1.2. La dollarisation de l’économie libanaise

Nous avons déjà précisé dans la Section précédente que l’économie libanaise est dollarisée. Cette caractéristique du Liban conditionne l’évolution des agrégats monétaires dans le pays et affecte considérablement la transmission des chocs monétaires internationaux à la sphère domestique. Elle conduit également à la rigidité des prix intérieurs et à l’adoption d’un comportement de PtM de la part des importateurs.

La dollarisation n’est pas propre au Liban. Dans beaucoup d’économies émergentes, les gouvernements empruntent en dollars ou autres devises étrangères, les agents détiennent des comptes bancaires libellés dans d’autres monnaies que leur monnaie nationale, les firmes et le secteur public empruntent à la fois aux niveaux national et international, etc. 391

Pour Mueller (1994), qui étudie le cas du Liban entre 1982 et 1993 d’un point de vue économétrique, la forte dollarisation est due à la dépréciation anticipée du taux de change et à l’écart de taux d’intérêt sur le dollar entre le Liban et les Etats-Unis.

Notes
391.

La définition de la dollarisation pose un certain nombre de questions. Jusqu’au début des années 1990, la caractéristique principale d’une économie dollarisée était la détention par les agents économiques domestiques de devises étrangères et d’actifs dénommés en monnaie étrangère dans leurs portefeuilles d’actifs. Après les crises financières en Asie dans les années 1990, les termes « dollarisation » et « économie dollarisée » ont commencé à être utilisés par certains économistes pour faire référence aux pays qui n’ont pas de monnaie nationale ou qui ont choisi de remplacer leur monnaie nationale par une autre monnaie étrangère plus stable (Calvo, 1999, 2000), (Edwards, 2001), (Salvatore, Dean et Willett, 2003). Durant la même période, une troisième catégorie de chercheurs ont étudié la question sous l’angle de la dollarisation des engagements. Ce courant s’est concentré sur le rôle des emprunts publics et privés en devises étrangères dans la vulnérabilité des économies émergentes aux chocs extérieurs. Reinhart, Rogoff et Savastano (2003) font la distinction entre les économies qui n’ont pas de monnaie nationale et les économies dollarisées « en partie ». Le Liban fait partie de cette dernière catégorie. Ainsi, une économie partiellement dollarisée est une économie où les ménages et les entreprises détiennent une partie de leurs portefeuilles en actifs étrangers et où les secteurs, public et privé, sont endettés en devises étrangères. Ces devises ne sont pas nécessairement des dollars et peuvent être n’importe quelle autre monnaie (à part la monnaie nationale). Cette définition exclut alors les pays totalement ou officiellement dollarisés. Dans cette thèse, lorsque nous parlons de dollarisation, nous faisons référence à la dollarisation partielle.