l’asymétrie des comportements de pricing dans l’étude des effets des chocs monétaires, le revenu étranger augmente ou diminue suite à un choc dans Nation (Otani, 2002). Dans ce cas, le taux de « décroissance » diminue lorsque (s1) augmente et le taux de « croissance » augmente lorsque (s2) augmente. Ce résultat est contredit par Schmidt (2004), qui montre que le revenu étranger augmente en PtM même si les entreprises adoptent un comportement de pricing asymétrique.
• Suite à un choc monétaire en PCP, la monnaie se déprécie et la balance courante s’améliore immédiatement. Cependant, dans la réalité, la balance courante ne s’ajuste que graduellement aux modifications du taux de change. Les études empiriques montrent que, suite à un choc monétaire, la balance courante se détériore immédiatement après la hausse du taux de change, et commence à s’améliorer quelques mois plus tard. La détérioration à court terme de la balance courante et l’amélioration à long terme de cette balance sont représentées sous la forme d’une courbe en forme de (J). Les deux principales explications de la détérioration de la balance courante en courte période sont le libellé contractuel et la hausse du revenu.
• En concurrence monopolistique, les consommateurs suivent un raisonnent inter-temporel et formulent leurs décisions d’achat à l’avance. Comme les prix sont rigides en courte période, la croissance temporaire du revenu après le choc accroît dans une moindre mesure la consommation et améliore la balance courante.
• En PtM, la balance courante réagit aux chocs monétaires de la même façon qu’en PCP. Cependant, l’augmentation du nombre de firmes PtM limite les effets du choc sur les échanges et affaiblit la courbe en (J). Lorsque les entreprises nationales et étrangères adoptent un comportement de pricing asymétrique, le surplus de la balance courante diminue au fur et à mesure que (s1) ou (s2) augmentent.
• Le pass-through incomplet est dû au PtM, mais aussi à l’élasticité de l’offre et de la demande, à l’inertie des actions du marché des biens (qui s’explique par l’hystérésis en prix, par les coûts irrécupérables et par l’importance des coûts promotionnels), à la majoration des marges bénéficiaires (résultant des pressions concurrentielles, des pressions de la demande, de l’interdépendance stratégique entre concurrents, et du PtM), à l’ajustement des coûts aux variations de change, et aux barrières institutionnelles (notamment les barrières non tarifaires et les stratégies des multinationales).
• Le pass-through exerce des effets politiques (en affectant les niveaux de comptes courants et le taux d’inflation) et microéconomiques (en influençant les décisions en matière de tarifs douaniers).
• Lorsque les prix sont « flexibles » et que les entreprises adoptent le PCP, la monnaie nationale se déprécie immédiatement. L’annonce d’une augmentation future permanente de l’offre de monnaie provoque à son tour une augmentation instantanée du taux de change. De même, en PtM, le taux de change augmente immédiatement pour atteindre son niveau d’équilibre de long terme. Lorsque les entreprises adoptent le PtM en prix flexibles, la monnaie est neutre.
• Lorsque les prix sont « rigides » et que les entreprises adoptent le PCP, la monnaie nationale se déprécie. Mais les points de vue divergent quant au mécanisme d’ajustement. Pour certains, le taux de change sur-réagit avant de s’ajuster à son niveau de long terme. Pour d’autres, le taux de change sur-réagit, mais la vitesse d’ajustement est remise en cause. Pour un autre groupe d’économistes, le taux de change ne sur-réagit pas et s’ajuste instantanément à sa valeur d’équilibre. Lorsque les entreprises adoptent le PtM, le taux de change nominal augmente, et la dépréciation nominale de la monnaie conduit à une dépréciation réelle.
• En portefeuille équilibré, le taux de change augmente. Si le total des actifs étrangers de long terme est supérieur au total des actifs étrangers de court terme, la balance courante enregistre un excédent. En revanche, si le total des actifs étrangers de long terme est inférieur au total des actifs étrangers de court terme, la balance courante enregistre un déficit. Si l’information est incomplète, le taux de change sur-réagit avant de s’ajuster à son niveau de long terme.
• En optimisation inter-temporelle, le choc monétaire conduit à une hausse immédiate du taux de change. Ce résultat tient aussi lorsque le choc est anticipé (à l’exception du cas où le revenu est égal aux encaisses réelles).
• La littérature attribue les fortes variations du taux de change nominal à la discrimination de prix et à la présence de biens non-échangeables. Les facteurs qui expliquent la volatilité du taux de change réel sont le PtM (qui limite la transmission des variations de change aux prix à l’exportation), les effets de surprise (notamment les chocs monétaires non-anticipés) et les déficiences de la rationalité. Les taux de change des pays émergents sont plus volatils que les taux de change des pays industrialisés.
• La persistance de la déviation du taux de change réel à la PPA est due à la rigidité des prix et au PtM. L’ajustement graduel des contrats n’est pas une cause principale de la persistance, mais la combinaison du PtM et de l’ajustement des contrats provoque une persistance importante qui va au-delà de la rigidité des prix fixés dans les contrats.