Section (III) : La transmission des chocs monétaires à l’économie libanaise

Introduction

Le mécanisme de transmission internationale des chocs monétaires américains au Liban n’est pas exploité dans la littérature. Cette tâche est d’autant plus complexe que le Liban est passé d’une situation très prospère avant la guerre de 1975 à une phase de reconstruction sujette à des interrogations après la guerre. Il faut ajouter à cela la perte de compétitivité de l’économie libanaise due à la destruction d’une grande partie de l’appareil productif entre 1975 et 1991, et à la dette publique qui ne cesse de s’accroître depuis 1994.

Entre les années 1950 et 1990, l’économie libanaise a connu des changements profonds. Elle est passée d’une économie purement libérale où le secteur privé est l’acteur principal dans la vie économique, à une économie toujours libérale, mais avec un secteur public « gonflé » et une corruption qui bat des records. Alors que, dans les années 1950–1960, la plupart des pays du monde adoptaient un régime de change fixe, l’économie libanaise adoptait un régime de change flottant. Ce n’est qu’à partir de 1993 que le Liban est passé à un régime de change fixe, choix justifié à notre avis par les évènements qu’a connus le pays. Les changements ont touché également les politiques économiques mises en place. Ainsi, la politique budgétaire, qui avant 1975 avait pour priorité d’équilibrer le budget (et même de réaliser des excédents budgétaires !), est devenue après 1994 une source d’inquiétude pour les acteurs économiques (car axée sur l’endettement et le déficit budgétaire). En revanche, la politique monétaire, peu maîtrisée avant 1975 (notamment durant la crise de liquidité en 1966), est devenue après 1994 le pilier de la croissance et le gardien du pouvoir d’achat et de la stabilité financière.

Dans cette partie, nous présentons l’économie libanaise avant 1975 (début de la guerre) et après 1991 (fin de la guerre). Nous étudions ensuite la transmission internationale de chacun des deux chocs monétaires américains étudiés dans la Section précédente (mai 1966 et janvier 2001) à l’économie libanaise.