De la guerre à la dollarisation

La guerre du Liban a commencé en 1975. Malgré les grandes destructions de l’appareil productif, la livre libanaise a préservé sa valeur (autour de 3,5 livres pour un dollar) jusqu’en 1983, notamment grâce aux transferts de fonds de Libanais résidant à l’étranger et à la délocalisation rapide des secteurs industriels et commerciaux vers d’autres zones non touchées par le conflit.

Après le retrait israélien partiel en 1983 et les dégâts qu’il a causés, des affrontements entre l’armée libanaise d’une part, et les milices chiites et progressistes d’autres part, ont eu lieu à Beyrouth. D’autres affrontements entre les milices chrétiennes et druzes ont eu lieu dans la montagne libanaise. Le retour en force de l’armée syrienne sur la scène politique (bombardements de quartiers résidentiels, prises d’otages occidentaux, attaques contre la force de paix internationale faisant des centaines de morts français et américains, etc.), ainsi que les faibles recettes de l’Etat libanais, qui a perdu le contrôle des ports et était dans l’incapacité de lever des impôts, ont accru les pressions sur la livre, qui s’est dépréciée graduellement à des taux importants. A partir de ce moment, les ménages et les entreprises se sont « convertis » massivement au dollar américain en l’adoptant comme moyen d’échange.

La dollarisation au Liban s’accroît en période de crise. C’est le cas, par exemple, lors de la crise politique en 1995, avant les élections présidentielles en 1998, lors du renouvellement du mandat du Président Lahoud en novembre 2004, suite à l’assassinat du Président Hariri en février 2005, etc.